De notre rapport contradictoire aux migrations forcées et aux personnes déplacées
On ne peut pas simplement supprimer les droits fondamentaux pour les uns et continuer à les appliquer pour les autres. Comme l'a si bien dit Maya Angelou, écrivaine américaine et icône du mouvement des droits civiques, ils sont comme l'air: soit tout le monde les a – soit personne ".La fuite est une contradiction: on veut rester, mais on doit partir. La fuite est traumatisante: on cherche la sécurité, mais on doit pour cela mettre sa vie en danger. Et la fuite (vers l'Europe) est paradoxale: il faut enfreindre le droit, à savoir franchir " illégalement " les frontières, pour obtenir le droit d'asile. Ce n'est que pour devoir à nouveau faire face, dans le pays d'accueil, à des exigences contradictoires et à des attributions d'intégration irréalisables.Judith Kohlenberger, spécialiste des migrations, livre une analyse détaillée de notre traitement des expulsions et des personnes déplacées, retrace les évolutions historiques et récentes – et pas seulement depuis la guerre en Ukraine – dans une perspective juridique, sociale et individuelle, et montre comment nous pouvons parvenir à une politique d'asile et d'intégration humaine si nous assumons notre responsabilité morale et si nous faisons confiance à la force de nos institutions, de notre État de droit et de notre société civile.
La crise dite migratoire n'est-elle pas, au fond, une crise de l'accueil?Fin 2015, le rétablissement des contrôles aux frontières entre la France et l'Italie amène un grand nombre de personnes en exil, principalement originaires d'Érythrée et du Soudan, à emprunter les sentiers de la vallée de la Roya pour entrer sur le territoire français. Au bord des routes montagneuses, des riverains croisent des exilés désorientés et épuisés. Spontanément, certains riverains décident de les accueillir chez eux. Toutefois, ces actes militants sont surveillés de près par les autorités dans un contexte où la vallée de la Roya est devenue un point névralgique de la lutte contre l'immigration.Partant de son expérience de bénévole au sein d'un campement improvisé, Hélène Mazin se livre à une enquête ethnographique approfondie témoignant d'enjeux infra-politiques de cohabitation autant que de problèmes publics de plus large ampleur. Partageant son journal de terrain, elle propose une réflexion sur les limites de la souveraineté étatique en matière de politique migratoire, mais aussi sur les ressorts inventifs d'une mobilisation citoyenne fondée sur un principe d'hospitalité.
Alors que l'on comptait 1,4 million d'étranger·ère·s en Suisse au début du siècle, leur nombre est passé désormais à 2,2 millions. Cette tendance s'accompagne d'une très forte modification de la structure socioprofessionnelle et familiale de la population étrangère. Le livre pointe les facteurs économiques et géopolitiques sous-jacents à ce changement et retrace l'évolution du cadre légal suisse au cours des deux dernières décennies. Au-delà des profondes transformations qui ont remodelé tant les régimes d'admission, que la politique d'intégration et celle de naturalisation, le paysage migratoire s'est modifié rapidement. Par conséquent, les caractéristiques sociodémographiques des immigré·e·s, les dynamiques familiales et les comportements relatifs à l'intégration et la naturalisation sont en transformation constante. En s'appuyant sur des sources statistiques originales, les auteur·e·s dressent ainsi un état des lieux de la migration de travail en Suisse et proposent un approfondissement sur les trois collectivités étrangères majoritaires, à savoir les Italien·nes, les Allemand·es et les Portugais·es. En se fondant sur ces résultats, les auteur·es esquissent les priorités pour la gestion des politiques migratoires dans le futur : le livre représente ainsi une référence importante pour le débat social et politique en cours en Suisse.
p.p1 {margin: 0.0px 0.0px 0.0px 0.0px; font: 10.0px Helvetica}p.p2 {margin: 0.0px 0.0px 0.0px 0.0px; font: 10.0px Helvetica; min-height: 12.0px}Depuis une vingtaine d'années, nombre de votations en Suisse, notamment sur la question migratoire, ont vu leurs débats s'axer non plus sur le contenu de l'objet soumis à la consultation populaire, mais sur sa mise en scène symbolique. Le succès de cette médiatisation de "l'Etranger", souvent dépeint comme une menace, cette nouvelle forme d'esthétique du péril migratoire met en lumière un changement de paradigme tant dans la manière dont les acteurs politiques choisissent de communiquer et défendre leurs opinions dans l'espace public que dans la façon dont les notions d'identité, d'altérité et d'appartenance sont constamment renégociées par ceux-ci.Au travers d'une centaine d'affiches, cet ouvrage aborde le parcours de la politisation de la question migratoire sous un angle innovant, mêlant Visual studies, Pictorial Turn, sociologie politique, histoire culturelle et étude des migrations.
Case studies based on Ethiopian Diaspora, on Somali, Eritrean and Syrian Businesses
Ethiopia lies in the Horn of Africa, surrounded by political tension and conflict. The most populated land in the region is home to millions of refugees and migrants while also exporting a large number of workers. Addis Ababa is the capital of this multi-ethnic, civil-war stricken country and has developed into a central migration hub for East Africa. How do these people manage to make a living and build an existence in a city that itself is plagued by high unemployment, overburdened infrastructure and a lack of assistance? What strategies do they follow to escape such sheer hardship and, if necessary, to organize an onward journey? As this study shows, the refugees' survival is made possible by economic innovation, entrepreneurial spirit and an impressive network which mobilizes resources and generates work opportunities. In addition to the support provided by the Diaspora, refugees and migrants themselves represent an underestimated, transformative potential for the city's development.
En février 2023, MarieMo embarque à bord de l'Ocean Viking, bateau humanitaire de l'association SOS Méditerranée Suisse, pour une mission de 25 jours. Lors de ce périple, elle a tenu un carnet de bord dans lequel elle a consigné par le dessin et l'écrit, le quotidien des équipes d'intervention de sauvetage en mer ainsi que la vie à bord du navire.À son retour, elle commence alors le travail de sa prochaine bande dessinée, dédiée aux thèmes de la migration, à travers la Méditerranée, en se basant sur tout le matériel récolté au cours de son périple.
Dans les débats publics en Europe, les migrations africaines, principalement abordées sous l'angle de flux à contrôler, occupent une visibilité sans commune mesure avec leur réalité statistique. Les politiques répressives menées depuis quarante ans, et leurs effets bien au-delà des limites territoriales des États, ont fait l'objet de nombreux travaux. Les dynamiques dans les sociétés d'émigration ont aussi été scrutées: un panorama des imaginaires, variables, des aspirations au départ, souvent contrariées, a été dressé. Les transformations des projets migratoires, qu'ils soient familiaux ou individuels, au prisme des dispositions légales adoptées à des milliers de kilomètres de là ont été finement observées.C'est dans ce champ dynamique des études migratoires, attentif aux manières dont une gouvernementalité globale des migrations s'immisce dans le quotidien de groupes et d'individus, que ce numéro se situe. Concernant l'orientation théorique, nous considérons les dynamiques de mobilité comme des objets importants dans un monde globalisé, mais aussi comme des entrées fortes pour comprendre les sociétés africaines dans leur épaisseur sociale et historique.Ce numéro met en avant une sociologie fine des différents acteurs des actions de prévention des migrations, faisant ressortir la complexité des positions des personnes engagées dans la lutte contre les migrations clandestines, mais également de celles ciblées par ses campagnes de sensibilisation. Ainsi, il permet une anthropologie de la globalisation à travers l'étude des points de circulation de ressources, de discours et de savoir-faire que constituent de telles actions.
Les mesures d'expulsion comme les lois sur l'immigration font de fréquents retours sur la scène politique et dans les médias. Pourtant, les principaux intéressés, à savoir les expulsés eux-mêmes, sont trop peu entendus dans le débat public.En retraçant l'histoire de l'Association malienne des expulsés et d'autres associations semblables au Togo, au Cameroun et en Sierra Leone, Clara Lecadet s'intéresse à l'humain derrière la mesure. Quelle est la réalité de l'après expulsion ? Tenant compte de la honte et des difficultés matérielles inhérentes à cette épreuve, l'autrice décrit les luttes menées par les expulsés pour se reconstruire en tant que sujets politiques et imposer une présence collective dans l'espace public. Émergent ainsi de ces personnes historiquement opprimées et longtemps invisibilisées des revendications, des positionnements politiques et des actions d'entraide inédites.Clara Lecadet montre également comment l'auto-organisation résiste au temps en s'inscrivant dans un réseau international d'associations et d'ONG..
Cet ouvrage interroge les trajectoires migratoires et professionnelles de femmes philippines souvent nommées les " Mercedes-Benz " des domestiques ou les " diamants du care ". Qui sont ces femmes? Pourquoi s'engagent-elles dans l'économie mondialisée du travail domestique? Quels sont leurs parcours migratoires et professionnels? Comment négocient-elles ces conditions de travail et de vie? Sur la base d'un travail ethnographique aux Philippines, cette enquête analyse les conditions qui mènent certaines femmes philippines à partir servir des familles en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient, en Europe ou encore en Amérique du Nord. L'originalité de cet ouvrage réside dans le fait d'appréhender de façon processuelle et plurielle ces carrières migratoires, tout en décrivant, du point de vue de ces femmes, comment mobilité sociale et spatiale s'imbriquent à l'échelle trans- nationale. Ce faisant, ce livre fait dialoguer la sociologie des migrations, la sociologie du travail et les études de genre.
L'année 2015 a marqué une césure en Europe. Les guerres en Syrie et en Irak ont entraîné une forte augmentation de l'immigration vers certains États européens – durant une courte période, l'Allemagne, à elle seule, a accueilli plus d'un million de demandeurs d'asile. Au-delà de l'accueil humanitaire immédiat, ces mouvements migratoires ont provoqué des débats virulents dans tous les États membres de l'Union européenne (UE), tout en contribuant à l'essor des populismes et à la montée des extrêmes. En même temps, ils ont entraîné des élans de solidarité inédits; dans de nombreux pays, la société civile s'est investie auprès des réfugiés pour leur garantir les moyens de vivre dignement, mais aussi d'accéder à l'éducation et à l'emploi.Le constat s'impose: plus que jamais, l'Europe doit apprendre à vivre avec l'immigration, qu'elle concerne des réfugiés fuyant des conflits, au Proche-Orient ou en Afrique, aujourd'hui dans le cadre de la guerre en Ukraine, ou des migrants cherchant à échapper à la misère ou à la famine. Face à un phénomène durable, l'Union doit (re)trouver un esprit de cohésion et élaborer une politique migratoire commune. Le défi est historique. Dans un tel contexte, cet ouvrage analyse la politique d'immigration et d'intégration de la France et de l'Allemagne, dans la mesure où ces deux pays sont au cœur de la construction européenne. Il étudie également les réactions à la crise migratoire dans d'autres États de l'UE et, pour finir, la coopération franco-allemande et européenne sur les enjeux migratoires.
Cet ouvrage interroge le poids et l'usage des données dans les manières de gouverner. La donnée, en ligne ou hors ligne, devient une ressource clé de la gouvernance et représente à ce titre un enjeu politique fort. Le travail sur les données a toujours existé, mais ce qui change c'est la massification de ces données – retranscrite par le terme big data –, rendue possible par le numérique. D'autant plus qu'on laisse de nombreuses traces en ligne sans forcément s'en apercevoir. De manière passive, nos données sont enregistrées. La donnée n'est plus uniquement utilisée pour quantifier la société et l'observer, comme cela était le cas avec les statistiques ou les sondages, mais aussi pour la conduire. Les algorithmes font parler les données et permettraient alors de " prédire " des comportements pour mieux les gouverner. Mais ce ne sont pas des dispositifs neutres et il s'agit alors de les étudier en contexte. C'est l'apport de cet ouvrage qui explore différents domaines d'activité pour saisir comment l'algorithme est mis en place par ses concepteurs et utilisé par des acteurs, pris dans des écosystèmes professionnels variés et des manières de faire habituelles qui résistent au changement de la " gouvernementabilité " algorithmique. Cette approche permet de " défétichiser " l'algorithme et d'éclairer autrement son fonctionnement au regard des croyances qui l'entourent, de ses usages au concret et des luttes de pouvoir extérieures à l'outil lui-même, mais ayant des effets sur ses applications. La force des sciences sociales est bel et bien leur portée critique, au sens où l'analyse empirique permet de déconstruire des savoirs immédiats, des prénotions, des fantasmes. Et du côté des big data, les mythes et croyances, renforcées par ceux qui les vendent, sont nombreux.
Parcours et expériences de familles déplacées et (dé)scolarisation de leurs enfants
Les déplacements forcés impliquent invariablement une mise en péril de l'éducation. En donnant la parole aux parents et aux enfants, cette étude se penche sur les situations inextricables – guerres, ré- pressions, crises humanitaires – les contraignant à l'exil. Elle retrace les parcours d'enfants marqués par la déscolarisation ou la scolarité chaotique dans les pays de provenance ou de transit. Elle révèle les défis que pose l'arrivée de cette population d'élèves particulièrement vulnérable pour le travail éducatif et social des établissements scolaires.En interrogeant les limitations du droit à l'éducation dans le cadre de la migration forcée et d'une politique d'asile restrictive, ce livre vient combler une lacune importante dans l'étude de la vulnérabilité éducative liée à l'exil. Il propose des pistes innovantes pour soutenir la scolarisation des enfants de requérants d'asile, en tirant parti de leurs propres ressources, souvent insoupçonnées.Margarita Sanchez-Mazas est professeure honoraire à l'Université de Genève, spécialiste de migra- tion et d'asile, notamment en contexte scolaire, et auteure de nombreux articles et ouvrages sur ces questions.Avec la collaboration de Geneviève Mottet et Nilima Changkakoti