Depuis la naissance du professionnalisme en 1932, plus de 500 footballeurs algériens jouent dans le Championnat de France. D'Ali Benouna à Zinédine Zidane, qui sont ces travailleurs immigrés du sport? Et quelles sont leurs histoires? En croisant des archives et des entretiens exceptionnels avec une centaine d'anciens joueurs et leurs proches, Stanislas Frenkiel révèle un pan méconnu de l'immigration algérienne en France. Loin des masques du business et du spectacle, il met en lumière trois générations de footballeurs professionnels dont les carrières sportives et trajectoires sociales s'inscrivent dans les ambiguïtés et turbulences du XXe siècle: décolonisation et mondialisation, désindustrialisation et émancipation, démocratisation et professionnalisation du sport. À la suite d'une passionnante enquête de terrain en France et en Algérie, l'auteur dévoile un livre de référence sur l'immigration dans le football. Il est issu du remaniement approfondi de sa thèse de doctorat.
L'incertitude de la formation au métier de footballeur professionnel
Comment sont fabriqués les footballeurs professionnels? En revenant sur les différentes étapes de la (pré)formation des joueurs depuis l'âge de douze ans jusqu'à la signature du premier contrat professionnel, l'enquête propose une sociologie de la formation au métier de footballeur professionnel. L'articulation de techniques de recherche variées permet de saisir les transformations que produit cette socialisation professionnelle sur le corps des athlètes (qualités physiques, sensorielles), leurs habitudes de vie (hygiène, alimentation, sommeil, entraînement) ou encore leurs relations sociales (amis, familles, collègues). Si la comparaison de plusieurs structures de (pré)formation met en évidence une variété dans les procès de fabrication des joueurs en fonction des clubs étudiés, force est de constater que la rationalisation du système de formation " à la française " produit surtout des travailleurs substituables aux performances standardisées. Qu'il s'agisse d'une stratégie délibérée ou d'un formatage des corps et des consciences, la logique qui consiste à " faire comme les autres " apparaît alors aux joueurs comme la moins risquée et la moins couteuse des solutions pour survivre dans un espace hautement incertain, sélectif et concurrentiel. C'est à ce prix qu'ils parviendront à faire partie des " un pour mille " qui décrocheront un jour un contrat de footballeur professionnel.
Que laisse un enseignant-chercheur derrière lui lorsqu'il " disparaît " ? On pourrait se poser la question à propos de Christian Pociello, parti à la retraite en août 2007. Quelques souvenirs laissés aux étudiants et collègues qui ont croisé sa route, une bibliographie conséquente, des ouvrages dont certains ont " fait date "… Et petit à petit, l'oubli…Cet ouvrage retrace son parcours biographique. Christian Pociello est à la fois " représentatif " des premiers enseignants-chercheurs en STAPS issus de l'éducation Physique et Sportive (EPS) et " atypique ", du fait du caractère a priori improbable de sa trajectoire. Seul un récit de vie le plus complet possible pouvait illustrer ce cas exemplaire : son enfance, son parcours scolaire, ses travaux universitaires, ses recherches et publications, ses fonctions, ses échecs, ses amitiés et inimitiés, ses " coups de cœur " et " coups de gueule " sont ainsi explorés. Autant d'éléments qui permettent de comprendre son itinéraire, son cheminement intellectuel, ses choix. Autant d'éléments qui éclairent la constitution et l'évolution de la filière universitaire STAPS.
Comment peut-on s'engager dans les sports à risque ? La présente étude sociologique voudrait répondre aux énigmes que présentent ces pratiques. Car ces disciplines sportives interpellent : elles sont des activités de loisirs dans lesquelles la vie est mise en jeu. C'est par l'enquête menée sur les terrains de parachutisme, de BASE-jump, d'alpinisme ou de parapente que ce livre participe à la compréhension et à l'explication des engagements dans ces sports. D'abord en éclairant les parcours de vie qui conduisent à ces activités. Entre dispositions et situations, se construisent des engagements pluriels, mus par le jeu complexe d'influences biographiques et contextuelles façonnées par le genre. Ensuite en rendant compte des modes de pratiques, notamment dans les rapports que nouent les adeptes, hommes et femmes, avec les risques et les prises de risque. Enfin, en montrant comment s'établissent les rapports sociaux de sexe dans ces espaces sociaux " masculins ", entre évolutions, reconfigurations et permanences. Cette étude des sports à risque apporte ainsi une contribution à la connaissance des dynamiques biographiques, des prises de risque et du genre.
Les textes réunis dans cet ouvrage reprennent une série de conférences réalisées dans le cadre des journées " Yves Gougeon ", sous l'égide de l'IUFM Nord Pas-de-Calais. Ces journées s'adressaient aux étudiants de l'Académie de Lille préparant la première épreuve écrite d'admissibilité du concours externe du CAPEPS. Portant sur l'histoire de l'enseignement de l'Éducation Physique et Sportive de 1945 à nos jours, à travers ses enjeux éducatifs, ses conceptions et pratiques pédagogiques, la question du programme s'est enrichie d'une réfl exion portant sur l'organisation de cette même discipline dans les états de l'Union Européenne. Si la première partie de la question a déjà fait l'objet d'une littérature conséquente, la seconde partie de la proposition n'a pas encore été suffi samment explorée.L'objectif de cet ouvrage est donc double : il s'agit tout d'abord de revisiter l'histoire de la discipline, à partir de son identité et de son environnement. Il s'agira ensuite de s'aventurer sur des terres encore en friche, en observant, compte tenu des matériaux disponibles, la manière dont l'éducation physique s'enseigne en Europe : cette dernière partie (" réfl exions sur les changements d'échelle de l'EPS ") interroge ainsi les singularités d'une " EPS à la française " dans une perspective comparatiste.Destiné aux étudiants en STAPS, mais également aux enseignants d'EPS, ce recueil de textes est autant un ouvrage de préparation aux concours (CAPEPS externe, agrégations interne et externe) qu'une publication scientifi que venant compléter la bibliographie du champ.
Quel rugby demain ? Cette question est bien au centre des préoccupations de la plupart des initiés. Chacun comprend l'origine de l'interrogation : le monde de l'Ovalie change et beaucoup craignent de ne plus y retrouver ce qui les passionne. Cet ouvrage réunit plusieurs contributions utiles pour lever le doute et les inquiétudes, pour comprendre ce que pourrait devenir l'ovale. Les auteurs s'adressent aussi aux profanes, notamment à celles et ceux qui voient le rugby comme un monde à part : quelques énigmes devraient pouvoir être résolues ici, en particulier celle de sa curieuse distribution géographique. Cette tâche, double, n'aura pas été facile à mener, car le rugby est fait de singularités, parce qu'il se singularise, parce qu'on le singularise.
Le football joué par ses experts est le spectacle sportif contemporain : rien n'attire plus de spectateurs, rien ne mobilise autant de supporters, rien ne déclenche autant de passions voire de déraisons dans cette immense cour de récréation que forment les sports. Nous sommes nombreux à pouvoir expliquer un tel engouement en parlant d'un apprentissage facile des règles du jeu, d'une dimension festive, d'une médiatisation croissante. En appartenant aux quotidiens d'un grand nombre de citoyens, le football s'est installé dans notre société jusqu'à représenter une certaine forme de tradition. La sociologie de cette réussite ne manque pourtant pas de terrains en friche : pourquoi les mobilisations partisanes sont-elles différentes d'un pays à l'autre, d'une ville à l'autre, d'un stade à l'autre ? Pourquoi observe-t-on autant de manières de vivre la passion du football ? Comment devient-on un supporter ? Comment s'organise ce militantisme des temps modernes ? Ce livre existe à cause de ces questions mais ces questions n'existent pas seulement pour éliminer les lieux communs. En progressant pas à pas dans l'univers du supporterisme, le lecteur finira au cœur des engagements les plus militants c'est-à-dire au côté des plus spectaculaires. Il découvrira alors que l'audience rime avec les déviances, qu'une passion débouche parfois sur un désordre public manifeste, que la cour de récréation peut se transformer en un terrain de jeux apparemment très sérieux. Comment expliquer qu'une activité du temps libre accueille du comportement provocateur, belliqueux et plus rarement fondamentalement violent ? Et pourquoi le continent noir du supporterisme est-il habité par de jeunes passionnés ? Ceux-là sont-ils annonciateurs de changements sociaux contrariants et inquiétants ? Ce livre donne des réponses, débouche sur des incertitudes, fait comprendre les mécanismes de l'identification, explique autrement une passion collective des plus modernes mais ne plonge pas le supporterisme dans la problématique de la psychologie des foules.
La complexité des liens entre éthique et spectacle sportif justifi e une approche interdisciplinaire. Les communications ici rassemblées s'efforcent, à partir d'un éclairage philosophique, historique, sociologique et juridique, de confronter l'exigence éthique (se retrouvant dans les notions de fair-play ou encore d'idéal olympique) et le processus complexe de spectacularisation mondialisée des pratiques sportives.
Le département du Pas-de-Calais constitue pour le football association une véritable terre d'élection, depuis ses premières formes d'implantation observées dès la fi n du XIXe siècle jusqu'à l'achèvement de son processus d'enracinement, à la veille de la seconde guerre mondiale. Cette histoire du football nordiste peut contribuer à mieux comprendre les phénomènes observés dans la première moitié du XXe : constitution des premiers clubs et essaimage des pratiques avant 1914, organisation des compétitions et des instances dirigeantes dans les années vingt, affimation de formes complexes de sociabilité et d'identités sportives qu'accélère le choix du professionnalisme dans les années trente. Objet scientifique légitime, le football peut ainsi éclairer l'histoire des pratiques socioculturelles au XXe, à partir d'une étude régionale qui aura démontré la pertinence de l'expression terre de football pour le département du Pas-de-Calais.