Lauréat du prix Nobel de littérature en 1969, Samuel Beckett (né à Dublin en 1906 et mort à Paris en 1989), certainement le plus français des écrivains irlandais, a modifié notre façon d'envisager l'art de raconter des histoires, et celui de montrer les corps au théâtre. Ce petit livre revient sur sa carrière étonnante comme romancier et dramaturge, mais aussi comme essayiste, traducteur et auto-traducteur, et sur une oeuvre qui a jalonné toutes les grandes crises du xxe siècle. Il prend le parti de suivre au plus près l'imaginaire d'un auteur réputé difficile, depuis ses romans les plus foisonnants écrits dans le sillage de Joyce, jusqu'aux textes très austères et minimalistes des dernières décennies.
En publiant en 1981 Midnight's Children (Les enfants de minuit) qui a reçu le prix Booker des Bookers, une distinction nouvelle le désignant comme le meilleur de tous les romans primés en un quart de siècle, Salman Rushdie a contribué à redonner à la littérature indienne un rayonnement digne de son importance. S'abreuvant à la source indienne (la mythologie hindoue, la poésie de langue ourdoue, la tradition orale des conteurs) tout en s'inscrivant dans la tradition du roman anglais, l'écriture de Salman Rushdie a su mêler les influences et mâtiner la langue anglaise avec une fertile inventivité. Son œuvre a inspiré toute une génération de jeunes écrivains talentueux : des Indiens anglophones, baptisés "enfants de Rushdie" par les médias, mais aussi de jeunes Britanniques issus de l'immigration. L'auteur des Versets sataniques aime à célébrer "le transport" en liant subtilement traduction, migration et métaphore. Comme le suggère le titre de son dernier recueil d'essais, Franchissez la ligne, l'écriture transportée de Salman Rushdie nous enjoint toujours d'aller voir de l'autre côté.
Plus de quarante années séparent la publication du premier roman de David Lodge, The Picturegoers (1960), inédit en France, de celle de Thinks…, au printemps 2001. Quarante années qui ont été le cadre de bouleversements économiques, politiques, sociaux et, partant, culturels, au Royaume-Uni et même à l'échelle planétaire. Au cours de ces décennies, l'Angleterre a quitté la période de l'après-guerre pour entrer dans l'ère postmoderne. Ce passage, peu d'œuvres en portent la marque autant que celle de David Lodge, auteur de onze romans, de plusieurs nouvelles, d'une novella, d'une pièce de théâtre et de diverses adaptations télévisées de ses propres textes. David John Lodge, né dans le quartier populaire de Brockley, au sud de Londres, en 1935, dans une famille catholique modeste est un enfant du siècle : enfant de la seconde guerre mondiale, de l'après-guerre, de la rupture culturelle des années soixante, de la fin du siècle et du nouveau millénaire.