Les " insécurités urbaines ", les formes prises à l'époque contemporaine par les conflits militaires et leurs avatars dans les centres urbains, constituent des thématiques de recherche fortement investies par les sciences sociales depuis quelques années. L'abondance des productions scientifiques ne conduit pas toujours à questionner, à comparer les regards déployés et les méthodes mises en œuvre pour analyser les facteurs et les situations qui mettent en crise les sociétés urbaines, ou les solutions et les dispositifs qui prétendent y remédier. Cet ouvrage, issu d'un ensemble de rencontres pluridisciplinaires, s'efforce de prendre du recul par rapport aux façons de voir et aux façons de faire de différentes disciplines des sciences sociales qui investissent ce champ d'étude des " insécurités " et des " crises ". Il entend aider à confronter les analyses, les méthodes et les terrains d'enquêtes de l'histoire, de la géographie, de la sociologie, du droit, des sciences politiques et – même – du cinéma documentaire – pour appréhender les moments où les villes entrent " en ébullition " du fait des tensions qui perturbent leur vie sociale ou de leur désordre matériel devenu " explosif ". En abordant successivement " l'effervescence insécuritaire ", " la ville déchirée " des temps de guerres – y compris coloniales et civiles – et, enfin, les moyens servant à " apaiser et à discipliner " les villes, ce livre veut réfléchir à des objets, à des pratiques concrètes et à des discours, à des formes d'organisations sociales et politiques, à des idéologies et à des formes de justification/légitimation qui se déploient dans le temps et dans l'espace. À travers ces contributions, on reconnaîtra l'usage et les réflexions inspirées par les travaux de Michel Foucault, ici moins " maître à penser " que pourvoyeur d'une féconde " boîte à outils ". Il convient de les lire de manière ouverte, comme autant de propositions pour aller plus loin dans le dialogue et la réflexion, cela dans une polyphonie assumée.