.La figure d'arbitre de l'Europe représente dès la première modernité une aporie, puisqu'elle allie à l'idéal politique du jugement sage, au-dessus des parties, la capacité à imposer ce même jugement et donc à prendre parti. La théorie réaliste des relations internationales, qui met l'accent sur la défense des intérêts nationaux, récuse par ailleurs la figure de l'arbitre désintéressé au profit d'une réflexion en termes de hiérarchie des puissances. L'apparition d'une "raison publique européenne" conduisit cependant au développement de l'arbitrage des conflits, par un prince, une puissance extérieure ou une institution ad hoc. Si l'on constate une grande variété des pratiques politiques de l'arbitrage, les XVIIe et XVIIIe siècles manifestèrent un besoin croissant de déf ...
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S'imposer comme l'arbitre de la chrétienté? L'Europe des princes Richelieu et l'assecuratio pacis en 1634: la rupture annoncée d'une ligne arbitrale Marie-Catherine Vignal Souleyreau Jacques II ou Louis XIV? Deux arbitres de l'Europe à la fin du XVIIe siècle Christian Mühling "Le vieux respect que les nations ont pour son nom": le déclin de l'arbitrage pontifical d'Utrecht à Benoît XIV? Albane Pialoux Imaginer et théoriser un équilibre européen De l'Arbitre à l'Arbitrium. Sur la tradition et l'influence d'un concept politique en Europe au début de l'époque moderne Christoph Kampmann Paix et arbitrage dans l'Europe de l'abbé de Saint Pierre Géraud Poumarède Le prince Adam Czartoryski : un précurseur du rôle d'"arbitre de l'Europe" de l'empereur de Russie Alexandre Ier Sarah Bernard La figure de l'arbitre de l'Europe et la papauté romainede l'âge romantique à la fin du XIXe siècle Jean-Marc Ticchi Puissance arbitrale et arbitrage entre puissances dans le pacifisme français (1840-1889) Carol Bergami Dépasser les hiérarchies: un équilibre impossible? Défendre les petites puissances à la SDN (1919-1927). De la Belgique avocate au pays déclassé Vincent Genin L'arbitrage et la sécurité collective: de la Société des Nations de Wilson à l'Organisation des Nations Unies de Roosevelt William Keylor Arbitrage et arbitre sur la scène européenne de 1924 à 1933 : l'effacement des hiérarchies? Anne-Sophie Nardelli Malgrand Le pape: médiateur, arbitre ou acteur? Gilles Ferragu, Le modèle suédois comme arbitre entre l'Est et l'Ouest pendant la guerre froide – L'exemple de la réforme de la démocratie sur le lieu de travail Astrid Hedin Populations et opinions publiques face à l'arbitre et aux hiérarchies politiques Libelles et appels à l'opinion dans la rivalité entre François Ier et Charles Quint Tatiana Debbagi Baranova Le juge invisible: l'opinion comme arbitre des relations internationales. Le cas de la polémique autour de l'arrestation de D. Édouard de Bragance (1640-1652) Daniel Magalhães Porto Saraiva et Gustavo Kelly de Almeida Une opinion publique européenne arbitre des relations internationales dans le premier XIXe siècle? Renaud Meltz
.La figure d'arbitre de l'Europe représente dès la première modernité une aporie, puisqu'elle allie à l'idéal politique du jugement sage, au-dessus des parties, la capacité à imposer ce même jugement et donc à prendre parti. La théorie réaliste des relations internationales, qui met l'accent sur la défense des intérêts nationaux, récuse par ailleurs la figure de l'arbitre désintéressé au profit d'une réflexion en termes de hiérarchie des puissances. L'apparition d'une "raison publique européenne" conduisit cependant au développement de l'arbitrage des conflits, par un prince, une puissance extérieure ou une institution ad hoc. Si l'on constate une grande variété des pratiques politiques de l'arbitrage, les XVIIe et XVIIIe siècles manifestèrent un besoin croissant de définitions juridiques, que les failles du système européen des XIXe et XXe siècle ne firent que renforcer. Issu d'un colloque universitaire, cet ouvrage rassemble les contributions d'historiens modernistes et contemporanéistes, à la recherche des définitions fluctuantes de cet "arbitre" qui s'incarna tantôt dans une puissance dominante, forte de son imperium, aspirant volontiers à une monarchie universelle et tirant de ce titre d'arbitre des avantages et du prestige, tantôt dans un médiateur, tâchant par son influence d'orienter les négociations dans le respect d'un nouveau droit international. Les tentatives de conciliation entre deux pôles montrent bien la difficulté historique et conceptuelle de cette notion qui ne cessa cependant de représenter un leitmotiv et un idéal.