Dossier : Le genre du luxe dans le monde grec ancien
Florence Gherchanoc, Noémie Villacèque – Et si le luxe avait un genre pour les Grecs des cités ?
Inès Medjkoune – Quand le luxe est au service du pouvoir. À propos des reines barbares dans les discours grecs d'époque classique
Elodie Bauer – Vêtements féminins de luxe en images dans les rites religieux et les processions de l'Athènes classique. Le cas des arrhéphores, des ourses et des canéphores
Manfred Lesgourgues – Luxe, prêtre et masculinité
Maria Cecilia D'Ercole – Entre rang et genre. Objets précieux en cristal de roche dans l'Apulie hellénistique
Lydie Bodiou, Véronique Mehl – Sensuel et éphémère : le parfum comme marqueur social masculin
Varia
Ombretta Cesca – Zeus prête serment : du pouvoir de la parole divine dans l'Iliade
Athanassia Zografou – Homeric Verses with Ritual Power. Chryses' Prayer in a Divination Recipe
Ioannis Mylonopoulos – Ancient Greek Sanctuaries from a Sensorial Perspective
Marjolaine Benaïch – Réalités antiques du cinctus Gabinus. Remarques sur quelques représentations de la " ceinture de Gabies " et sur son évolution
Robert Parker – Narratology and Theology: Direct Speech in Pindar
François de Polignac – Comment Solon n'a pas conquis Salamine. Ruses, rites et navigations dans l'histoire fictionnelle d'Athènes
Claudia Montepaone – Ancora qualcosa a proposito dell' "aneddoto Leucothea" a Elea
Luuk de Boer – Debt in the Scales: Mechanics and Metaphor in the Ancient Mediterranean
Philippe Borgeaud – L'imposture du cacique
François Lissarrague, Élise Lehoux, Vasiliki Zachari – Autour de François Lissarrague : un entretien en images sur son parcours et sa méthode
Considéré généralement comme un marqueur ethnique, un signe de la richesse du souverain et de l'élite achéménides (perses), caractéristique d'un régime politique plein d'hubris (démesure), le luxe ne disparaît pourtant pas des cités après les guerres médiques; il demeure un moyen de reconnaissance sociale.Ce livre offre l'occasion de s'interroger sur le luxe, compris comme pratique et mode de distinction, en premier lieu élitaire, sous l'angle du genre. En effet, si deux de ses personnifications, Habrosunê comme Truphê, ont les traits et le corps d'une femme que caractérisent la délicatesse, le faste, l'opulence, la prospérité, mais également la mollesse, la lascivité, la séduction et la féminité, le luxe n'était pas, loin de là, l'apanage des Barbares et des femmes. Mais le mettre au féminin était sans doute un moyen, pour les Anciens, de le stigmatiser, au sein de cités fondées sur l'égalité civique. Et si les Modernes ont repris ce topos, c'est qu'il permet de concéder l'existence du luxe sans entamer l'image, bien ancrée dans l'historiographie, d'un corps civique sobre et égalitaire.Les contributions portent sur les produits et objets de luxe (étoffes, vêtements, produits exotiques, cristal de roche et parfum); elles s'attachent également aux contextes et aux espaces de son déploiement ou étalage (religieux, politique ou encore domestique et familial; du côté des Grecs comme chez les Barbares), ainsi qu'aux différents discours consacrés au luxe, comme mode de consommation et mode de vie (somptuosité vestimentaire, opulence des banquets, séduction outrancière, sexualité débridée, quête excessive des plaisirs, etc.). Ces pratiques fastueuses jouent le rôle de marqueurs identitaires et d'instruments de domination.