Les sociologues classiques français n'ont jamais ignoré les questions relatives aux jeux, aux sports et à l'éducation physique.Au cours des années 1890-1914, un clivage assez net se précise. Des sociologues appartenant à l'Institut international de Sociologie fondé par René Worms proposent des analyses qui méritent l'attention. Les sociologues liés à Durkheim et à la publication de L'Année sociologique examinent la place des jeux, de type rituel pour l'essentiel, et des techniques du corps telles qu'elles sont traitées par les anthropologues. Pendant les années 1920-1930, l'enracinement de diverses approches dans une conception philosophique du " jeu ", visiblement inspirée par une lecture quelque peu réductrice du criticisme kantien, a pour effet de contraindre certaines approches alors que très tôt le " sociologue " Jean-Marie Guyau et un peu plus tard Ch. Lalo avaient ébauché des méthodes pour étudier les jeux et les sports. Toutefois, des universitaires proposent une analyse des jeux récréatifs, des sports et des loisirs qui s'accorde mieux avec le changement culturel observable durant l'entre-deux-guerres. Tout en assumant l'héritage durkheimien, Maurice Halbwachs ouvre des perspectives novatrices. À la même époque, Richard, Duprat, mais aussi René Maunier, René Hubert et Henri Gouhier, voire même Émile Lasbax ou Oscar Auriac abordent les pratiques physiques et sportives sous l'angle de la science sociale. Toutes ces publications méritaient d'être tirées de l'oubli.
Sergueï Leonidovitch Rubinstein (1889-1960) est, avec Vygotski et Leontiev, un des trois grands théoriciens russes de l'activité. À la différence de ses compatriotes, il est pratiquement inconnu en Occident, faute de traduction de ses écrits en français ou en anglais. Son œuvre est pourtant au fondement de la théorie de l'activité et constitue une des sources principales des disciplines de l'action : ergonomie, interface homme-machine, éducation, formation, etc. L'influence croissante de sa pensée dans les milieux scientifiques Russes tient à son approche systémique des connaissances sur l'homme et le champ social. Rubinstein a ainsi développé une conception originale de l'homme, de son activité et de son psychisme en revisitant les thèmes centraux de la psychologie : notamment les concepts d'être, d'homme, de sujet et d'objet, d'activité, de personnalité. Parmi les scientifiques soviétiques, il est le seul à avoir mené de front une recherche de très haut niveau à la fois en psychologie et en philosophie. Fruit d'une collaboration de longue haleine entre psychologues français et russes, le présent ouvrage permet enfin au lecteur francophone d'accéder aux textes majeurs de Rubinstein, dans une traduction rigoureuse qui parvient à rendre compte du travail théorique et conceptuel de l'auteur et de son évolution sur une trentaine d'années. Plusieurs articles introductifs expliquent en outre la genèse de ces textes et le contexte scientifique de la Russie contemporaine.
Comment accroître l'efficacité de l'action tout en contribuant à l'épanouissement et à la liberté des hommes ? Dans son Traité du travail efficace le logicien et philosophe Tadeusz Kotarbinski tente de répondre à cette question qui n'a rien perdu de son actualité. L'ouvrage fondateur de la praxéologie est aujourd'hui à portée du lecteur de langue française.
En quoi les objets méritent-ils la sollicitude dont ils bénéficient aujourd'hui de la part des sciences sociales ou cognitives? L'analyse psychologique et l'analyse sociale ont été, longtemps, peu disposées à leur concéder les titres qu'elles conféraient à des entités plus distinguées (les personnes, les systèmes symboliques, les structures sociales, la culture, l'esprit…). Elles les ont traités sous les catégories de la symbolisation, de la contrainte naturelle ou de l'instrumentalité, sous-estimant, de la sorte, leur potentiel cognitif et pratique. Ces dernières années, la situation s'est bien modifiée.