Un jeune noble allemand complète sa formation par un voyage en Italie où l'attendent des aventures galantes avec de grandes dames effrontées et des femmes du peuple délurées. Revenu en Allemagne, ce "chevalier de Vénus" se marie plusieurs fois et subit deuils et revers de fortune qu'il attribue à ses péchés de jeunesse. Des épisodes secondaires, avec de multiples personnages appartenant à la société de Cour et aux milieux populaires, constituent autant d'intermèdes qui se greffent sur la trame principale.Érotisme allusif, critique sociale pré-révolutionnaire et moralisme édifiant s'entremêlent dans ce roman d'aventures mouvementées au rythme rapide, bon exemple de la littérature libertine du XVIIIe siècle.La première traduction française d'une œuvre très connue en Allemagne et toujours rééditée depuis trois siècles.
Peut‑on vraiment ressusciter Les Incas ? Et comment les arracher au cimetière des œuvres mortes où ils gisent ensevelis depuis un siècle ? Comment les proposer au lecteur moderne ? Conçu dans le sillage de la première édition critique du roman publiée en 2016, le présent volume se propose de répondre à ces questions tout en apportant un regard nouveau sur l'écriture et la pensée de Jean-François Marmontel (1723‑1799). Un tel projet se fonde sur deux constats majeurs : celui, d'une part, de la timide redécouverte d'un auteur et d'une œuvre qui n'ont pas encore trouvé leur écho dans les études sur le XVIIIe siècle ; et celui, d'autre part, qui renvoie à la complexité des Incas, dont la richesse des enjeux stylistiques et philosophiques est loin d'être épuisée. C'est cette perspective, liée à la forme et aux fonctions du roman marmontélien, qui est placée au centre de ce volume.
Diderot et les simulacres humains. Mannequins, pantins, automates et autres figures
L'ouvrage interroge à la fois le concept de " simulacre " et son usage au 18e siècle, particulièrement mais non uniquement, chez Diderot. En effet, le mot, rendu péjoratif par la critique de l'idolâtrie (conçue comme l'adoration des simulacres) au tournant des 17e et 18e siècles, avec des auteurs comme Bayle ou Fontenelle, subit une revalorisation et une re-sémantisation au cours du 18e siècle: le simulacre n'est plus alors une idole trompeuse mais bien une image, une forme, d'un type particulier qui vaut par sa présence et non parce qu'elle représente. C'est en ce sens que Diderot le théorise dans son court texte Mystification et c'est dans cette perspective, celle d'une figuration sensible et d'une expérience de pensée, que les différentes contributions de ce volume explorent et questionnent l'éventail extraordinaire de simulacres ayant figure humaine présent dans l'œuvre diderotienne: des mannequins, des pantins, des automates, des marionnettes, des statues, des fantômes... et peut-être même des thermomètres.
La Double Inconstance, La Fausse Suivante et La Dispute de Marivaux
Loin de reproduire de pièce en pièce, comme cela lui a souvent été reproché, une éternelle surprise de l'amour, Marivaux a bâti une œuvre théâtrale protéiforme aux multiples contours. Tout regroupement inédit à l'intérieur du corpus théâtral fait apparaître de nouvelles lignes de force, de nouveaux liens avec les textes narratifs, qui mettent à mal le cliché de l'uniformité et de la répétition.Lorsque dialoguent La Double Inconstance, La Fausse suivante et La Dispute, la dramaturgie de l'inconstance se substitue à la " machine matrimoniale ", donnant l'image d'un théâtre dans lequel relations humaines et sociales se tendent et se durcissent. Cette dramaturgie se nourrit de manipulation et de mensonge qui menacent la comédie et le comique, questionnent l'identité jusqu'au trouble, transforment les amours idéales en guerre des sexes ou en conquêtes financières.
Le nom du marquis de Sade a été longtemps associé au seul scandale. Aujourd'hui il est un auteur incontournable. Ses textes sont étudiés à l'université et diffusés abondamment dans le grand public en d'innombrables formats de poche. Sa vie est l'objet d'une filmographie remarquable. L'année 2014 a marqué le bicentenaire de la mort de cet auteur qualifié à la fois de " divin " et d'" irréductible ". Nombreux ont été les colloques, les expositions (à Paris, au musée d'Orsay, et à Genève, à la Fondation Martin-Bodmer), les publications spéciales qui ont voulu marquer les deux cents ans de la disparition de Sade.Ce volume se situe dans le prolongement de ces manifestations. Les articles qui forment ce volume sont le résultat de la seule conférence internationale qui ait eu lieu en Amérique du Nord. Au centre des prairies canadiennes, à Winnipeg et à Saint-Boniface, trois générations de chercheurs et de chercheuses du monde entier ont tâché de comprendre le phénomène culturel que représente Sade qui, en l'espace de deux cents ans, est passé de la distribution sous le manteau à la consécration littéraire ultime.
Une histoire du Havre écrite par une toute jeune femme en 1778, voilà qui n'est pas banal. Et elle ne se contente pas d'en écrire l'histoire, elle en brosse un tableau très détaillé quartier par quartier, rue par rue. Rien ne lui échappe, tout passe minutieusement sous son regard aigu et son esprit acéré: les hommes et femmes qui ont fait la ville, les édifices publics, les fortifications, les installations portuaires, les institutions civiles, religieuses et militaires, et même jusqu'à la faune et la flore marines. Et ce " coup d'œil sur Le Havre ", Marie Le Masson Le Golft veut dès 1779 le publier, le partager avec ses concitoyens havrais et surtout en transmettre le savoir et l'esprit aux jeunes générations. Pour ce faire, elle va choisir la forme littéraire d'un dialogue entre elle-même et un collégien, un échange à bâtons rompus structuré en 9 entretiens thématiques fondés sur une galerie de 55 dessins de sa propre main. Joindre l'image à la parole pour faire passer efficacement un message complexe, voilà qui n'est pas non plus banal au XVIIIe siècle. 238 ans plus tard, voici son Coup d'œil enfin livré au public.
Au cours du XVIIIe siècle, la promenade devient une pratique habituelle, d'abord comme passe-temps social, ensuite comme activité solitaire et rêveuse. Les écrivains s'approprient alors cette pratique, et les pensées ou rêveries qu'elle suscite, pour les raconter ou les décrire. La réflexion collective dont ce volume se fait l'écho est partie de l'intuition que cette nouvelle habitude de déplacement dans l'espace – déplacement sans but, gratuit, et à pied – a influencé d'un même mouvement les modes de pensée et les modes d'écriture. On s'intéresse ici à la diffusion concrète du modèle pérégrin proposé par Rousseau dans des textes oubliés par la généalogie de l'essai: si ceux-ci n'ont pas laissé de véritables traces dans l'imaginaire du genre, ils n'en ont pas moins contribué à créer et à répandre des pratiques d'écriture et des postures d'écrivain, qui ont sans aucun doute joué un rôle fondamental dans la constitution progressive d'une écriture essayiste, avant l'institution du genre.
Prestige et déclin d'une théocratie. textes choisis 1620-1750
Longue est l'ombre portée de l'aventure puritaine qu'inaugurèrent en 1620 les Pèlerins de la Mayflower et les quelques centaines de dissidents venus d'Angleterre lors de la Grande Migration de 1630, afin de poursuivre la Réforme protestante inachevée dans la Vieille Europe et de planter sur les rives américaines les fondations d'une Nouvelle Jérusalem. Si cette entreprise nous est parvenue avec son cortège de mythes et légendes, ou à travers les strates historiographiques qui ont exposé son prestige ou les causes de son déclin, le vaste corpus d'écrits qu'elle a engendré nous reste quelque peu étranger. Orthodoxes ou hérétiques, théologiens ou poètes, visionnaires ou pragmatiques, les puritains d'Amérique furent nombreux à tenter de donner un sens, par l'écriture, à l'exil et à la colonisation. En traduisant les textes présentés ici, nous avons moins cherché à rendre leurs auteurs familiers qu'à offrir au lecteur l'occasion de percevoir la singularité de leur expérience.
Longtemps l'œuvre de Bernardin de Saint-Pierre a été considérée d'un point de vue strictement esthétique et limitée presque exclusivement à Paul et Virginie, le grand succès du Havrais. Ce volume fait le pari d'explorer tous ses écrits dans leur complexité culturelle, qui doit autant à l'éducation littéraire de Bernardin qu'à l'humanisme pragmatique des ingénieurs des Ponts et Chaussées qui l'ont formé et dont il hérite. De la réflexion sur l'environnement ou le paysage à certains positionnements éthiques liés au concept de biosphère en passant par le rôle matriciel de la littérature dans l'expression de l'expérience humaine, rien de ce qui retient la culture de l'extrême fin du xviiie siècle et du début du xixe siècle n'est étranger à cette œuvre si diverse. À partir d'approches plurielles (histoire de la littérature, histoire des sciences, anthropologie culturelle, sémiologie du cinéma, etc.), on propose ici une traversée des idées économiques, politiques et sociales de Bernardin de Saint-Pierre, replacées dans les réseaux dans lesquels son œuvre s'est tissée et des retombées littéraires et artistiques, inépuisables, de ses textes.
Le Barbier de Séville, Le Mariage de Figaro et La Mère coupable
Avec Le Barbier de Séville, Le Mariage de Figaro et La Mère coupable, Beaumarchais offre au public une véritable saga familiale en imaginant à plusieurs moments cruciaux la destinée des Almaviva. Mais si le comte Almaviva donne le ton à la maisonnée par ses sautes d'humeur amoureuses, le valet Figaro ne s'en laisse pas compter, au point de tenir tête au maître, voire à se jouer complètement de lui, avec l'aide de l'intrigante Suzanne. La solidarité de Figaro et d'Almaviva joue, certes, à plein dans Le Barbier de Séville, mais elle est mise à l'épreuve dans Le Mariage de Figaro, avant d'en sortir renforcée à l'issue de La Mère coupable. Le volume Lectures de Beaumarchais a pour ambition d'offrir aux candidats aux concours, en particulier à l'Agrégation, des clés essentiels pour comprendre ce classique du théâtre du XVIIIe siècle par un croisement des approches (dramaturgique, stylistique, historique, etc.), mais il vise aussi à faire un état présent des connaissances sur Beaumarchais et, surtout, à dessiner de nouvelles perspectives d'étude. Par la variété des travaux réunis dans le volume Lectures de Beaumarchais, le lecteur est invité à porter un regard neuf sur une trilogie tout sauf " classique ".
Traditionnellement considéré comme un chef-d'œuvre comique et un modèle de l'esprit français, le théâtre de Beaumarchais prétend aussi, plus profondément, éclairer l'homme et explorer ce que La Mère coupable appelle " le secret de l'âme ". Cette ambition anthropologique, au cœur de la présente étude, nuance la prétendue légèreté de ce corpus: fondée sur le principe de la trilogie, qui privilégie la maturation des personnages et l'entrelacs des registres dramatiques, elle puise dans le mélange des émotions l'art de mettre à nu le mécanisme des passions et la loi du désir. Beaumarchais renoue dès lors avec les grandes tragédies du monde antique: bâtardise, parricides symboliques, inceste, filiations, aucune des grandes étapes de l'aventure humaine n'échappe à son théâtre abrasif. Figaro, apothicaire mélancolique transformé, par le secret de sa naissance, en spécialiste des humeurs et de la catharsis, y marche sur les pas d'Œdipe et affronte à nouveau l'énigme du Sphinx: qu'est-ce que l'homme? L'identité est-elle réductible au visible et au dicible, au masculin et au féminin? La découverte de soi n'implique-t-elle pas de consentir à l'existence de forces immaîtrisées qui agissent indépendamment de la conscience et révèlent, au cœur de la trilogie, la fascinante puissance du rêve et de la folie?
Pour mieux comprendre cet avènement de la conceptualisation des risques, cet ouvrage propose d'inclure la problématique des catastrophes volcaniques au sein d'un questionnement historique et anthropologique dans le cadre élargi de la culture européenne du XVIe au XVIIIe siècle, et dans une perspective pluridisciplinaire.Des bonbons empoisonnés aux risques de l'écriture en passant par les cataclysmes, cet ouvrage aborde seulement quelques cas représentatifs de cette nouvelle rationalité du risque qui s'impose dans des domaines hétérogènes à partir de la Renaissance.Ces différentes études confirment le lien étroit entre la perception des risques et l'histoire sociale et politique, corroborant la nécessité d'une compréhension anthropologique de ces mutations mentales, entre réalité et imaginaire.