Le genre du luxe dans le monde grec ancien
Considéré généralement comme un marqueur ethnique, un signe de la richesse du souverain et de l'élite achéménides (perses), caractéristique d'un régime politique plein d'hubris (démesure), le luxe ne disparaît pourtant pas des cités après les guerres médiques; il demeure un moyen de reconnaissance sociale.Ce livre offre l'occasion de s'interroger sur le luxe, compris comme pratique et mode de distinction, en premier lieu élitaire, sous l'angle du genre. En effet, si deux de ses personnifications, Habrosunê comme Truphê, ont les traits et le corps d'une femme que caractérisent la délicatesse, le faste, l'opulence, la prospérité, mais également la mollesse, la lascivité, la séduction et la féminité, le luxe n'était pas, loin de là, l'apanage des Barbares et des femmes. Mais le mettre au féminin était sans doute un moyen, pour les Anciens, de le stigmatiser, au sein de cités fondées sur l'égalité civique. Et si les Modernes ont repris ce topos, c'est qu'il permet de concéder l'existence du luxe sans entamer l'image, bien ancrée dans l'historiographie, d'un corps civique sobre et égalitaire.Les contributions portent sur les produits et objets de luxe (étoffes, vêtements, produits exotiques, cristal de roche et parfum); elles s'attachent également aux contextes et aux espaces de son déploiement ou étalage (religieux, politique ou encore domestique et familial; du côté des Grecs comme chez les Barbares), ainsi qu'aux différents discours consacrés au luxe, comme mode de consommation et mode de vie (somptuosité vestimentaire, opulence des banquets, séduction outrancière, sexualité débridée, quête excessive des plaisirs, etc.). Ces pratiques fastueuses jouent le rôle de marqueurs identitaires et d'instruments de domination.
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