Ce numéro propose en dossier principal deux articles sur les mondes océaniens. Adrian Muckle et Benoît Trépied s'y intéressent à une micro-histoire familiale de métissage en Nouvelle-Calédonie, aux silences des généalogies et à la colonisation. Lauren Benton et Adam Clulow rouvrent quant à eux le dossier de Pitcairn et réfléchissent au statut juridique de l'îlot rendu notamment célèbre par la mutinerie du Bounty.Une série de comptes rendus sur le Pacifique et l'Océanie étaye ce dossier et permet de rendre compte de l'actualité des débats en histoire et en sciences sociales, au carrefour de l'histoire, de l'ethnologie et de l'anthropologie.Le numéro se poursuit avec une note critique de Masha Cerovic sur trois ouvrages majeurs qui interrogent des frictions impériales russes et ottomanes au XIXe siècle.Dans un article à plusieurs mains, Corinne Bonnet, Julie Bernini, Thomas Galoppin, Sylvain Lebreton, Alaya Palamidis, Giuseppina Marano et Enrique Nieto Izquierdo analysent les façons de compter les épithètes et les noms divins des mondes grecs et sémitiques pour mieux comprendre et qualifier les polythéismes antiques.Enfin, un forum est consacré au livre de Maurizio Isabella sur l'histoire de l'Europe méridionale à l'ère des révolutions du début du XIXe siècle, un ouvrage qui propose de repenser en profondeur la géographie et l'histoire politiques de cette période.
Ce numéro des Annales propose un dossier consacré à la question des relations entre guerre, empire et économie politique. À partir de l'exemple suédois au début XVIIIe siècle, un premier article questionne la relation entre politique militaire, crédit public et résorption des inégalités socio-économiques. Examinant des sources inédites d'une grande précision, cet article offre une réflexion passionnante sur les luttes sociales et politiques qui accompagnent les réformes fiscales suédoises durant les premières décennies du XVIIIe siècle. L'article est complété par une série de comptes rendus sur une série d'ouvrages importants qui se sont intéressés à l'émergence de l'État militaro-fiscal et aux économies politiques de l'époque moderne. Dans le même dossier, un " forum " discute le livre de Denis Cogneau, Un empire bon marché: plusieurs auteurs analysent ainsi les liens entre colonisation et fiscalité, impérialisme et économie. Une note critique conclut enfin le numéro avec l'examen d'une controverse portant sur l'authenticité du fameux Suaire de Turin, objet de culte important pour saisir l'histoire du christianisme médiéval, moderne et contemporain.
Le dernier numéro des Annales de l'année 2023 est divisé en deux blocs. Un premier dossier est consacré aux nouvelles approches en sciences sociales. Renouvellement d'ordre méthodologique, tout d'abord: prenant pour objet l'épuration du monde du spectacle à la Libération de la France, un premier article revient de façon critique sur l'utilisation des statistiques en histoire et plaide pour la mise en œuvre de méthodes mathématiques plus sophistiquées et réflexives. Un second article propose, quant à lui, un renouvellement d'ordre généalogique: une plongée dans les archives inédites de Pierre Bourdieu et, notamment, dans ses échanges épistolaires avec l'historien d'art Erwin Panofsky est l'occasion d'apporter un éclairage nouveau sur la genèse d'un concept clef du sociologue, l'habitus. Le second dossier porte sur les liens entre captivité et esclavage: une étude écrite à deux mains s'arrête sur les liens entre esclavage et appartenance urbaine à Carthagène aux XVIIe et XVIIIe siècles. S'y ajoute une note critique sur les écritures prisonnières – ce que nous disent, matériellement et symboliquement, les milliers de graffitis retrouvés dans les prisons de Palerme. Le numéro s'achève par un ensemble de comptes rendus consacré à l'historiographie de l'esclavage et des questions de race.
Le deuxième numéro des Annales de l'année 2023 aborde, sous la forme d'un numéro spécial, l'histoire de la mer et de la pêche aux époques moderne et contemporaine, analysant ses effets politiques, sociaux, économiques, administratifs, voire cartographiques.Comment, au XVIe siècle, les pêcheurs de la façade atlantique européenne ont-ils contribué à créer un nouvel espace géographique – les " Terres neuves " – de l'autre côté de l'Atlantique? Comment, en France, la police des pêches a-t-elle fait émerger, aux XVIIIe et XIXe siècles, un nouveau mode de gouvernement des ressources de la mer reposant sur des savoirs hybrides, issus de la confrontation sur le terrain entre ceux qui exploitent la mer et ceux qui la gouvernent? Comment, au Japon, l'essor de la pêche au thon s'est-il articulé, au cours du XXe siècle, à une conception de la souveraineté transocéanique et impériale? Un dernier article porte sur une source exceptionnelle – près de 80 lettres envoyées à l'équipage d'un bateau français capturé au milieu du XVIIIe siècle: s'y dévoilent les dynamiques sociales qui formalisent l'expression des émotions dans un cadre épistolaire tout à fait singulier.Le numéro s'achève par un ensemble de comptes rendus consacrés à l'histoire des mondes de la pêche sur la longue durée.
Le troisième numéro des Annales de l'année 2023 est consacré à l'histoire des savoirs dans la longue durée et dans différentes aires culturelles. Un premier dossier montre les renouvellements historiographiques apportés par certains " trésors d'archives " exploités aujourd'hui à grande échelle et qui mettent en lumière des savoirs pratiques jusqu'alors méconnus: une étude s'intéresse aux savoirs géographiques locaux développés dans la Chine ancienne et médiévale grâce à l'exceptionnelle découverte à Dunhuang, il y a désormais plus d'un siècle, de plusieurs milliers de manuscrits. Une note critique se penche sur les savoirs d'État mis en œuvre par le califat fatimide (XIe-XIIe siècle) à partir des centaines de milliers de documents entreposés dans la Guéniza du Caire – un immense dépôt d'archives juives sacrées mis au jour à la fin du XIXe siècle.Un second dossier s'intéresse à l'articulation entre savoirs scientifiques et ruptures historiques. Il s'ouvre par un article qui analyse les savoirs médicaux produits, en Occident et dans le monde arabe, à l'épreuve de la grande peste des XIVe-XVe siècles. L'étude qui suit éclaire les ressorts de la " révolution scientifique " à l'époque moderne, en s'attachant non aux savoirs positifs qui y furent produits, mais aux discours des hommes de lettres qui en firent une rupture décisive.Le numéro s'achève par un ensemble de comptes rendus consacré, pour partie, à l'histoire des savoirs.
L'année 2023 s'ouvre, pour les Annales, par un numéro spécial consacré aux liens entre religions et aires culturelles.Une première étude s'intéresse au fonctionnement de l'Inquisition espagnole envisagée sur la longue durée (fin XVe-début XIXe siècle) et dans sa dimension globale: loin de chercher à appliquer une grille judiciaire unique, l'institution souhaitait faire émerger une vérité pénitentielle, au plus près des terrains et des personnes mises en cause.Une deuxième enquête nous mène vers le Tamil Nadu, au sud de l'Inde, au cœur d'un site dévotionnel commémorant le martyre d'un jésuite portugais, João de Brito, à la fin du XVIIe siècle. Grâce à une documentation plurilingue, l'autrice montre comment la Compagnie de Jésus et les catholiques indiens, à Rome et sur place, se sont approprié la mémoire du saint. C'est vers l'Amérique espagnole que le troisième article nous conduit: à partir d'enquêtes ethnographiques effectuées dans la Sierra centrale péruvienne, l'étude éclaire la portée politique, sociale et religieuse d'une grande fête commémorant l'arrivée des conquistadors en pays inca en s'interrogeant sur les temporalités emboîtées du rituel.Une dernière enquête prend appui sur l'observation, entre 2011 et 2017, de deux lieux de culte protestants à Tianjin, ville située au sud-est de Pékin: reflétant l'essor du protestantisme en Chine, l'étude permet de montrer comment, dans un cadre politique contraint, le passé biblique sert, pour les fidèles, à penser leur expérience religieuse présente.Le numéro est assorti d'un ensemble de comptes rendus portant sur l'histoire religieuse.
Le dernier numéro de l'année 2022 est, pour une large part, consacré aux renouveaux de l'histoire politique sur la longue durée. L'on commence en Grèce antique: un article explore la manière dont, au cours de l'époque hellénistique, la définition du champ politique s'est transformée, permettant l'émergence progressive d'une sphère sociale autonome – et pensée comme telle – entre privé et public. Ce sont aussi les frontières mouvantes de la politique qui sont questionnées dans une note critique dédiée aux émotions dans l'historiographie récente de la Terreur. La Révolution est encore à l'horizon des débats autour de l'indemnité des parlementaires français au XXe siècle – manière d'interroger les (dys)fonctionnements de la démocratie représentative.Après une étude sur la justice et le crédit dans l'Italie médiévale, le numéro s'achève par un ensemble de comptes rendus consacrés aux violences politiques et guerrières, de l'Antiquité à l'âge des Révolutions..
Les biens communs dans la longue durée / Les savoirs modernes en perspective
Ce numéro s'ouvre sur une étude comparée des biens communs dans deux grandes régions de l'Europe méridionale à l'époque médiévale – l'une en Italie du Nord, l'autre dans la péninsule Ibérique. Cette approche de longue durée montre combien ces pratiques collectives ont contribué à créer et à pérenniser des identités collectives fortes, plutôt rurales en Espagne, plutôt urbaines en Italie. Le dossier central est consacré aux savoirs produits à l'époque moderne en Europe et hors d'Europe. Un article montre le rôle joué par le collège jésuite de Goa dans la production de connaissances sur le monde éthiopien aux XVIe et XVIIe siècles : élaborés en Inde, ces savoirs érudits circulent dans tout l'empire portugais, sans nécessairement passer par le vieux continent. Une note critique revient ensuite sur l'affaire retentissante d'un faux livre ancien, attribué à Galilée. C'est l'occasion de réfléchir à la fois aux formes de l'expertise et au fonctionnement économique du marché du livre. Enfin, un dernier article s'intéresse au livre de Mbougar Sarr, couronné par le dernier prix Goncourt, en montrant comment l'ouvrage joue avec la réception racialisée des auteurs " noirs " en France. L'ensemble est accompagné d'une section thématique de comptes rendus portant sur l'histoire du livre et la circulation des savoirs.
Ce numéro est centré sur un dossier consacré aux rapports entre guerre, famille et violences politiques au XXe siècle.Le premier article interroge le patriotisme prêté aux citoyens soviétiques durant la guerre contre l'Allemagne nazie, en éclairant particulièrement la place que tient le concept de famille: de quelle manière les attachements familiaux ont-ils influé sur les dynamiques d'engagement et de désengagement des populations face à la guerre? Réciproquement, comment les autorités étatiques et la dynamique guerrière ont-elles transformé la famille et créé, ce faisant, des communautés de destin nationales?Un deuxième article se focalise sur la question de la disparition forcée employée par les parachutistes français durant la Bataille d'Alger, en 1957, à partir d'une découverte archivistique unique: quelques 850 fiches attestant des recherches de disparus par leurs familles en 1957. Cette documentation permet d'intégrer à la lecture de l'événement à la fois les victimes et leurs parents – et non pas seulement le point de vue de l'appareil répressif: c'est l'occasion de dessiner une autre géographie d'Alger et d'esquisser des trajectoires migratoires et socio-professionnelles complexes.Un second dossier s'intéresse aux rapports entre la mer, la politique et le droit à la fin du Moyen Âge et à l'époque moderne. Une première étude montre comment la piraterie et la lutte contre les pirates ont servi aux élites urbaines de Lübeck, aux XVe et XVIe siècles, pour justifier leur propre violence et stabiliser leur identité; le dernier article nous conduit en mer Méditerranée et aborde la question des héritages des personnes mortes en mer à l'époque moderne: c'est l'occasion de réévaluer la richesse matérielle des marins et gens de mer dans la Méditerranée du XVIIe siècle et de montrer comment la République de Venise faisait du règlement de ces successions ab intestat un instrument pour soutenir ses objectifs économiques.L'ensemble est accompagné par un ensemble thématique de comptes rendus intitulé " Guerres, révolutions et violences politiques ".
Ce numéro des Annales revient sur les nouvelles approches en histoire environnementale dans une perspective de longue durée. Écrit à plusieurs mains, un article de synthèse montre tout à la fois les bénéfices et les obstacles d'une approche réellement interdisciplinaire, faisant dialoguer histoire traditionnelle et sciences environnementales. S'y ajoutent deux comptes rendus croisés de l'ouvrage récent de Jean-Pierre Devroey, La Nature et le roi. Environnement, pouvoir et société à l'âge de Charlemagne (740-820). Dans une optique un peu différente, un article s'intéresse au monde rural de la Bretagne insulaire et de la Gaule du nord, à l'époque romaine, offrant l'occasion de réfléchir aux modalités de la croissance dans les provinces du nord-ouest de l'Empire. Enfin, un dernier article met en lumière les relations entre usuriers, débiteurs et créanciers en Italie du Nord, à la fin du XIIIe siècle, à la charnière entre histoire du droit, économie et théologie. Le numéro s'achève par un ensemble de comptes rendus thématiques portant sur l'histoire environnementale.