La naissance d'une vie parlementaire en Italie à l'issue du " printemps des peuples " de 1848 a permis à de nouvelles catégories sociales de s'impliquer dans la politique. Les universitaires, et en particulier les mathématiciens, sont nombreux à profiter de cet appel d'air. Ce livre se propose d'analyser la rencontre entre ces deux milieux et la circulation des acteurs et des idées entre ces deux champs: pourquoi les mathématiciens sont-ils si nombreux – une quarantaine entre 1848 et 1913 – à entrer au Parlement? Quels sont les effets de cet engagement dans leur carrière académique? Comment leur prestige scientifique et leurs compétences techniques sont-elles valorisées dans la vie politique? Toutes ces questions sont abordées en croisant les actes parlementaires avec les sources académiques et privées des savants. Elles ont une résonance particulière dans le contexte politique français d'aujourd'hui – alors qu'a été élu député en 2017 le mathématicien Cédric Villani, normalien et médaille Fields.
Repenser l'histoire du socialisme européen. Voyage dans les archives Halévy
Selon les néolibéraux, l'utopie mène à la tyrannie, et toute législation sociale est l'ennemie de la liberté. De Hayek à Furet en passant par Aron, ils se sont souvent référés à Élie Halévy et à ses travaux. Or les "Papiers Halévy" déposés à la bibliothèque de l'École normale supérieure permettent de montrer que l'auteur de L'Ère des tyrannies n'a, lui, jamais exclu la possibilité d'associer le socialisme et la liberté. Ils fournissent ainsi les pistes d'une exploration aux sources du mouvement ouvrier, mettant en lumière l'opposition entre un autoritarisme nostalgique des corporations, proche de Bonald, et la volonté d'étendre les libertés des modernes jusque dans le domaine du travail. Ils permettent de reparcourir les œuvres de John Stuart Mill, Saint- Simon, Marx, Proudhon, de confronter le souci de justice sociale à la pensée de Mauss ou de Polanyi, de renvoyer aux lectures de Machiavel et de Rousseau, à Tocqueville et à Arendt, ainsi qu'à la réflexion des classiques – à commencer par Xénophon – sur la nature de la tyrannie.
Généalogies scientifiques et expéiences artistiques
Les liens entre Alfred Nobel et l'Italie remontent à la création, en 1901, du prix le plus prestigieux au monde dans le domaine de la connaissance. C'est à San Remo que l'industriel suédois passa les dernières années de sa vie et établit le testament visant à récompenser ceux qui auraient "contribué le plus au bien de l'humanité". A partir de matériaux d'archive inédits, ce livre enquête sur le processus et les critères d'attribution des différents prix décernés entre 1906 et 2007 (vingt Nobel, auxquels s'ajoute une médaille Fields) et s'interroge sur leurs conséquences scientifiques, sociales et culturelles.Marconi, Fermi, Levi-Montalcini, Carducci, Pirandello, Dario Fo... Nous sommes en présence de certaines des plus grandes figures scientifiques et artistiques italiennes du XXe siècle, suivant avec elles au plus près les voies de leur reconnaissance internationale.
Au cœur de l'Italie, la Toscane en est l'essence même – " l'Italie de l'Italie " comme l'écrivait, de manière prophétique, un voyageur du XVIII e siècle, au moment où Goethe, impatient de voir les monuments de la Rome antique, prenait à peine le temps de s'arrêter à Florence, et où Montesquieu cantonnait cette ville à ce qu'il appelait "un petit coin" de l'Europe. Cette expression annonce le destin de la Toscane, qui va devenir dans l'imaginaire collectif le lieu où se fixe et se condense de façon privilégiée le sens le plus profond de l'Italie et de son histoire.De cette lointaine intuition aux dimensions actuelles de la consommation de masse de la tradition toscane, c'est tout un voyage que nous décrit ce livre, en se référant à d'autres voyages qui, depuis le Grand Tour jusqu'aux migrations des touristes affairés du xxe siècle, font comprendre ce qui se cache dans les replis secrets d'une icône symbolique – Florence, la Toscane – en apparence si nette et si lumineuse.
Y a-t-il eu un État fasciste en Italie? Le fascisme se proclama totalitaire et corporatiste, mais ne fut véritablement ni l'un ni l'autre. Il prétendit construire un État nouveau, mais réutilisa en abondance des éléments de l'État libéral. Autoritaire et dictatorial, il concentra les pouvoirs publics, mais accepta aussi leur relative pluralisation. Il intégra les organisations de défense des intérêts économiques et sociaux, supprima les élections libres, créa un ersatz de représentation politique, utilisa des organisations satellites, mais eut recours à des administrations parallèles pour gérer la crise économique.Dans ce livre qui constitue à la fois une histoire des institutions fascistes et une étude de l'État césariste, Sabino Cassese bouscule des idées reçues, sur l'existence même d'un État spécifiquement fasciste, sur les liens entre cet État et l'État libéral, sur ses héritages dans l'État démocratique, sur les réalités et les conséquences du corporatisme mussolinien, souvent escamotées. Les faits qu'il met au jour prendront à contre-pied bien des certitudes et des représentations idéologiques touchant au fascisme, au totalitarisme et à la nature même de l'État, suscitant en France comme en Italie la polémique et, peut-on espérer, le débat.Préface d' Éric Vial
L'Italie a-t-elle enfin réussi à faire ses Italiens ? Seul le portrait des Italiens peints par eux-mêmes pouvait laisser espérer une réponse. Ce volume issu de la grande entreprise collective dirigée par Mario Isnenghi sur les Luoghi della memoria (" Lieux de la mémoire ") en Italie témoigne de l'évolution du processus de construction de l'identité du pays.Vieille nation et jeune État, l'Italie contemporaine née au milieu du XIXe siècle a trouvé ses dates fondatrices, imaginé ses lieux symboliques et façonné ses héros ou anti-héros mythiques. En l'espace de 150 ans, des traditions italiennes nouvelles ont été inventées puis violemment contestées, l'histoire exaltée puis réprouvée. Bref, les Italiens ont vécu.C'est cet itinéraire de vie commune où s'entremêlent société civile, histoire culturelle, pouvoirs et religion, du Risorgimento à la République en passant par le fascisme et les guerres, qui est ici restitué. Des milieux, des événements, des hommes et des symboles (la place, le cinéma, la mafia, les Cinq Journées de Milan, Garibaldi, Mussolini, l'Amérique) sont présentés sous un jour nouveau au lecteur français soucieux de comprendre, en dépassant les stéréotypes, l'histoire et l'univers de ses voisins européens.
Quels intérêts d'ordre pratique se cachent derrière les nombreuses histoires généalogiques publiées au début de l'âge moderne ? Ces généalogies fabuleuses attribuent aux dynasties régnantes et aux familles nobles des origines tellement illustres et si éloignées dans le temps qu'elles en apparaissent ridicules et incroyables. Or, dans le cadre d'une histoire des origines des peuples et des pays, ces généalogies sont également diffusées dans des textes dont l'ambition est certes de légitimer et de célébrer, mais tout autant d'élaborer un discours historique, même s'il semble bien étranger à notre écriture de l'histoire.Ce livre étudie les présupposés intellectuels et la mise en œuvre scientifique de l'historiographie généalogique. Il passe en revue un certain nombre de thèmes propres à la production de l'âge moderne ; il en examine les origines dans l'Antiquité classique et chrétienne ; il confronte cette production à la critique érudite et aux idéologies religieuses et politiques de l'époque.En tentant de comprendre la signification d'une historiographie différente de la nôtre – dans son déploiement logique comme dans sa matrice chronologique –, Roberto Bizzocchi nous suggère aussi de nous livrer à une autocritique prudente. Est-il certain, en effet, que notre propre quête de la vérité historique obéisse toujours à une rationalité à toute épreuve?" Quantité de graves personnages ont suivi exactement ces filiations, avec la même sagacité qu'ils ont découvert comment les Japonais avaient peuplé le Pérou. L'histoire a été longtemps écrite dans ce goût. "Voltaire, Histoire de l'empire de Russie sous Pierre le Grand (1759)
Vieille nation et jeune État, l'Italie contemporaine née au milieu du xixe siècle a trouvé ses dates fondatrices, imaginé ses lieux symboliques et façonné ses héros ou antihéros mythiques. Des milieux, des événements, des hommes et des symboles (la place, le cinéma, la mafia, les Cinq Journées de Milan, Garibaldi, Mussolini, l'Amérique...) sont présentés sous un jour nouveau au lecteur français soucieux de comprendre, en dépassant les stéréotypes, l'histoire et l'univers de ses voisins européens.
Dans l'Italie des lendemains de la Première Guerre mondiale, de la prise du pouvoir par Mussolini et de l'établissement de la dictature fasciste, Piero Gobetti (Turin, 1901-Paris, 1926) a traversé en météore l'histoire et la pensée politique. Historien des racines du Risorgimento, traducteur, critique théâtral pour L'Ordine nuovo d'Antonio Gramsci, directeur de revues politiques et littéraires, éditeur publiant les principaux hommes politiques italiens du moment et les premiers poèmes d'Eugenio Montale (prix Nobel 1975), il a rêvé un protestantisme sui generis et prôné un libéralisme révolutionnaire et industrialiste dont il trouvait les racines – sans paradoxe – chez Karl Marx, Henry Ford et Martin Luther. Il a surtout incarné l'opposition au fascisme, et sa mort précoce a fait de lui un symbole sur lequel hommes politiques et journalistes transalpins débattent encore aujourd'hui.Parmi les multiples textes politiques publiés en quelques années par Piero Gobetti, pour l'essentiel dans sa revue La Rivoluzione liberale, soixantedix articles et extraits d'articles écrits de 1922 à 1925 ont été sélectionnés ici : polémiques et mises au point, portraits ou descriptions. Comme une mosaïque, ces textes reflètent son engagement face au fascisme, fondé sur une intransigeance d'abord isolée, puis partagée par l'essentiel de l'opposition après juin 1924 et l'assassinat de Giacomo Matteotti. Ils permettent de suivre l'installation de Mussolini au pouvoir grâce à l'impuissance de ses adversaires, ainsi que l'évolution bouillonnante d'un très jeune homme, confronté à l'Histoire, l'affrontant, y brûlant sa vie. Ils dessinent aussi les contours d'un libéralisme très spécifique, propre à surprendre ceux qui rejettent ce courant de pensée comme ceux qui s'en réclament.
Après l'effondrement des partis politiques qui l'ont gouvernée depuis la Deuxième Guerre mondiale, l'Italie entre en 1992 dans une phase de crise, attirant l'attention des citoyens et des médias sur l'ampleur de la corruption politique, la faiblesse de l'Etat face à la mafia et la situation désastreuse des finances publiques. Pour " refaire le pays ", des gouvernements constitués d'hommes de gauche ouverts au libéralisme et de libéraux accessibles aux exigences de l'égalité s'attellent alors à une série de grandes réformes qui se poursuivront, cohérentes, jusqu'en 2001. Administration, économie, soutien aux régions méridionales, école et université, immigration - le chantier de ce renouveau est vaste et complexe, dans un contexte politique en pleine mutation (évolution des partis de gauche, poussée de la Ligue du Nord). Ces réformes ont tenté de substituer des règles impartiales au contrôle étatique et clientéliste des processus sociaux, avec des résultats significatifs: privatisations, libéralisations, nouvelle définition des rapports entre politique et administration, décentralisation active. L'expérience analysée ici est replacée dans l'histoire de chacun des domaines concernés, ce qui fait de ce livre, outre une étude approfondie de la décennie 1992-2001, un véritable guide de civilisation italienne. Enfin, le cas italien est d'un intérêt décisif pour une réflexion plus générale, en France et en Europe, sur les défis que doit relever la gauche libérale.