Spécialiste française de Philippe le Bel et du théâtre médiéval, Élisabeth Lalou a diversifié ses champs de recherches, au CNRS d'abord puis comme professeur à l'université de Rouen Normandie. La royauté capétienne à son apogée, le théâtre en ses débuts, les pratiques de l'écrit, celles des hommes et des femmes du Moyen Âge, autant de thèmes abordés par ses collègues, historiennes et historiens français et étrangers, et rassemblés en un livre hommage. Au fil des études, souvent fondées sur des documents inédits, sont dévoilées les destinées d'un évêque de Winchester et d'un maître des eaux et forêts, sont éclairées les œuvres de Joinville et de Marco Polo et publiés pour la première fois le testament d'un roi capétien, un mandement parodique basochien et un écrit de Claire d'Assise. De la Normandie à l'Orient, de Rouen à Venise et Tournai, c'est à ce voyage en compagnie d'Élisabeth Lalou que ce livre invite le lecteur.
Le pouvoir de l'historiographie dans le projet d'Alphonse X
Les collaborateurs d'Alphonse X ont envisagé le rôle de la culture dans le projet alphonsin comme un lien entre le pouvoir et le gouvernement, avec un dispositif de communication original fondé sur l'autorité royale et sur l'utilisation de la langue romane. Dans ce cadre, l'histoire aurait eu une virtualité particulière en tant que discours visant à établir une éthique civile et un espace de reconnaissance des acteurs politiques liés au roi, qui s'érige en créateur du récit historique, tant dans sa dimension particulière qu'universelle.Ce dossier rassemble les contributions de douze historiens et philologues qui explorent les différents aspects des interrelations entre pouvoir et histoire. Il analyse non seulement l'utilisation des sources et les motifs de la production historique du roi sage, mais élargit également la perspective temporelle pour inclure l'héritage du projet et la figure d'Alfonso X.
La base de données Fama (Fama Auctorum Medii Aevi), élaborée et pilotée conjointement par l'École nationale des chartes et par l'Institut de recherche et d'histoire des textes, propose d'aborder la production littéraire médiévale à travers le prisme des goûts et des besoins des lecteurs médiévaux, traduits en nombre de manuscrits subsistants. Ce nouvel angle d'étude suscite bien des étonnements, les auteurs influents – en tout cas ceux que nous considérons comme tels – n'étant pas toujours les plus représentés sur les rayons des bibliothèques actuelles. Ces distorsions entre le génie littéraire et le succès ainsi mesuré apportent des éclaircissements sur le contexte intellectuel et culturel d'une époque et sur ses évolutions au fil du temps. C'est ce qu'ont cherché à montrer les auteurs ici rassemblés, chacun s'appuyant sur son domaine d'expertise : quelles sont les fonctionnalités offertes par Fama ? Comment les améliorer ? Comment faire progresser à travers cet outil notre connaissance de la circulation des textes, des besoins culturels et des goûts intellectuels des lecteurs médiévaux ? Ce retour d'expérience constitue également un appel à la collaboration internationale afin de rendre cet outil plus performant à travers la publication des recherches en cours et de leurs résultats.
Actes du colloque international de la société Rencesvals (Clermont-Ferrand, 18-20 octobre 2017)
La parole épique commémore et réactualise dans un jeu subtil de temporalités enchevêtrées un événement perçu comme fondateur ou décisif par celui qui l'énonce comme par ceux qui la reçoivent, pour " célébrer avec solennité, dans un langage rituel, écrit Pierre Le Gentil, la liturgie de l'héroïsme chevaleresque ".L'empreinte du sacré se manifeste dans l'inspiration chrétienne qui anime les textes où la mort héroïque sur le champ de bataille se fait l'homologue de la Passion du Christ, comme les souffrances des grands de ce monde évoquent le martyre des saints, et elle se révèle encore dans les prières, les miracles, les rêves et apparitions qui scandent le parcours des poèmes.Les chansons de geste permettent aussi d'aborder la question de la relation entre violence guerrière et sacré, et d'analyser ce que René Girard appelle " la crise mimétique ". Elles offriraient même une solution pour résoudre les rivalités, eu égard à la place accordée au sacrifice rituel et au mécanisme victimaire, ainsi qu'aux liens qu'elles entretiennent avec le mythe.Le dixième colloque international de la Section française de la Société Rencesvals qui s'est tenu à Clermont-Ferrand du 18 au 20 octobre 2017 a exploré les facettes de cette vaste thématique que les études rassemblées dans ce volume invitent à découvrir.
Recueil d'études en hommage à Catherine Jacquemard
Née à Dinan, Catherine Jacquemard a fait ses études à Caen puis à Paris lorsqu'elle a intégré l'ENS de jeunes filles de Sèvres. Titulaire de l'agrégation de grammaire, elle a enseigné entre autres au lycée Lebrun de Coutances. Puis, après avoir soutenu sa thèse sous la direction de Pierre Flobert, elle a été nommée à l'université de Caen comme maître de conférences avant de devenir, dans la même université, professeur de langue et littérature latines. C'est à la littérature latine de l'Antiquité tardive et du Moyen Âge que Catherine Jacquemard a consacré l'essentiel de son travail de recherche, d'abord dans le domaine de l'histoire des sciences, puis dans celui de l'érudition et de la transmission des savoirs par le livre avec, notamment, la création de la Bibliothèque virtuelle du Mont Saint-Michel. Les contributions de ses étudiants et amis, réunies dans ce volume, portent sur trois grandes thématiques qui lui sont chères: la Normandie, notamment médiévale, la transmission des savoirs scientifiques et enfin la littérature antique, latine et grecque, dans tous ses aspects. Dans leur diversité, ces articles constituent autant d'hommages à l'insatiable curiosité intellectuelle de Catherine Jacquemard.
Des écrits de Bramante ne sont parvenus jusqu'à nous qu'un fragment de traité sur l'architecture, une brève missive et les vingt-cinq sonnets réunis ici, jamais traduits en français. Deux grandes thématiques se dégagent: la souffrance d'amour, traitée sur le mode pétrarquisant, et les demandes de soutien financier que le poète adresse à son mécène et ami, Gaspare Visconti.Ces sonnets illustrent la richesse et la finesse du style de Bramante, certainement plus accompli que celui de Léonard, et témoignent de son goût du burlesque. Un goût qui s'exprime par exemple dans les vers sur le thème, autobiographique et auto-ironique, des chausses en piètre état, emblème de la misère matérielle de l'artiste. Ils sont aussi un document précieux sur ce qu'on peut appeler la forma mentis, la " mentalité " d'un homme de la Renaissance.La traduction française s'efforce de rendre justice à la forme canonique de ces sonnets, en optant pour un vers régulier et rimé, et en proposant parfois des variantes métriques.Inédit en français, texte bilingue
Mélanges de langue, d'histoire et de littérature offerts à Jean-Charles Herbin
Professeur émérite à l'Université polytechnique Hauts-de-France (Valenciennes) en langue et littérature médiévales, Jean-Charles Herbin formé de nombreux disciples et est reconnu internationalement comme un très grand spécialiste du cycle épique des Lorrains, dont il a mis en lumière la constitution progressive et édité de nombreux textes, soit en vers (Hervis de Més, la Vengeance Fromondin, Yonnet, Anseïs de Gascogne) soit en prose (ms. Arsenal 3346). Il a par ailleurs découvert et publié de nombreux fragments de textes médiévaux, dont un passage des Enfances Charlemagne jusque-là inconnu et qui a servi de modèle aux adaptations allemandes.Ses collègues de Valenciennes, mais aussi de nombreuses universités françaises et étrangères, lui offrent ici un recueil de cinquante-cinq articles consacrés au Hainaut médiéval et à la littérature épique, de même qu'à la littérature moderne et contemporaine, à la linguistique et à l'anthropologie.
Étude de cycles iconographiques du Roman de la Rose de Guillaume de Lorris
Que nous disent les enluminures de manuscrits sur les textes littéraires du Moyen Âge ? Quelles lumières ces peintures peuvent-elle projeter sur le roman ou sur le poème médiéval ? Cet ouvrage, qui s'adresse à tous les lecteurs intéressés par le dialogue entre texte et image, propose une initiation à la lecture de l'un des poèmes courtois les plus célèbres et les plus richement illustrés du Moyen Âge : le Roman de la Rose, roman en vers commencé par Guillaume de Lorris dans la première moitié du xiiie siècle. L'étude, qui adopte une perspective diachronique, s'interroge sur la manière dont ce texte fondateur a pu être reçu, interprété, transmis par les peintres-enlumineurs du début du xiiie jusqu'à l'aube du xvie siècle. Quatre cycles iconographiques complets appartenant à quatre manuscrits d'époques différentes (conservés à la Bibliothèque nationale de France, à la British Library, à la Pierpont Morgan Library et accessibles en ligne) ont été retenus pour éclairer une démarche fondée sur l'observation et la description méthodiques des cycles d'illustrations. Le but de ce volume est de montrer comment l'examen des enluminures peut offrir des clefs d'interprétation du texte médiéval et de sensibiliser les lecteurs d'aujourd'hui à un art dont la finesse et la beauté ne cessent d'étonner.
Ce volume regroupe 16 études inédites sur divers aspects de la théorie de la traduction au Moyen Âge dans les aires hispanophone, francophone, catalane, latine et arabe. Les thèmes abordés comprennent l'actualisation médiévale des premières théories de la traduction (Jérôme, Augustin, Boèce); la traduction comme espace de création littéraire ou d'invention (dans la prose castillane ou française); la traduction de la mythologie et de la matière antique (chez Raoul de Presles et Alphonse X); le modus operandi des traducteurs vu par leurs socii (Gérard de Crémone) ou par eux-mêmes (auto-analyse de la pratique traductrice); les théories de la traduction chez les traducteurs arabes médiévaux; la traduction vue par les traducteurs " mineurs " catalans du 15e siècle; la traduction des textes religieux dans la Castille du 15e siècle; le contexte et les spécificités de la querelle entre Bruni et Cartagena au sujet de la traduction de l'Éthique à Nicomaque d'Aristote; la théorie et la pratique de la traduction chez Alfonso de Madrigal dit Le Tostado et le cas de la traduction de textes de prédication arabe dans des manuscrits aljamiados.
La traduction de vernaculaire en latin entre Moyen Âge et Renaissance
Parmi les différentes formes empruntées par la traduction en tant que processus de transfert des idées et des savoirs constitués dès le Moyen Âge, la traduction vers le latin des œuvres nées vernaculaires apparaît aux XVe et XVIe siècles en pleine mutation. L'étude de cette véritable technique intellectuelle, souvent associée à la pratique du commentaire, doit tenir compte de facteurs multiples : l'essor d'une littérature originale dans les langues vernaculaires tardo-médiévales ; l'apparition du livre imprimé qui modifie considérablement la diffusion des œuvres ; les bouleversements économiques, politiques et religieux, la Réforme et la Contre-Réforme ayant utilisé de manière très différente le latin, langue de l'Église et langue des savoirs occidentaux.Quand la traduction des textes latins vers les locuteurs nationaux est bien connue, que représente le phénomène qui fait passer du vernaculaire au latin ? Au Moyen Âge déjà, ce phénomène relève autant de la pure " translation " que de l'adaptation. À la Renaissance, l'étude de la traduction vers le latin se révèle d'une richesse inattendue : des modalités de la diffusion des savoirs, jusqu'alors méconnues, apparaissent et tous les champs de la connaissance sont touchés. Examiner ces traductions " en sens inverse " revient à renouveler la lecture que les historiens font de la culture des XVe et XVIe siècles, à restituer des évolutions progressives et, au-delà des prétendues ruptures souvent avancées par l'historiographie, à mettre en évidence des contiguïtés culturelles profondes entre la culture médiévale et celle des premiers temps modernes.
Dans cet essai inédit en français qui est devenu un classique sur la question du traduire, Folena fait dialoguer avec les grands théoriciens de notre temps nombre d'auteurs anciens (d'Aristote à Cicéron et Jérôme, de Marie de France à B. Latini, Boccace ou L. Bruni...), sans négliger les avancées théoriques de Dante. Comment se définissait l'exercice de la traduction médiévale et humaniste? Quels étaient ses critères? Que visait la transposition d'une langue à l'autre? Facteur crucial de la diffusion de la culture et de l'expérience religieuse et littéraire entre le XIIIe et le XVe siècle, la traduction s'affirme peu à peu, à travers les néologismes traducere ou tradurre, comme une pratique artistique autonome, affranchie de l'autorité des langues sources, ouverte aux échanges entre langues voisines – une nouvelle herméneutique.