À la différence des autres pratiques chamaniques répandues dans le monde, les chamanes yi, appelés bimo ou " maîtres de la psalmodie ", opèrent par le moyen de manuscrits. " Comme le sel, je suis le cours de l'eau " est un vers rédigé dans leur écriture secrète. Il fait référence aux voyages qu'ils entreprennent dans le cosmos à l'occasion d'un culte territorial villageois, midje, célébré afin d'ordonnancer l'univers. À l'image du sel qui se dissout dans l'eau et se laisse porter au gré des courants, les chamanes pénètrent dans une strate peuplée d'esprits et d'ancêtres dont le contentement conditionne le bien-être des vivants. La population de cette société " à moitiés " est associée à ce sacrifice lié au pouvoir local, qui exprime la vision politique de l'ethnie. Que ...
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Première partie — Liens aux lieux, aux ancêtres et aux esprits
Chapitre I — Les Nipa " de chair et d'os " : genèse d'une identité Chapitre II — Un monde en petit : le clan villageois Chapitre III — L'écriture rituelle des Maîtres de la psalmodie Chapitre IV — La transmission au sein des lignées chamaniques
Deuxième partie — La " société à moitiés " des Nipa et l'État communiste chinois
Chapitre V — Chamanes et chefs de Lava Chapitre VI — Fédérer les Yi en nationalisant leurs écritures chamaniques Chapitre VII — Mizhi, un culte chamanique bon pour gouverner
Troisième partie — La conception ni du monde
Chapitre VIII — L'ordonnancement de la société à l'approche de l'hiver Chapitre IX — Les hommes pénètrent dans la résidence du yin Chapitre X — La machinerie rituelle Chapitre XI — La mise en germe de l'univers
Quatrième partie — Un chemin chaotique jusqu'à l'union des ancêtres villageois
Chapitre XII — Des sonorités carnavalesques Chapitre XIII — Sur le pilier céleste, arbre de vie : le comput du temps Chapitre XIV — La hiérogamie des ancêtres primordiaux
Cinquième partie — Chasse et fondation
Chapitre XV — À l'assaut du monde Chapitre XVI — Autochtonie et confédération politique
Conclusion Bibliographie
À la différence des autres pratiques chamaniques répandues dans le monde, les chamanes yi, appelés bimo ou " maîtres de la psalmodie ", opèrent par le moyen de manuscrits. " Comme le sel, je suis le cours de l'eau " est un vers rédigé dans leur écriture secrète. Il fait référence aux voyages qu'ils entreprennent dans le cosmos à l'occasion d'un culte territorial villageois, midje, célébré afin d'ordonnancer l'univers. À l'image du sel qui se dissout dans l'eau et se laisse porter au gré des courants, les chamanes pénètrent dans une strate peuplée d'esprits et d'ancêtres dont le contentement conditionne le bien-être des vivants. La population de cette société " à moitiés " est associée à ce sacrifice lié au pouvoir local, qui exprime la vision politique de l'ethnie. Que donne à comprendre le caractère communautaire de ce protocole religieux et à quelle cosmogonie renvoie-t-il ? En quoi consiste cette écriture chamanique et comment s'est-elle transmise au cours des siècles ? L'auteur propose de répondre à ces questions en tenant compte des changements sociaux qui affectent la population yi, minorité établie au Yunnan, en Chine : elle s'interroge en particulier sur la dynamique contemporaine mettant en relation la religion et l'écriture avec le pouvoir dominant. Car soucieux de maintenir sa tutelle sur les pouvoirs locaux, l'État chinois s'engage dans un processus d'uniformisation et de laïcisation de l'écriture rituelle qui bouleverse les fondements politico-religieux de l'ethnie.