Avorter au MLAC, une histoire entre féminisme et médecine
La promulgation de la loi relative à l'IVG en 1975 est un retournement majeur dans l'histoire des femmes: l'État parvient enfin à réguler la pratique abortive. Faisant de l'acte une prérogative exclusive des médecins, la " loi Veil " est un retour à l'ordre. Elle referme une phase d'appropriation revendiquée des savoirs abortifs par des femmes ordinaires. Comment expliquer que, à un moment de l'histoire où la maîtrise de l'avortement par le groupe social des femmes est à portée de main, cette possibilité tourne si rapidement court?Pour élucider cette énigme, Lucile Ruault s'intéresse au Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception (MLAC), et en particulier à l'action insoupçonnée de groupes dissidents ayant poursuivi la pratique des aspirations abortives jusqu'en 1984. En montrant que la constitution de l'avortement en question sanitaire a été l'enjeu de conflits, cette ethnographie historique tient ensemble la médicalisation de l'avortement et les résistances à ce processus par la pratique abortive profane, dans un sens féministe.
Les artistes femmes sont moins visibles que les artistes hommes dans les expositions, les collections publiques et privées et sur le marché de l'art contemporain. Elles sont pourtant majoritaires dans les écoles d'art et presque la moitié des artistes plasticien.nes sont des femmes. Comment expliquer ce paradoxe? Les artistes femmes seraient-elles moins talentueuses que les hommes? Leur travail de moins bonne qualité?Cet ouvrage propose un éclairage inédit sur les inégalités de genre dans les carrières artistiques en s'intéressant aux parcours des diplômé.es d'une prestigieuse école des beaux-arts française. Il est fondé sur une enquête d'envergure, réalisée entre 2014 et 2018, faite de données quantitatives, d'entretiens et d'observations. Du recrutement dans l'école à l'exposition en galerie, en passant par la formation artistique et la construction d'un réseau professionnel, cet ouvrage rend compte des mécanismes défavorables aux carrières artistiques féminines et saisit les ressorts qui permettent de réussir malgré tout. Ce faisant, il enrichit notre compréhension des résistances et des ressources nécessaires à la progression des femmes dans les professions supérieures.Ouvrage destiné à un large public, il intéressera, au-delà des universitaires, des artistes et des professionnel.les de la culture, toutes celles et ceux souhaitant comprendre la fabrique et le maintien des inégalités de genre dans les arts et les mondes du travail.
Y a-t-il un problème entre les femmes et les sciences, voir entre les femmes et le fait de savoir en général? Non, bien sûr que non. Et pourtant, la rumeur continue à circuler en boucles paresseuses, la misogynie des doctes n'a pas désarmé, l'égalité est loin d'être là et des énoncés assurant que les vraies femmes sont illettrées continuent d'être publiés.Michèle Le Dœuff entraîne lectrices et lecteurs dans des fouilles archéologiques visant à retrouver l'origine enfouie de réflexes toujours contemporains, dont l'ampleur reste à mesurer: existe-t-il un lien entre la méconnaissance des rapports sociaux entre les sexes, les mécanismes subtils ou grossiers mis en œuvre par les institutions intellectuelles pour maintenir en leur sein autant de domination masculine qu'elles peuvent et le mode de constitution des savoirs que l'école diffuse ou ne diffuse pas?Un parcours savant et caustique en compagnie de Platon, Christine de Pisan, Thomas More, Gabrielle Suchon, Bacon, John Stuart Mill, Harriet Taylor... Ou comment, sortant de sentiers battus, il paraît nécessaire de réinventer certaines questions: pourquoi la culture est-elle supposée diminuer le sex appeal? Pourquoi y a-t-il des choses que bien des hommes ne veulent pas comprendre? Et comment l'intuition est-elle venue aux femmes?
Une autre histoire du Mali contemporain (1956-1991)
Depuis 2012, le Mali est plongé dans une crise qui semble s'enraciner. Le récit proposé ici se situe aux antipodes des représentations chaotiques diffusées à l'égard de ce pays africain. Ce livre raconte une histoire mixte, celle des combats multiples menés par les femmes et les hommes du Mali qui, en dépit de la répression, se sont révoltés, insurgé, mobilisés contre l'ordre établi et pour faire vivre leurs rêves. Situé à la croisée de l'histoire du genre et de la sociologie des mouvements sociaux, l'ouvrage propose une analyse inédite des dynamiques sexuées qui imprègnent les formes de l'action collective et de la manière dont l'engagement contribue à modifier les rapports de genre dans le Mali contemporain. De décolonisation en 1960 à la révolution de mars 1991, quatre décennies de luttes sociales et politiques ont façonné l'histoire éminemment non consensuelle de ce pays.