Le stade de football a pris place dans l'espace urbain depuis les années 1880. Édifié à la périphérie des villes, il a d'abord une fonction utilitaire. Il est devenu un temple du ballon rond attirant les touristes du monde entier. Il est le lieu de formalisation des traditions sportives inventées et de la cristallisation des identités sociales, urbaines et nationales. Ce sixième numéro de Football(s), invite à reconsidérer son histoire du Brésil à la Hongrie, en passant par l'Allemagne, l'Espagne, la France et les Pays-Bas. Il y est autant question d'histoire urbaine que rurale, puisque les campagnes ont aussi leurs stades, que d'histoire du spectacle, de la mémoire et du patrimoine sportif.
Le football est-il la nouvelle religion des sociétés contemporaines? Les stades sont-ils les nouvelles églises du monde globalisé? Anthropologues, économistes, historiens et sociologues tentent de répondre à ces questions en revenant sur les rites, les significations, les profits symboliques et matériels mis en jeu dans une partie de football. Si des vicaires sportifs ont investi football et rugby depuis le début du vingtième siècle, il n'est pas de véritable transcendance pouvant en faire de véritables religions. Toutefois, pensée magique, superstition, appel à des autorités supérieures comme la Bonne Mère de Marseille font du football un lieu de rencontre entre société et religiosité.
Inventé et codifié en Angleterre, le football a été exporté par les expatriés britanniques. Les ports et littoraux deviennent les premiers lieux d'implantation du jeu comme à Rio de Janeiro ou le littoral du nord de la France. Très vite, les différentes catégories sociales portuaires, notamment les armateurs, adoptent le jeu et en font un spectacle international à Anvers, Oran ou Split. Les clubs sont soutenus par des supporters fiers de leur identité maritime en Bretagne, à Gênes, au Havre ou à Toulon. Les ports jouent aussi un rôle majeur dans la construction du football international. Le football est enfin partie prenante de la résistance à l'invasion comme à Split ou l'oppression communiste à Gdansk.
Tel le Phénix, le rugby français renaît aujourd'hui de ses cendres, preuve que son modèle fait encore recette Depuis la fin du XIXe siècle, les rugbymen français ont entretenu une relation complexe avec le monde britannique, notamment lors des matchs joués au stade de Colombes. Ils n'en ont pas moins édifié le bastion du rugby en Europe continentale qui a dispensé son magistère jusqu'en Italie. S'inventant autour de l'amateurisme marron du XV et du professionnalisme ouvert du XIII, le rugby tricolore a eu ses théoriciens du jeu et ses grands clubs dominateurs à l'image de l'AS Béziers de Richard Astre. Il est aussi marqué par l'histoire plus sombre des deux conflits mondiaux et des transformations de l'espace sportif français. Et si le championnat de Top 14 se métropolise, si les deux rugbys sont souvent associés au Midi et au Sud-Ouest, l'ovalie a aussi prospéré dans les terres de football association que sont la France de l'Ouest ou la Corse.
Le football anglais entre people's game et global game
La Premier League fête cette année ses trente ans. L'occasion de revenir sur les transformations du football anglais et sur la domination économique de ses grands clubs. Le dossier est composé d'articles consacrés à ses différentes facettes culturelles, économiques et sociales, notamment ces rapports avec l'Europe et le monde, l'Euro féminin disputé outre- Manche en 2022, la naissance d'un supportérisme globalisé et les fi nances des clubs. Une interview de Ken Loach, une présentation des archives de Preston North End, le premier grand club professionnel anglais et une évocation de la statuaire footballistique viennent compléter le dossier.Auteurs : Wladimir Andreff, Luc Arrondel, Martine Benamar, Claude Boli, Jean Bréhon, Léonard Darbeau, Paul Dietschy, Richard Duhautois, Pascal François, Audrey Gozillon, Laurent Grün, Esteban Quirantes, Loïc Ravenel, Albrecht Sonntag
La Coupe du monde organisée au Qatar interroge pour des raisons éthiques et sportives évidentes. Pour mieux comprendre cette tradition sportive inventée en 1930, ce numéro revient sur ses dimensions politiques, économiques, patrimoniales à partir d'un dossier d'articles produits par des universitaires de référence, des recensions de livres, de films et de bandes dessinées, des correspondances de l'étranger et des rubriques dédiées au patrimoine et à la culture matérielle du football. L'organisation d'une Coupe du monde au Moyen Orient, l'héritage de l'édition 2006 en Allemagne, la Coupe du monde féminine, la politisation du sport français via la Coupe du monde seront, entre autres, abordés.