Loin d'aborder uniquement les métiers et les formations en milieu scolaire, l'orientation doit de plus en plus composer avec le renouvellement de questions classiques (faut-il promouvoir le remplissage des filières, au risque de reproduire leur composition sociale ? Doit-on inciter les élèves à anticiper leur professionnalisation, et soumettre ainsi le système éducatif aux évolutions projetées des marchés du travail ?) comme avec l'émergence d'interrogations plus récentes en matière d'inégalités sexuées de parcours, d'autocensure des élèves de milieux populaires, d'inclusion scolaire et professionnelle des élèves en situation de handicap…En individualisant leur accompagnement et en reconnaissant l'importance du développement personnel dans la fabrique des choix scolaires et de ce qu'ils autorisent, les conseillers d'orientation de l'Éducation nationale – devenus les psychologues de l'Éducation nationale depuis la circulaire d'avril 2017 – consolident à leur manière une conception psychologisante du " projet " de l'élève. Prescripteurs d'orientations institutionnelles dans un secteur scolaire soumis au feu de la critique, ouvert à d'autres formes d'interventions, n'illustrent-ils pas une mission et un " métier impossible " dans une conjoncture où l'institution scolaire n'en finit pas de chercher à se recomposer ?
Il a été longtemps été considéré que l'échelle nationale était la seule compatible avec les objectifs d'égalité du système éducatif en France. Cette " indifférence " de l'école à ses territoires a été remise en cause depuis quarante ans.Les recherches sociologiques ont d'une part montré que l'uniformité nationale formelle pouvait s'accommoder de larges inégalités réelles de traitement des élèves. La décentralisation et les politiques d'éducation prioritaires initiées dans les années 1980 ont d'autre part amendé le pilotage strictement national de l'éducation.Ce débat est toujours d'actualité, comme le montrent par exemple le lancement de " Cités éducatives " dans l'enseignement scolaire ou la différenciation des métropoles universitaires par les " politiques d'excellence ". Faut-il approfondir la diversité territoriale ou maintenir en priorité le cadre national? Les tensions sont toujours présentes dès qu'il s'agit d'imaginer des décisions éducatives qui prennent autant leur source au niveau local qu'au niveau national.Pour dresser un bilan des savoirs sur ces questions cet ouvrage rassemble des chercheurs spécialistes de la relation entre l'éducation et ses territoires, de l'école rurale à l'université, ainsi que des responsables éducatifs, au niveau national et local, qui se sont particulièrement investis dans la dimension territoriale de l'éducation.
Qu'ils arrivent seuls ou en famille, en situation légale ou irrégulière, les jeunes d'âge scolaire constituent une partie essentielle des flux migratoires. De nationalité étrangère ou nés hors de la France métropolitaine, ils et elles ont massivement connu l'école " ailleurs ". De nationalité française, ils communiquent régulièrement dans une autre langue que le français avec leurs parents.Or, en valorisant la culture et la langue nationales, l'école française n'accentue-t-elle pas le poids de l'origine ethno-culturelle dans les performances scolaires? Quels dispositifs et quelles orientations de l'action éducative peuvent conforter l'espoir de mobilité sociale qui accompagne les projets migratoires? Que disent les enquêtes de suivi sur la capacité de l'école à faire réussir les élèves " nouvellement arrivés " au même titre que les élèves " durablement installés "? Dans quelle mesure l'histoire de l'immigration et des itinérances oriente-t-elle non seulement le recrutement scolaire, mais les pratiques pédagogiques?À l'épreuve des circulations et des parcours des jeunes d'origine immigrée, des jeunes réfugiés ou des jeunes " du voyage ", l'institution scolaire révèle des rigidités différentes selon son cadre sociétal de référence, et des souplesses parfois inédites.À partir de la double considération des élèves migrants et des enfants d'immigrés, cet entretien Ferdinand Buisson ouvrira donc la réflexion sur les capacités et les limites actuelles de l'école à valoriser les migrations à la fois comme projets de mobilité sociale, comme épreuves de déclassement et comme parcours d'accès aux droits.
Le " monde enseignant " est un objet de fantasme social et politique de longue date. L'illusion d'une certaine unité de ce groupe social perdure, en décalage avec les études qui soulignent les segmentations, voire les fractures qui le divisent. Les " profs " peuvent tour à tour être perçus comme des agents du service public en première ligne pour défendre les valeurs républicaines ou des représentants d'une profession libérale rétive au changement, comme des fonctionnaires injustement reconnus ou au contraire trop corporatistes. Au sein même du monde enseignant, la caractérisation de la " professionnalité " est loin d'être consensuelle. Quelles sont les places respectives des savoirs disciplinaires et des savoirs pour enseigner ? Malgré la production de nombreux référentiels de compétences, ce qui fait aujourd'hui un " bon enseignant " n'est pas évident. Peut-on pour autant parler d'une déprofessionnalisation enseignante au regard de l'évolution de la mission d'éducation que confie la société aux enseignants? À l'inverse, des formes de requalification qui renouvelleraient la vocation et le mandat social de l'enseignant sont-elles à l'œuvre ?Cet ouvrage fait à la fois un bilan des connaissances sociologiques sur le monde enseignant et aborde par des exemples concrets les enjeux l'identitité professionnelle des enseignants.
La loi du 11 février 2005, qui consacre le passage de " l'intégration " à " l'inclusion " des personnes en situation de handicap en compensant les obstacles à l'autonomie et à la réussite que crée un environnement inadéquat, est devenue emblématique dans le champ scolaire. Dans le cas français, le nombre d'élèves handicapés scolarisés en milieu ordinaire a connu une progression de près de 80% depuis 2006. À la question des conditions d'accessibilité au droit, qui semble aujourd'hui largement résolue, a succédé celle des limites de " l'inclusivisme ": l'école (et notamment l'enseignement secondaire) peut-elle s'adapter à tout type de déficience? Jusqu'où le cadre institutionnel, et les professionnels qui le font " tenir " au quotidien, peut-il s'adapter aux exigences de la différenciation pédagogique que nécessitent ces élèves? Faut-il dès lors inventer de nouveaux métiers d'accompagnement des parcours au risque de multiplier des interventions fragmentées, ou enrichir le curriculum de formation de manière à mieux outiller les enseignants, en courant ainsi le risque d'un traitement segment des publics scolaires? Par ailleurs, on peut se demander du côté des élèves et de leurs familles, quel type d'expériences scolaires le handicap peut susciter. Une fois de plus, le fonctionnement à la fois public et intime de l'institution scolaire ouvre de nouvelles pistes et catégories d'analyse pour penser notre société à l'épreuve (civique) de la diversité et de l'altérité.
In France, debates on this subject alternately put autonomy as a weapon "against" teachers or as a means of "unlocking" them. Rather than sticking to common controversies, this book provide international literature and casev s
La publication des résultats de l'édition PISA en décembre 2016 a donné lieu à un certain bruit médiatique. On constate depuis quelques années un écho croissant des enquêtes internationales, qui donnent l'occasion d'étalonner les résultats ou les performances des systèmes éducatifs, pour le meilleur comme pour le pire. Quelle est l'utilité réelle de ces comparaisons internationales ? Comment sont-elles reçues et utilisées ? Suffit-il de rassembler des données de plusieurs pays pour comprendre ce qui s'y passe vraiment ?Par ailleurs, la comparaison internationale ne se réduit pas aux grandes enquêtes de l'OCDE. Qu'il s'agisse de travaux de recherche ou d'échanges internationaux, on constate souvent que se déplacer en dehors de son système éducatif génère des effets puissants.En dénaturalisant des façons de voir ou des façons de faire fortement ancrées dans une tradition ou une routine nationale, ces comparaisons amènent à considérer " notre " éducation sous un jour nouveau.Comme à l'occasion de chaque Entretien, des chercheurs et des praticiens confrontent leurs visions dans l'objectif de favoriser les interactions entre recherches universitaires et pratiques professionnelles.
Le bac professionnel fête cette année ses 30 ans. Les lycées professionnels, récemment réformés, accueillent environ 700 000 élèves. L'essentiel de la " démocratisation " du baccalauréat a reposé ces trente dernières années sur la progression des effectifs. Il n'en reste pas moins que la voie professionnelle reste une solution par défaut, fréquemment considérée comme une voie de relégation scolaire et sociale.Comment s'y prennent alors les acteurs de ces lycées pour enseigner à des jeunes souvent marqués par des échecs antérieurs et un rapport compliqué à la culture scolaire? Les savoirs en jeu et la façon dont on apprend s'en trouvent-ils modifiés? Quelle est la place de la voie professionnelle dans l'ensemble de l'enseignement secondaire? Quels sont les changements en cours et envisageables au regard des évolutions de la société?Une approche sociologique et économique de la filière professionnelle, une analyse didactique des contenus, un regard d'inspecteur sur l'évolution institutionnelle, un témoignage d'enseignante sur des parcours singuliers viennent dans ce livre répondre à ces questions stimulantes, et replacer la voie professionnelle au cœur des débats éducatifs.Avec les contributions de:Éric VerdierDirecteur de recherche en sociologie et économie ( (Laboratoire d'économie et de sociologie du travail, UMR CNRS – Aix Marseille Université) Xavier SidoAncien PLP maths-sciences, Xavier Sido est maître de conférences en Sciences de l'Éducation (didactique des mathématiques) au laboratoire Théodile-Cirel Lille 3. Spécialiste de l'histoire de l'enseignement des mathématiques dans l'enseignement professionnel, il publie notamment cette année dans l'ouvrage collectif dirigé par Yves Reuter: Vivre les disciplines scolaires. Vécu disciplinaire et décrochage scolaire (sortie le16 juin 2016 chez ESF éditeur) un chapitre intitulé: Le vécu disciplinaire en lycée professionnel: des élèves (presque) comme les autres? Maryse LopezDocteure en sciences de l'éducation et formatrice à l'ESPÉ de Versailles, Maryse Lopez est membre du laboratoire ÉMA (École, mutations, apprentissages). Elle s'intéresse plus particulièrement aux finalités culturelles de la formation des futurs travailleurs. En septembre 2016 elle publiera notamment dans la revue Le Français Aujourd'hui un article " Quand les manuels scolaires éclairent l'histoire de la discipline français dans l'enseignement professionnel ". Jean-Pascal KaplinskyInspecteur de l'Éducation Nationale Sciences et Techniques Industrielles – Académie de Lyon.
Les enseignants doivent-ils se mêler de politique ou s'en méfier? Les pédagogues ont-ils intérêt à disposer de relais politiques? Les décisions du ministère ont-t-elles un impact réel sur le terrain? Ce qui se passe dans la classe ne doit-il concerner que des professionnels de l'éducation? Ce premier volume de la collection Entretiens Ferdinand Buisson, examine, sur la base de la confrontation d'approches d'universitaires et de praticiens, la question des relations entre politique et éducation.Les auteurs apportent ici des éclairages originaux et parfois inattendus, appuyés sur des exemples historiques et actuels qui permettent de renouveler la façon d'aborder la question.Avec les contributions de:Philippe Bongrand (MCF université Cergy-Pontoise), Hélène Buisson-Fenet (Chargée de recherche CNRS Triangle, ENS de Lyon), Clémence Cardon-Quint (MCF université Bordeaux), Olivier Coutarel (proviseur), François Jacquet-Francillon (PU émérite, université Lille 3), Jean-Yves Langaney (Inspecteur), Olivier Rey (ingénieur de recherche IFÉ, ENS de Lyon).