Une socio-histoire d'un espace transfrontalier de qualification
À la question " Qu'est-ce que tu deviens? ", les habitants des zones frontalières françaises du Luxembourg, qui pour parfois plus de la moitié de la population active travaillent au Grand-Duché voisin, répondent souvent: " Je travaille au Luxembourg " comme si le lieu d'emploi devenait plus important que la profession ou le contenu du travail. L'analyse s'appuie sur des recherches ancrées dans le bassin de Longwy sur plus de 40 ans dans trois secteurs du travail frontalier: la sidérurgie, la banque et le travail social.
La 1ère édition du Festival international de sociologie (FISO) s'est tenue du 19 au 24 octobre 2015 à Epinal sur le thème des " figures de l'engagement ". Au cours de ce festival, les troisièmes biennales Durkheim-Mauss invitaient les sociologues, et plus largement les chercheurs en sciences sociales, à livrer leur lecture de l'engagement. Dans cet ouvrage nous réunissons les contributions de chercheurs qui donnent à lire la diversité de ces figures de l'engagement. Diversité par les objets d'engagement d'abord. Lorsqu'on s'engage c'est pour une cause, pour défendre une représentation ou une pratique jugée légitime, souhaitable et/ou pour en combattre d'autres dans des domaines les plus variés. On s'engage dans sa profession, dans l'art, la politique, les pratiques quotidiennes, son lieu de vie… autant de champs étudiés par les contributeurs de l'ouvrage. Ces figures de l'engagement sont également diverses par la focale choisie par les auteurs pour en analyser les déterminants: le niveau macro des propriétés sociales générales, le niveau méso des groupes sociaux impliqués et le niveau micro des biographies individuelles. La diversité s'exprime enfin à travers les formes d'organisation et les registres d'action mis en œuvre, qui montrent les multiples entendements de l'action collective, les différentes manières dont le collectif est fondé dans l'action engagée.
L'histoire de la sociologie est une histoire d'engagements contrairement à ce que laisse supposer une fausse idée de la " neutralité axiologique " séparant artificiellement le travail scientifique qui produit le savoir (scholarship) et l'engagement consistant à porter ce dernier dans l'espace public (commitment).Le Festival International de Sociologie, en prenant comme thème de sa première édition " les figures de l'engagement ", invitait déjà à interroger l'engagement de celles et ceux qui exercent le travail de sociologue mais aussi de manière plus générale le travail d'intellectuel, concept forgé notamment en France il y a plus d'un siècle à l'occasion de l'affaire Dreyfus.La figure du chercheur engagé se raréfierait, la posture du scholarship with commitment chère à Pierre BOURDIEU déclinerait. Les contributions rassemblées dans cet ouvrage infirment ce diagnostic. Par un retour sur quelques histoires collectives et singulières d'engagement, une relecture de certains paradigmes, une interrogation épistémologique et réflexive sur les formes d'engagement, les auteur-e-s nous invitent, chacun-e à leur manière, à reconsidérer les liens infrangibles entre engagements et sciences sociales.
Cet ouvrage est issu des travaux organisés lors d'un séminaire de recherche du 2L2S (en partenariat avec le GIP-LorPM) et trois journées d'études produites dans le cadre d'un Master 2 professionnel préparant au secteur de l'Insertion par l'Activité Economique (IAE) et du travail protégé (développé par l'ISAMIAE Nancy) sur le thème de l'insertion et la réinsertion des publics éloignés de l'emploi, y compris la catégorie jeune, sur la période des décennies 2000 et 2010. Ces contributions permettent de rendre compte de la persistance d'acceptions multiples au terme insertion, d'usages différenciées de la notion par les acteurs institutionnels et professionnels, y compris dans un secteur a priori unifié comme l'IAE.Rassemblant des contributions de chercheurs issus de diverses disciplines, principalement en sociologie et en économie, et de travailleurs sociaux, l'ouvrage est destiné aux professionnels de l'intervention sociale, au contact des publics et en position de management des équipes et des dispositifs des politiques de l'emploi, tout comme ceux en charge de la mise en œuvre de ces politiques publiques et enfin, à tous ceux que le sujet de l'insertion intéresse.
Depuis son apparition au XIXe siècle, l'Economie Sociale et Solidaire (ESS) semble vouloir relever deux défis à la fois complémentaires et contradictoires. D'une part, elle se veut une solution concrète et pragmatique à la question sociale et à ce titre tente de corriger les excès du capitalisme et de l'industrialisation. D'autre part, elle endosse parfois le rôle d'un laboratoire d'invention démocratique d'une autre manière de produire, de hiérarchiser et de satisfaire les besoins, avec la volonté de transformer radicalement les logiques socio-économiques dominantes.Le débat autour de l'innovation sociale apparaît aujourd'hui comme central pour interroger cette double ambition de l'ESS. Toutefois, cette notion fait l'objet depuis quelques années d'un travail important de réappropriation et d'instrumentalisation par les pouvoirs publics tant au niveau européen, national que local. L'innovation sociale telle qu'elle est redéfinie à cette occasion, semble réduire le rôle de l'ESS à sa première logique constitutive: atténuer les conséquences négatives du capitalisme. Comment donc soutenir la diffusion de l'innovation sociale, sans que sa récupération par des acteurs issus des secteurs publics ou privés lucratifs ne conduise à effacer les choix de société dont elle pouvait être porteuse dans le champ de l'ESS? Le défi de l'innovation sociale pour l'ESS se situe donc dans ce contexte d'une normativité produite en dehors d'elle et susceptible de l'enrôler. Il y a dès lors un enjeu fort pour les acteurs de l'ESS de définition et de réappropriation sémantique de la notion, faute de quoi ce qui demeurerait impensé risque bien de laisser place à une instrumentalisation par les institutions politiques qui en proposent aujourd'hui une définition conforme à leurs propres objectifs.C'est ce à quoi les 12e journées du RIUESS (Réseau inter-universitaire à l'économie sociale et solidaire) qui se sont déroulées à Nancy en juin 2012 ont été consacrées en invitant chercheurs et acteurs de l'ESS à définir les contenus et les enjeux de l'ambition ou de l'injonction à l'innovation sociale. Cet ouvrage retrace une partie des débats qui ont eu lieu à cette occasion.
Habiter dans un pays et travailler dans un autre pays, c'est tout l'objet de cet ouvrage.Qui sont les personnes concernées ? Comment sont-elles perçues et reconnues ? Quelles sont leurs pratiques ? Comment le phénomène du travail frontalier a-t-il évolué ces dernières décennies ? Quels sont ses enjeux et ses perspectives ?Géographes, économistes, sociologues et historiens ont rassemblé leurs travaux pour tenter de répondre à ces questions. Dans une démarche collective et pluridisciplinaire, cet ouvrage dresse un état des connaissances sur ce sujet au sein de la Grande Région Saar-Lor-Lux, où 200 000 personnes vivent et travaillent dans deux pays différents. Au Luxembourg, les travailleurs frontaliers constituent 44 % de la main-d'œuvre salariée. En Lorraine, près d'un actif sur dix travaille de l'autre côté des frontières. C'est dire l'importance du phénomène et ses répercussions dans des domaines aussi divers que la formation, les transports, l'immobilier...
Le salariat connaît une phase critique de son histoire, suscitant un débat sur la signification de ses métamorphoses et les horizons possibles de son devenir. S'agit-il de renforcer les institutions du salariat ? De créer de nouveaux droits attachés à la personne, non à l'emploi ? De rechercher l'émancipation du travail au-delà du salariat, en concevant aussi de nouvelles formes d'association et de coopération ?Cet ouvrage s'insère au sein de ce débat en partant de deux figures professionnelles, l'intermittent du spectacle et le journaliste pigiste. Figures d'exception du point de vue du droit du travail, elles sont exemplaires des mutations du salariat pour trois raisons : il s'agit de figures hybrides qui se situent entre le travail salarié et le travail indépendant, de travailleurs précaires et qui intègrent des organisations du travail par projet.Tout au long de l'ouvrage, les deux coordinatrices mettent en dialogue intermittents du spectacle, directeurs de compagnie, journalistes pigistes et chercheurs en sciences sociales et cherchent à en tirer des conclusions plus générales pour l'invention d'un salariat au-delà du salariat.Ce livre s'adresse aux chercheurs en sciences sociales, aux professionnels du spectacle ou du journalisme et à tous ceux qui s'intéressent au futur du travail et de la protection sociale.
Dans la nuit du 26 au 27 juin 2003 est signé au sein de l'UNEDIC un protocole d'accord qui durcit les règles de l'indemnisation du chômage des salariés intermittents du spectacle. En quelques jours, la mobilisation prend une ampleur qui surprend aussi bien les différents observateurs que les principaux animateurs du mouvement. La " CGT spectacle " appelle à une journée de grève. Des collectifs et des coordinations se forment, se reforment ou se renforcent dans de nombreuses villes et régions de France et organisent la contestation.Cet ouvrage, qui repose sur une enquête ethnographique menée pendant trois ans auprès d'un collectif d'intermittents en Lorraine et de la coordination des intermittents et précaires d'Île-de-France, pose la question suivante : comment un groupe hétérogène (artistes, employés, ouvriers, techniciens, ingénieurs de divers secteurs du spectacle) composé de salariés précaires exerçant dans un secteur économique lui aussi précaire, parvient-il à se mobiliser et à agir collectivement ? Répondre à cette question suppose d'abord de comprendre le passage individuel à l'action collective, et pour cela de prêter attention aux ressources des intermittents et à celles que leur apportent leurs soutiens, mais aussi d'observer la manière dont ils ont pu retourner un certain nombre de conditions a priori défavorables à leur avantage. Cela implique ensuite de saisir la manière dont les individus et les groupes engagés ensemble mais aussi concurremment dans la mobilisation se dotent (ou non) d'une identité collective rassembleuse, d'une définition commune des enjeux de la lutte et d'un répertoire d'action partagé.L'observation de cette mobilisation révèle que ni les situations de précarité que subissent les participants potentiels, ni la désorganisation de leurs secteurs d'activité, ni l'hétérogénéité du groupe a priori concerné ou du mouvement dans son ensemble ne forment en soi les conditions d'impossibilité d'une mobilisation collective ou un frein indépassable à sa réalisation. Dès lors, l'hypothèse contre intuitive qui forme le fil directeur de cet ouvrage est la suivante : non seulement la précarité, l'individualisation et l'hétérogénéité des intermittents du spectacle ne forment pas en elles-mêmes des freins à leur mobilisation, mais elles peuvent à l'inverse, paradoxalement, contribuer à remplir les conditions propices à la réussite de leur mouvement.
Le paradoxe est saisissant : le travail est célébré comme il ne l'a jamais été au moment même où sont mis en lumière les crises, les maux et les affres qui attaquent ses fondements. A l'heure où les œuvres cinématographiques et littéraires mais aussi les écrits scientifiques mettent le projecteur sur la question de la souffrance au travail, n'est-il pas opportun de réinterroger, en suivant les traces d'Émile Durkheim et de Marcel Mauss, les composantes du travail-institution, d'analyser les formes modernes du travail à l'aune des fonctions qui lui sont assignées ?Cet ouvrage tiré des premières biennales Durkheim-Mauss organisées par la Société d'Émulation du Département des Vosges et le Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales porte sur le travail, fait social total qui met en branle la totalité de la société et de ses institutions.40 contributeurs ont d'une manière ou d'une autre à un titre ou à un autre placé leurs pas dans ceux de Durkheim et de Mauss pour penser la réalité contemporaine du travail autour de trois thématiques : solidarités et dons au travail (Partie I), formes nouvelles de division et de coopération du travail (Partie II), l'engagement altruiste et les éthiques professionnelles à l'épreuve de la modernisation managériale (Partie III).
Tome 1 - De la construction sociale du rapport salarial
La sociologie du travail, par-delà ses horizons pluriels d'investigation, a affirmé de façon récurrente la centralité du travail ; le travail est alors posé comme le fondement et la matrice de la vie en société. Paradoxalement, elle a laissé au moins partiellement dans l'ombre l'analyse des transformations de la forme sociale toujours dominante qui détermine les conditions du travail et de sa reproduction : le salariat. C'est autour de cette question que les XIIe Journées Internationales de Sociologie du Travail ont rassemblé les chercheurs à Nancy les 24, 25 et 26 juin 2009 les conviant à débattre des formes et structures du salariat. Deux opus en ont été tirés.De la construction sociale du rapport salarial tente de saisir non seulement le jeu social complexe des " acteurs " aux logiques différentes, mais aussi le poids des institutions, des accords politiques, des trajectoires sociétales... et leurs conséquences sur différentes composantes du rapport salarial. Ce premier tome procède par un détour par l'histoire et aborde le salariat par certaines de ses frontières, avant d'en faire le pivot de la compréhension de la dynamique et des crises du capitalisme par le traitement de la double transformation de l'organisation du travail et des structures mêmes des entreprises. Les formes contemporaines du rapport salarial sont données à voir à travers les relations professionnelles, les systèmes d'emploi et les salaires ; l'appréhension de leurs mutations mettent au jour certaines évolutions significatives du processus de socialisation de l'activité de production sous le capitalisme.
Tome 2 - Des normes et transformations du travail salarié
La sociologie du travail, par-delà ses horizons pluriels d'investigation, a affirmé de façon récurrente la centralité du travail ; le travail est alors posé comme le fondement et la matrice de la vie en société. Paradoxalement, elle a laissé au moins partiellement dans l'ombre l'analyse des transformations de la forme sociale toujours dominante qui détermine les conditions du travail et de sa reproduction : le salariat. C'est autour de cette question que les XIIe Journées Internationales de Sociologie du Travail ont rassemblé les chercheurs à Nancy les 24, 25 et 26 juin 2009 les conviant à débattre des formes et structures du salariat. Deux opus en ont été tirés.Des normes et transformations du travail salarié cherche à comprendre les mouvements du travail et de l'emploi qui affectent la mise en forme du travail salarié et réinterroge par là-même des catégories classiques de la sociologie. Ce second tome revient ainsi sur les formes contemporaines de la division du travail à l'aune de l'extension des normes gestionnaires, et porte ensuite l'analyse sur la dynamique de rationalisation du travail et les nouvelles régulations. La compréhension des processus d'individualisation à l'œuvre via différents dispositifs de gestion et la description de recompositions de professions sous la férule de " la modernisation " mettent en lumière des transformations qui tout à la fois altèrent les formes et structures du salariat et portent celles qui vont advenir.
Histoire de la coordination des négociations collectives nationales
" Un livre rare, sur un sujet décisif " (extrait de la préface de Bernard Friot).Historiquement, le salaire a toujours été au cœur de l'identité syndicale au niveau national. Or, à l'échelle de l'Union européenne, l'euro-syndicalisme a longtemps abandonné le salaire, considéré comme un sujet " tabou ". Et la modération salariale, initiée dans les années 1980 a progressivement été acceptée.Comment les euro-syndicats peuvent-ils inventer aujourd'hui de nouvelles stratégies pour renouer avec la tradition de la défense du salaire ? Quelles revendications soutiennent-ils ? Un salaire minimum européen ?Cet ouvrage détaille les initiatives syndicales mises en œuvre depuis le début des années 1990 pour coordonner les négociations collectives nationales sur trois niveaux (interprofessionnel, sectoriel et transfrontalier) au sein de la Confédération européenne des syndicats, des fédérations syndicales européennes (en particulier celle des métallurgistes), et du groupe de Doorn (Allemagne et Benelux).Longtemps méconnue, l'histoire de la coordination salariale invite pourtant à jeter un regard nouveau sur la négociation collective et les relations professionnelles, à l'échelle européenne. Son cadre dépasse en effet le seul " dialogue social européen ". Processus politique, la coordination vise à renforcer, à court-terme, la position des syndicats lors des négociations nationales et, à plus long terme, à rendre possible des négociations au niveau européen. La tâche est immense, l'exercice extrêmement complexe.Anne Dufresne identifie ici les raisons de la lenteur avec laquelle la négociation salariale s'européanise. Elle met en lumière son obstacle fondamental : la dépolitisation du salaire sous la contrainte du cadre macro-économique imposé par l'Union économique et monétaire. Mais l'auteure révèle aussi, et surtout, l'ampleur du travail syndical déjà accompli d'échange d'information et d'apprentissage croisé, au-delà des frontières, gage d'une capacité future de mobilisation européenne.Le salaire sera-t-il un jour au cœur de l'euro-syndicalisme ?