Histoire, mémoire et espace-temps dans la fiction littéraire océanienne contemporaine
L'héritage colonial et la question de la mondialisation interrogent les sociétés océaniennes contemporaines sur leur relation au passé. Dans les récits de fiction océaniens la représentation de l'histoire occupe ainsi une place importante.La place de l'histoire dans la fiction engage la relation des hommes au passé et le rapport entre histoire et mémoire. Mais elle implique également la conception du temps et de l'espace qui construit nos représentations de l'histoire et de la mémoire, et en particulier l'originalité de l'approche océanienne de ces concepts.Cet ouvrage s'efforce de décrire les figures du passé et de l'histoire dans le récit de fiction, la façon dont elles sont organisées et le point à partir duquel elles sont mises en scène. Se dévoile ainsi la façon dont les récits de fiction constituent ce qui vaut pour de l'histoire et en redéfinissent les frontières.Il s'agit également d'examiner comment les récits océaniens travaillent le concept même d'histoire. Ils mettent en jeu le sens de l'histoire en interrogeant les modalités de l'action humaine, et en particulier la liberté ou les déterminismes qui la caractérisent. Ils configurent une expérience originale de l'espace-temps et, ainsi, les fondements d'une conception océanienne de l'histoire.
Nourrie par les problématiques du monde contemporain, engagée dans des relations polémiques avec le pouvoir symbolique, reflétant l'idéologie postmoderne et postcoloniale, mais aussi féministe, la littérature de la diaspora postcoloniale opère une ouverture du possible dans le champ culturel français contemporain. Inspirée par les expériences socio-géographiques des individus créateurs, cette littérature effectue une mise en relation des lieux du monde et des cultures. Dans l'espace de sa naissance effective, elle réussit à apporter la différence culturelle et individuelle, parvenant à entreprendre une émancipation symbolique, car la différence qu'elle institue sur la scène sociale et culturelle n'est pas une différence strictement africaine, inscrite dans un ancien rapport de pouvoir, mais une diversité.Ce livre analyse les multiples modalités de transformation de la différence en diversité à travers la littérature de la diaspora postcoloniale en France. Il met en évidence l'émergence d'une nouvelle catégorie littéraire qui nous guide vers une meilleure compréhension des relations interculturelles.
Colloque international tenu à Limoges, 10-12 déc. 2003
Tout l'intérêt que nous portons à la mémoire individuelle et aux histoires collectives est en rapport avec la place accordée par nos sociétés au multiculturalisme et à la création de nouveaux "lieux de mémoire". Comment dès lors définir une anthropologie culturelle de la mémoire en regard de l'institutionnalisation de la mémoire ? Quelle est le rôle des médias dans la fabrication des supports de la mémoire ou plus particulièrement de ce que Bernard Stiegler appelait récemment en parlant de la cinématographie hollywoodienne les "prothèses de la mémoire extériorisée" ? Quels sont les instruments sémiotiques à mettre en place pour l'analyse du temps rétentionnel et protentionnel de la perception mnésique ? Quelle place accorder aux émotions dans l'organisation d'un corps de mémoire ou encore au fait de devenir "physiquement" l'espace à réinventer de sa mémoire souterraine ? Quelles sont les formes littéraires des nouveaux "arts de mémoire" ? Les communications issues du colloque et ici réunies répondent à ces questions dans une perspective pluridisciplinaire.
Haïti, 1804-2004. Colloque international de Limoges, 30 sept. et 1er oct. 2004
L'année 2004 a été marquée par le 200e anniversaire de la proclamation de l'indépendance d'Haïti, " première république noire " du Nouveau Monde, par Jean-Jacques Dessalines. La liberté acquise par les esclaves révoltés a été un événement majeur du 19e siècle naissant. Mais la libération des esclaves de l'ancienne Saint-Domingue pose aussi le problème de l'anthropologie haïtienne. Autrement dit, la "mémoire", la construction culturelle de la libération est un point de départ évidemment essentiel pour comprendre la société haïtienne y compris dans ses aspects les plus récents. La littérature pose la question du rôle des écrivains dans la construction des mythes culturels que ce soit par le biais de la littérature française, des innombrables récits de voyage, ou par celui de la littérature produite par les Haïtiens aussi bien que par l'élaboration, en Afrique, d'une Haïti mythique, écho inversé et diffracté de l'Afrique mythique de l'imaginaire haïtien. Les réflexions ici rassemblées s'interrogent sur la manière dont l'héritage de la révolution haïtienne se manifeste dans les différents aspects de la culture.
Gaston Miron (1928-1996) est connu comme l'un des meilleurs écrivains du Québec grâce à son recueil de poèmes, L'homme rapaillé, publié pour la première fois à Montréal, en 1970. L'œuvre de Miron, est traversée par un tellurisme qui donne à l'écriture son souffle épique. Mais Miron est un grand poète épique parce qu'il prétendait faire une poésie personnelle, c'est-à-dire devenir impersonnel dans le nous. "Le je du poète personnel, disait-il, est tragique et impudique : il s'identifie. Ce je se réfracte parfois en tu et en il. Le je du poète personnel trouve sa réversibilité dans le nous". Le poète s'est mal remis de la mort de son père. Ce qui explique en partie son engagement politique pour l'indépendance du Québec. Pour se réconcilier avec les siens. Pour retrouver la voix de la mère qui a mal "fait" le deuil du père. C'est avec la voix rauque de Lazare sortant de son tombeau que le poète surgit sur la place publique dans le cycle de La batèche. On trouve également de l'impudicité dans les paysages affectifs de La marche à l'amour avec leurs sécrétions venteuses. On cherche aujourd'hui à déshistoriciser Miron. Il s'agit d'une déshistoricisation qui concerne également la perte d'historicité de toute une poésie française moderne, comme le constatait Henri Meschonnic dans une réflexion sur l'épique hugolien.
Un siècle d'écrivains français venus d'ailleurs, 1919-2000
Qu'est-ce que la littérature française ? Convient-il, à l'aube du 21e siècle et de la mondialisation galopante, de borner encore le domaine des lettres françaises à l'hexagone, quitte à grossir un peu l'effectif national par l'intégration d'une poignée d'étrangers vivant en France ou au minimum publiés en France : Tristan Tzara, Samuel Beckett, Eugène Ionesco, Romain Gary, Julien Green...? Le reliquat de la littérature "parlant français" se verrait dévolu à la littérature francophone, une mosaïque d'auteurs pour qui le français est langue maternelle, ancienne langue de colonisation ou langue d'élection. Le livre a résolu d'exhiber la diversité de la littérature en français, à la lumière des écrivains de langue maternelle non française qui ont choisi le français comme la langue exclusive ou alternative d'expression. De même que la langue française, jadis confinée au territoire de l'Île-de-France, s'est acquis au fil des siècles et des aventures humaines un empire sur les cinq continents, il serait souhaitable que la "littérature française" d'aujourd'hui s'étende explicitement aux littératures jusqu'ici considérées comme "périphériques", "marginales" ou "invitées".
Les littératures francophones ne sont pas exclusivement un domaine de recherche. En France, elles s'enseignent au moins dès le lycée et dans les universités. Lycéens, étudiants et professeurs ont besoin d'outils permettant une approche autonome et réfléchie des sujets qu'ils vont aborder. Le besoin n'est pas moins grand dans l'espace francophone et ailleurs. L'ouvrage est donc à la fois une présentation de l'état de la recherche dans le domaine des études francophones et un outil de référence permettant d' "entrer" dans le domaine pour un lycéen, un étudiant ou encore un enseignant désireux de se former ou de préparer un enseignement nouveau pour lui. L'ouvrage souligne les inflexions particulières que le domaine fait subir à certains concepts, et présente les principales notions forgées dans la discipline en fournissant chaque fois des références bibliographiques. L'accent a été mis sur une présentation cohérente du champ de recherche, même s'il paraît illusoire de penser qu'il y ait un consensus clair sur tous les points. Mais l'ensemble des articles entend aussi présenter les différents courants théoriques qui animent les études francophones.
Le livre réunit les communications données au cours d'un colloque international tenu en hommage posthume à Sony Labou Tansi, romancier, dramaturge et poète. Littérateur engagé — un temps député d'un parti radical congolais — il a bâti ses romans à partir de quelques thèmes majeurs, tels la démesure et le grotesque (le rire aussi en contrepoint à la douleur de vivre), la mort et l'amour, le tout sur fond de solitude et de peur. L'exploration critique de son œuvre se fait ici en deux parties : la première consacrée à la langue, au style et à l'écriture du romancier et la seconde dédiée au sens et la signification de ses écrits.
L'ouvrage explore un aspect particulier du livre de l'écrivain burkinabé Nazi Boni intitulé Crépuscule des temps anciens : l'introduction du bwamu, langue africaine, dans le discours romanesque en français. Ce phénomène pose les problèmes de transcription orthographique et d'insertion sémantique dans l'énoncé en français. Charpente sémantique du livre, le bwamu construit un ensemble de champs lexicaux à partir desquels le roman s'appréhende. Les deux pôles bwamu-français sont reliés par un continuum linguistique dont les aspects majeurs sont le bwamu francisé, le français bwamufié, le français burkinabisé et africanisé qui s'ouvre sur le français standard et recherché.
Dans un monde remodelé par la globalisation, la régionalisation et le développement des nouveaux médias, la francophonie apparaît aujourd'hui comme une sorte de réseau dont chaque nœud s'inscrit dans une relation complexe avec son environnement immédiat ou plus lointain. Israël fournit à cet égard un exemple particulièrement significatif. L'approche de la culture et de la littérature israéliennes par le biais de la francophonie a des implications sociales et politiques : la société israélienne n'apparaît plus monolithique mais révèle sa diversité ; elle assouplirait les difficiles relations qui s'y sont développées entre les tenants de la tradition religieuse et du modernisme dans la mesure où les élites des communautés judéo-méditerranéennes ont tout particulièrement tenu à relativiser ces deux tendances ; elle pourrait faciliter, enfin, son dialogue avec sa composante et son environnement arabes en l'insérant dans un plus large contexte méditerranéen et global.
L'auteur dresse ici un inventaire très exhaustif des écrivains du Burkina Faso ; il rend également compte de la vie littéraire du pays, ainsi que de son retentissement à l'étranger, en Europe notamment. Littérature émergente, la littérature burkinabé se distingue pourtant tardivement au sein de la littérature négro-africaine, bien après la littérature sénégalaise, camerounaise ou congolaise. Pourtant, comme elles, l'héritage de la tradition ancestrale et l'appropriation d'une langue et de formes venues de l'extérieur n'engendrent pas une littérature de synthèse, résultante de deux systèmes. L'originalité de la littérature burkinabé n'est pas déterminée par ses antécédents : elle les transcende dans une parole inédite que l'auteur nous invite à découvrir.