Cet ouvrage rassemble des études portant sur les représentations littéraires de la Seine, entre Paris et le Havre, depuis le Moyen Âge jusqu'à aujourd'hui. Il rend compte d'une méthode de recherche, la géocritique, qui interroge la relation qui unit les lieux et la littérature. Il s'est donné pour ambition de dessiner et de donner à connaître un "territoire littéraire" du fleuve, ni strictement fidèle au référent ni seulement alimenté par la littérature. Qui rend compte, naturellement, de réalités factuelles et historiques, mais s'attache à celles-ci en tant qu'elles ont été nourries par des imaginaires, revisitées par des regards esthétiques. Qui s'actualise dans un balancement entre le réel et la fiction, à la recherche de cette autre réalité des lieux, qui pourrait être une vérité littéraire et intertextuelle.
Une histoire du Havre écrite par une toute jeune femme en 1778, voilà qui n'est pas banal. Et elle ne se contente pas d'en écrire l'histoire, elle en brosse un tableau très détaillé quartier par quartier, rue par rue. Rien ne lui échappe, tout passe minutieusement sous son regard aigu et son esprit acéré: les hommes et femmes qui ont fait la ville, les édifices publics, les fortifications, les installations portuaires, les institutions civiles, religieuses et militaires, et même jusqu'à la faune et la flore marines. Et ce " coup d'œil sur Le Havre ", Marie Le Masson Le Golft veut dès 1779 le publier, le partager avec ses concitoyens havrais et surtout en transmettre le savoir et l'esprit aux jeunes générations. Pour ce faire, elle va choisir la forme littéraire d'un dialogue entre elle-même et un collégien, un échange à bâtons rompus structuré en 9 entretiens thématiques fondés sur une galerie de 55 dessins de sa propre main. Joindre l'image à la parole pour faire passer efficacement un message complexe, voilà qui n'est pas non plus banal au XVIIIe siècle. 238 ans plus tard, voici son Coup d'œil enfin livré au public.
Dans le contexte du développement d'une nouvelle discipline, la " géographie littéraire ", Sonia Anton nous propose de concevoir une carte littéraire de la ville, à travers une sélection critique d'œuvres évoquant Le Havre.Terre de questionnements transdisciplinaires, la " géocritique " du Havre ainsi proposée s'avère complète et vaste en raison de l'histoire de la ville, de la nature du corpus littéraire et de l'identité même de la cité. Depuis les historiographes de l'âge classique jusqu'aux auteurs contemporains qui ont chanté la " poétique du béton ", les représentations de la ville ont considérablement évolué, formant un voyage imaginaire et littéraire que retrace aujourd'hui cet ouvrage.Cette déambulation est rythmée par des contributions portant sur des auteurs aussi bien classiques que modernes, français et étrangers. L'ouvrage accueille également des études sur les représentations picturales et cinématographiques de la ville. Il donne enfin la parole à des auteurs contemporains.
Une comédie inédite de Louis-Augustin Pinel composée en 1776
La découverte du Barbier d'Ingouville ou Le retour du Barbier de Séville fait partie des bonheurs du chercheur. Pièce inédite, cette comédie alerte et ingénieuse est déjà en soi une belle trouvaille dont la lecture se savoure. Mais son cousinage revendiqué avec la célèbre pièce de Beaumarchais redouble encore son intérêt, pour l'historien de la littérature notamment, à qui s'offre ici la trop rare occasion d'approcher une de ces nombreuses parodies bien souvent introuvables. Il convient donc d'offrir à ce barbier havrais la place qu'il mérite. La pièce est accompagnée de commentaires permettant de la resituer à la fois dans l'histoire théâtrale et dans l'histoire du Havre.
Suivi de Raymond Queneau, Portrait littéraire du Havre
Ce livre étudie les représentations du Havre par plusieurs écrivains du XXe siècle et dessine les contours d'un "territoire littéraire" havrais.Après avoir proposé des outils de lecture, empruntés notamment à la géocritique, qui permettent d'enrichir notre connaissance à la fois des œuvres et du Havre, considérés dans une dynamique nouvelle, il entre dans le détail des représentations de la ville à travers les œuvres de six auteurs, dans la genèse desquelles la ville a un rôle essentiel: Louis-Ferdinand Céline, pour lequel Le Havre est associé à la figure du grand-père paternel, Georges Limbour et Armand Salacrou, auteurs havrais, Jean Dubuffet, Michel Leiris, Jean-Paul Sartre enfin, qui a enraciné l'existentialisme au Havre. Des documents complètent le volume, dont la réédition d'un texte de Raymond Queneau paru dans une revue en 1954, Portrait littéraire du Havre.