L'ouvrage rassemble des pièces éparses de travaux conduits sur un quart de siècle à propos des représentations de l'Orient arabe et des échos ou remplois qu'elles connurent dans les régions dont elles rendaient compte. Il s'attache à suivre dans toute leur variété les parcours biographiques de ceux qui les produisirent, auteurs connus ou au contraire insuffisamment identifiés, de façon à illustrer la multiplicité des modes de représentations et des itinéraires de ceux qui en furent les vecteurs. Partant du principe que l'on peut représenter la même chose (mais avec des contraintes différentes) par les différents procédés de l'image — dessin, peinture, affiche, photographie —, par la description littéraire ou scientifique (spécialement, pour notre cas, l'ethnographie), il réfléchit sur les conditions d'élaboration des figurations du social dans l'histoire, et leur legs aux sociétés d'aujourd'hui. C'est en effet un héritage difficile dont doivent traiter les États nouvellement indépendants, travaillés qu'ils sont par des recherches identitaires autant que par leurs confrontations à l'Occident, que d'avoir à traiter d'un stock documentaire, savant ou fantasmatique, produit dans le cadre de la curiosité coloniale, mais qui reste souvent le seul témoignage sur leur passé ou leur diversité interne. Bien que ces interventions soient rangées en phases, en thèmes et perspectives (y compris quelques aveux biographiques), l'auteur assume ici la "stratégie du lièvre", soit une démarche cherchant à sillonner l'espace, la durée et les points de vue, sur un Orient qui doit en ressortir avec d'autant plus de relief.