Depuis le Moyen Âge, les représentations sociales véhiculées au sujet des Kurdes ont laissé un tableau schématique du monde kurde. Celui-ci était surtout marqué par les montagnes, le " monde tribal ", le nomadisme et les actes de déprédation des tribus kurdes. Force est cependant de reconnaître que si ces représentations sociales, relayées ensuite jusqu'au XXème siècle par des orientalistes, des voyageurs européens et des auteurs orientaux, puisaient dans un univers réel, elles n'étaient pas moins réductrices. Sur cette base, le numéro explore quelques pistes : nationalité et ruralité au Kurdistan ; construction de l'imaginaire kurde ; villes et campagnes kurdes dans l'histoire ; exode rural et formes de l'urbanisation ; transformations récentes des zones rurales.
Le réformisme musulman en Asie centrale. Du "premier renouveau" à la soviétisation, 1788-1937
L'ancienneté de ses origines est la première caractéristique du réformisme musulman en Asie centrale. La création de l'Assemblée spirituelle d'Orenbourg, en 1788, marqua la renaissance de la liberté de conscience des musulmans de Russie et de leur égalité en droits avec les sujets chrétiens de l'Empire, après deux siècles de politique discriminatoire. Dans les années 1880, s'esquissa un second renouveau — le "djadidisme" — dominé par des essais de modernisation de l'enseignement islamique, puis par la politisation des clivages apparus peu à peu sur cette question parmi les musulmans de l'Empire russe. Cette période se clôt avec la répression de ces derniers protagonistes, lors des grandes purges de 1937. C'est ce second renouveau qui a été réhabilité en URSS pendant la perestrojka, avant d'être aujourd'hui réinvesti par différents acteurs politiques.