Histoire du regard occidental sur les Khoisan (XVe-XIXe siècle)
Dès leur rencontre avec les Européens, les habitants du Cap de Bonne-Espérance, à l'extrémité de l'Afrique, entrent en littérature. Visités par tous les navigateurs en route pour l'Orient, côtoyés par les résidents de la colonie, les Khoisan suscitent un intérêt démultiplié dont on rencontre l'écho dans les récits de voyage, les lettres de la Renaissance portugaise, les débats philosophiques sur l'origine des langues et des peuples, l'anthropologie des Lumières, ou encore la raciologie. Ainsi s'élabore, entre la fin du XVe et la fin du XIXe siècle, la figure du Hottentot. Une figure qui occupe une place centrale sur la scène de l'Ailleurs. Jouant les rôles, souvent paradoxaux, de l'homme premier ou liminal, de l'ignoble et du noble sauvage, le Hottentot a une histoire, qui l'éloigne des réalités africaines. Il devient un être sans chair, un sauvage de papier ô combien utile et manipulable. Du village néerlandais du Cap aux salons parisiens, des ateliers de gravure aux cabinets de dissection, des livres de bord à l'Encyclopédie, cet ouvrage retrace le destin d'un sauvage idéal.
Avec Retour d'Angola, l'équipe du MEN revient sur un épisode-clé de l'histoire de l'institution : la 2e Mission scientifique suisse en Angola (MSSA), qui fut menée par des chercheurs neuchâtelois de 1932 à 1933 et qui a fourni au Musée une part importante de ses collections africaines.En s'intéressant plus particulièrement à Théodore Delachaux (1879-1949), artiste, collectionneur, scientifique, membre de l'expédition et conservateur du Musée d'ethnographie de 1921 à 1945, ses "après-venants" questionnent aussi bien le propos de la Mission que les enjeux actuels liés à l'étude et à la conservation des matériaux récoltés. Du terrain aux réserves, entre objets "stars" et collections à peine déballées, s'esquissent tout à la fois les paradoxes inhérents aux pratiques ethnographique et muséale ainsi que les débats liés aux moyens nécessaires pour en assumer l'héritage. Un tel examen du passé requiert une approche critique, puisqu'il ne s'agit pas d'endosser naïvement les catégories de pensée en vigueur à l'époque, mais également une capacité de recul, puisqu'il ne s'agit pas non plus de juger les prédécesseurs à partir des postures intellectuelles contemporaines.Retour d'Angola offre à l'équipe du MEN l'occasion de faire découvrir un ensemble d'objets et de photographies unique au monde, dont la majeure partie n'a plus été montrée au public depuis les années 1940.Dépassant le catalogue d'exposition classique, l'ouvrage Retour d'Angola s'inscrit dans la lignée éditoriale ouverte avec Figures de l'artifice. Etroitement lié au déroulement narratif de l'exposition, il est construit selon la même articulation que les espaces d'exposition. Chaque chapitre comporte une documentation visuelle de l'exposition puis un catalogue des pièces exposées et enfin une ou plusieurs contributions développant ou discutant les thématiques abordées. Bien qu'il n'épuise pas l'étude et la compréhension de la 2e MSSA et de ses retombées, l'ouvrage est également l'occasion de présenter et d'exploiter des documents pour la plupart inédits.
Depuis 80 ans, le MEN abrite des collections recueillies lors des deux Missions scientifiques suisses en Angola (1928-1929 et 1932-1933), dont 55 masques qui comprennent presque tous les types existant chez les Cokwe, Ngangela et Nyemba. Parmi ceux-ci figure une majorité d'éphémères et fragiles constructions qui non seulement n'ont pas été détruites au terme des rituels, comme c'est souvent le cas, mais ont résisté aux aléas d'un transport périlleux et survécu à la malice des temps. Ocre rouge et kaolin soutachés de tissu et de bandelettes de papier contrastent encore franchement sur le noir de la résine couvrant un tissu d'écorce que tend un bâti de branchage.Non contents de décrire les pièces une à une, illustrées de photographies, dans des notices rassemblant toute la documentation possible, les auteurs se sont encore efforcés de retrouver et réunir dans un même corpus tous les spécimens de l'ensemble dispersés au cours du temps, permettant ainsi de juger de la diversité tant des réalisations traditionnelles des années 30 que des productions déjà destinées à une clientèle touristique. Si la collecte n'a pas enrichi Lisbonne, des spécimens en provenance des deux missions se trouvent dispersés à Bâle, à Genève, à Zurich, à Berne et jusqu'à Rotterdam.L'important texte qui précède le catalogue commence par évoquer les deux MSSA (Mission Scientifique Suisse en Angola), analysant en particulier d'un œil critique le récit de la deuxième mission, Pays et peuples. La difficile question n'est pas éludée du patrimoine africain expatrié sous l'étiquette d'œuvres d'art alimentant un marché spéculatif et de la position souvent ambiguë des pays d'origine confrontés à des priorités économiques inéluctables, tiraillés aussi entre le besoin à la fois de ne pas perdre leurs racines et la crainte de manquer la modernité.A l'exception de pièces réservées à des divertissements, les masques interviennent essentiellement dans le cadre de l'initiation, ces longues épreuves qui font accéder tant les garçons que les filles au statut de membre à part entière de leur communauté. Une analyse est ainsi faite de leurs rôles hautement symboliques avant que ne soit détaillée une typologie des 18 formes représentées dans les collections du MEN.
Ruptures et recompositions rurales en Afrique des Grands Lacs. (Alain Cazenave-Piarrot)Des tentatives de développement rural au Burkina Faso: "opération plaines mécanisées", petits barrages et périmètre rizicole de Boulbi.L'enclavement: un frein au développement économique et social de la Cuvette Ouest (R. du Congo). (Yolande Ofoueme-Berton)Consommation et commercialisation du Koko au Congo et leurs conséquences en milieu rural. (Yolande Ofoueme-Berton)Le monde rural congolais et ses problèmes de développement. (Bonaventure Maurice Mengho et Pierre Vennetier)Développement et évolution socio-économique des campagnes en Afrique tropicale au XXe siècle (Pierre Vennetier)
À l'extrême sud-ouest de Madagascar, la région côtière d'Androka est l'une des moins favorisées de l'île. Des récifs coralliens entravent son accès à la mer et la couverture d'un grand causse dans la zone rend très difficiles les relations avec l'arrière-pays. C'est à l'étude de l'évolution géomorphologique de cette région et à ses répercussions sur le milieu vivant qu'est consacré l'ouvrage.
Et si l'anthropologie et l'histoire pouvaient nous éclairer sur les politiques de santé actuelles ? Le principe d'analyse du passé pour mieux comprendre le présent s'adapte parfaitement à un pays à la situation aussi complexe que plurielle de l'Afrique du Sud. Afin de mieux cerner les enjeux contemporains de santé publique, l'ouvrage propose tout d'abord une synthèse historique du développement médical dans ce pays d'Afrique australe. Les cultures sud-africaines y ont connu de nombreuses mutations depuis l'arrivée des premiers colons jusqu'à l'élection de Nelson Mandela à la présidence. Une étude anthropologique des itinéraires thérapeutiques traditionnels, mais actuels, en milieu urbain illustre le processus dynamique dans lequel s'inscrivent le diagnostic médical et la cure, ainsi que la situation particulière des femmes africaines face à la gestion de la maladie. Ce travail met en avant les liens étroits qui existent entre le champ de la médecine et les autres aspects de la vie quotidienne, ainsi que l'interaction permanente d'une société industrielle et de sociétés traditionnelles réunies sur un même espace géographique, politique et économique.
Que reste-t-il de l'africanisme ? Née dans les années trente, la notion d'africanisme a été remplacée dans les années soixante par l'appellation plus neutre d'études africaines. Leur spécificité, encore nettement affirmée, impose pourtant une réflexion sur leurs réminiscences africanistes, explicites et implicites. Avant de faire le bilan des savoirs africanistes et de leur apport aux sciences sociales contemporaines, interrogeons-nous, avec cinq jeunes chercheurs du Centre d'Etudes Africaines (EHESS), sur les circonstances de la naissance du paradigme africaniste et sur la pluridisciplinarité qui fonde son autonomie.
Trois thèmes - la parenté, le sida et africanistes en miroir - se partagent les articles de ce numéro. Au sommaire : C. Rassool et L. Witz, "South Africa: a World in one Country. Moments in International Tourist Encounters with Wildlife, the Primitive and the Modern" ; M. Pavanello, "Parenté, catégories économiques et théorie du pouvoir. Le cas des Nzemadu Ghana" ; H. Legros, "Les discours de la parenté. Idéologie politique et manipulations lignagères chez les Yeke du Shaba (Zaïre)" ; A. Pondopoulo, "La construction de l'altérité ethnique peule dans l'œuvre de Faidherbe" ; O.J.M. Kalinga, "Resistance, Politics of Protest and Mass Nationalism in Colonial Malawi, 1950-1960. A Reconsideration" ; Q. Gausset et H.O. Mogensen, "Sida et pollutions sexuelles chez les Tonga de Zambie".
Numéro dont l'ambition est de faire apparaître quelques aspects qui pourraient caractériser la situation de l'écriture dans l'Afrique d'aujourd'hui. Il ne s'agit pas d'un bilan concernant l'histoire littéraire ou la thématique de cette production, mais plutôt d'une interrogation sur la signification d'un certain nombre de faits — parfois anciens — ou de pratiques que l'on peut observer depuis quelques années. Au sommaire : N. Martin-Granel et B. Mouralis, "Présentation" ; J. Bardolph, "Identité et frontières d'un domaine de recherche : l'exemple de la littérature d'Afrique anglophone" ; N. Martin-Granel, "Discours de la honte" ; R.-B. Fonkoua, "Édouard Glissant. Naissance d'une anthropologie antillaise au siècle de l'assimilation" ; B. Mouralis, "Les Esquisses sénégalaises de l'abbé Boilat, ou le nationalisme sans la négritude" ; J. Sévry, "Des frontières mouvantes : oralités et littératures en Afrique australe" ; M.R. Sanvée, "Aspects de la nouvelle nigérienne" ; X. Garnier, "Poétique de la rumeur : l'exemple de Tierno Monénembo" ; M. Kadima-Nzuji, "Introduction à l'étude du paratexte du ramon zaïrois" ; A. Bounfour, "Langue, identité et écriture dans la littérature francophone du Maghreb".