L'arobase, aujourd'hui symbole omniprésent de la communication électronique, se définit par une forme universelle – @ – et par des noms infiniment variés selon les langues. Ses origines, perdues dans la nuit des temps, ont donné lieu à des explications multiples et contradictoires, confondant l'histoire d'un tracé, de ses fonctions et de ses désignations. Marc Smith recompose pour la première fois l'histoire de l'arobase, du Moyen Âge jusqu'à nos jours, comme un cas à la fois insolite et exemplaire de l'évolution des signes écrits qui accompagne le constant changement des sociétés et des techniques.
Qui sont les ennemis du livre? Dit-on "défaits" ou "défets" de reliure? Et pourquoi ne devrait-on pas parler de "peau de truie"? C'est à ces questions insolites que se propose de répondre cet abécédaire. Il fait voyager le lecteur de "l'amour" au "z" gothique zigzagant parmi les caractères romains, en passant par la "coquille", le "ut!" ou "(la salle) Y" de la Bibliothèque nationale de France. Sous ces entrées décalées, sont abordées les principales facettes du livre ancien envisagé dans sa matérialité.
De la désinvolture à la compassion dans la littérature médiévale
La liberté de disposer de soi-même est un principe admis par les penseurs médiévaux, mais peu appliqué s'agissant des femmes. Les clercs qui tiennent la plume admirent cette liberté dans le choix de la chasteté des saintes et religieuses; le libre consentement accompagnant une union reste pour eux un idéal. Les faits réels sont moins idylliques et les contraintes envers les femmes sont constantes. Les historiens font montre d'une réprobation discrète; les poètes fantasment parfois avec désinvolture sur des récits de viol, mais composent aussi des lamentations d'abandonnées, de religieuses sans vocation et d'épouses maltraitées. Pourtant, on voit naître, surtout à partir du XIIe siècle et dans les romans, une compassion qui se fait véritable sympathie et compréhension.
La conservation intégrale du passé est-elle possible, voire souhaitable? En 1986, Michel Melot s'interrogeait avec ironie sur les motivations et les effets de la préservation et la transmission des archives de toute nature. Aujourd'hui, à l'heure de l'archivage numérique massif, ce texte garde toute sa pertinence. Aucun effort, aussi grand fût-il, ne permettra jamais à l'historien et au public de revivre une absolue reconduction du temps: le pouvoir de l'archiviste réside avant tout dans sa dimension symbolique.
Longtemps les historiens ne se sont guère préoccupés de l'animal, abandonnant celui-ci aux recueils d'anecdotes et à la "petite histoire". Leur attitude a toutefois changé au cours des dernières décennies, et l'animal est enfin devenu un objet d'étude à part entière. Dans cette mutation, les médiévistes ont joué un rôle pionnier, mais pour ce faire ils ont dû affronter différents obstacles. S'il est patent que le Moyen Âge est prolixe sur les animaux – sans doute plus que toute autre époque, du moins en Europe – la zoologie médiévale n'est pas la zoologie moderne: les pièges de l'anachronisme guettent le chercheur à chaque coin de document. Après avoir exposé ces obstacles et ces pièges, l'ouvrage de Michel Pastoureau présente les principaux terrains documentaires sur lesquels peut s'aventurer l'historien, parmi lesquels: les bestiaires et le Roman de Renart pour ce qui est des textes; les miniatures pour ce qui est des images. Ce faisant, il s'interroge sur plusieurs questions essentielles. Que faire des savoirs de notre temps quand on est historien d'un passé lointain? Comment éviter de conduire des enquêtes téléologiques? En quoi la zoologie d'aujourd'hui aide-t-elle à étudier la zoologie médiévale? Nos connaissances actuelles ne sont pas des vérités, seulement des étapes dans l'histoire des savoirs.