De cette île des Antilles nommée Porto Rico on ne sait pas grand-chose. Et pourtant, les racines hispaniques sont fortes comme en témoigne à travers le temps les nombreux ouvrages de littérature qui y ont été écrits en espagnol. Le statut particulier de Porto Rico " d'État Libre Associé " obtenu en 1952 met en relief (en ces termes-mêmes) toute l'ambigüité qui caractérise ce petit pays tant en matière politique que sociale ou culturelle. Et donc en toute logique l'élaboration de cet ouvrage s'est orientée vers la problématique de l'identité : une identité bipolaire et tronquée, productrice de cette " culture de la résistance " dont parle l'écrivain Eduardo Lalo. De fait, les diverses contributions qui le constitue mettent en avant qu'être portoricain est un combat de tous les jours. L'approche de ce volume est double?: majoritairement littéraire elle est cependant complétée par un regard et une réflexion socio-historiques.
Fondé en septembre 1935 en Espagne, le POUM (Parti Ouvrier d'Unifi- cation Marxiste) a joué un rôle important dans la guerre civile espagnole (1936-1939), principalement en Catalogne, région dans laquelle il était majoritairement implanté. Héritier des idées des penseurs marxistes (Karl Marx, Friedrich Engels, Auguste Bebel, Alexandra Kollontaï puis Lénine et Léon Trotsky), ainsi qu'en partie de l'idéologie anarchiste, il disparaît de la scène politique prématurément en juin 1937 lorsqu'il est déclaré illégal et victime d'une double persécution: franquiste et communiste. Nous proposons ici l'étude d'un aspect peu connu du parti jusqu'à aujourd'hui: les femmes du POUM. L'implantation d'un parti ouvrier dans l'Espagne de la Seconde République invite à comparer la situation des femmes dans le parti et la législation. N'oublions pas que la proclamation de cette République le 14 avril 1931 avait représenté une période d'ouverture et d'émancipation pour les femmes, notamment avec l'accès au droit de vote; des femmes qui jusqu'alors étaient considérées comme inférieures et " victimes " d'un modèle familial patriarcal très ancré dans la société et soutenu par l'État et l'Église. De ce fait, il semble intéressant d'étudier les rapports de sexe entre les militants et militantes du POUM afin de voir s'il existait une adéquation entre le discours du parti (égalité entre les sexes) et la réalité quotidienne. L'analyse de Cindy Coignard s'appuie sur plusieurs objets. L'action militante: sur le front mais aussi et surtout à l'arrière-garde, où l'on retrouve les femmes en politique (au sein du parti mais également dans leur propre Secrétariat, le SFPOUM), dans les moyens de communication (presse et radio), dans des organisations d'aide à la population civile (entre autres le Secours Rouge International) ou encore dans l'enseignement et l'aide aux enfants, beaucoup d'entre elles ayant été institutrices. Le problème de la survie du parti en exil se pose également et présente l'évolution d'un militantisme politique vers un militantisme plus culturel. En exil, ce sont principalement les casals et centres catalans qui ont permis aux femmes de maintenir une activité militante. En l'absence d'un organe de presse féminin en exil, l'existence même des centres a joué un rôle mobilisateur et toutes les activités qui ont eu lieu dans ce cadre-là ont été un important vecteur d'union et d'identification pour de nombreuses femmes; l'antifascisme ayant été l'argument commun de lutte.
L'engagement politique des femmes aux XXe et XXIe siècles
Sous quelles formes et dans quels espaces se déploient les engagements politiques des femmes? Et quels sont leurs effets sur ces mêmes espaces politiques? En marge des études plus institutionnelles de l'action politique, cet ouvrage nous invite à une réflexion sur les formes plurielles de l'engagement des femmes. En analysant des modalités d'actions très diverses, individuelles ou collectives, cette étude nous donne à voir des espaces politiques façonnés ou réinventés par celles qui ont longtemps été les grandes exclues de la Cité. Des formes les plus traditionnelles de l'engagement politique aux répertoires les plus novateurs, des pratiques les plus banales aux mobilisations les plus spectaculaires, les études ici réunies nous proposent une approche comparative en mettant en lumière des femmes d'origines géographiques et sociales diverses, dans des contextes socio-politiques tout aussi variés, du début du XXe siècle à nos jours. Guérilléras d'hier ou Femen d'aujourd'hui, paysannes espagnoles ou femmes des quartiers les plus populaires d'Amérique du Sud, magistrates britanniques ou femmes mobilisées par le conflit israélo-palestinien, c'est un nouveau " genre " d'engagement qu'elles dessinent au fil des pages, brouillant les frontières entre privé et public, créant du politique là où on ne l'attendait pas. Résistantes engagées dans les combats les plus quotidiens ou militantes provoquant l'ordre établi, un même élan les unit: le droit à leur place dans la communauté politique et à l'exercice d'une citoyenneté déclinée aussi au féminin.
Il existe actuellement dans les villes et dans les campagnes d'Amérique latine, un riche éventail de pratiques collectives qui se battent pour la reconnaissance des populations minoritaires ou dominées. Mais les protagonistes de ces combats sont les populations elles-mêmes. Les personnes concernées par ces faits, sont en général des pauvres mais aussi des membres des classes moyennes. C'est ainsi que des jeunes, des paysans, des indiens, des afro descendants, des femmes et d'autres catégories de citadins, s'expriment à travers de mouvements sociaux, culturels, ou politiques ou à travers de sociabilités spécifiques et de solidarités multiples. Ces combats éclatés et diversifiés, formels ou informels, sont à la fois révélateurs de beaucoup d'injustices et mettent aussi en relief le dynamisme et l'originalité des réponses mises en œuvre par ceux qui en sont victimes. Cet ouvrage fait l'analyse de ces luttes et de ces manifestations, appréhendées comme l'expression d'une volonté de valorisation de l'estime de soi, d'affirmation identitaire et de recherche de sens. Il s'adresse à un large public intéressé par les questions latino-américaines, étudiants, chercheurs et non spécialistes. Les auteurs qui s'expriment ici sont des chercheurs de différentes disciplines des sciences sociales, qui appartiennent à divers organismes universitaires et de recherche en France et en Amérique latine. Ils analysent ce phénomène à partir de nombreux cas étudiés au Brésil, en Colombie, au Chili, au Guatemala, au Pérou… Mais certains de ces faits, ont été abordés pour l'ensemble de pays du sous continent.
La transition démocratique espagnole mérite une réévaluation à l'heure où le pays, plongé dans la crise, ravive de vieux poncifs sur son compte : mythe de la réconciliation nationale aux yeux de beaucoup, source des maux actuels pour une minorité critique. Cet ouvrage se présente avant tout comme le récit revisité du passage à la démocratie, de ses origines lointaines à sa conclusion la plus probable. Il s'articule autour de trois éléments principaux en interaction dans le temps : les acteurs et les contempteurs du changement, le cadre légal et institutionnel de son déroulement et les propos publics tenus par ces mêmes protagonistes sur des passés récents à charge traumatique – Seconde République, Guerre civile et premier franquisme. Passerelle fragile entre la dictature de Franco et l'horizon démocratique, la transition est un espace de tensions sourdes où la représentation du proche passé tient un rôle au moins aussi crucial que l'appel de l'avenir. En effet, les enjeux liés à une rétrospection collective douloureuse ou embarrassante y sont majeurs ; ils investissent les discours à prétention politique et posent ainsi un cadre au processus de mutation. Or, l'hypothèse soutenue est que l'une des clefs de l'opération transitionnelle tient à un éventail de " ruses mémorielles " auquel les Espagnols ont eu recours pour se défaire de leur passé.
Cet ouvrage propose une approche sociale et culturelle de l'histoire de la sexualité dans l'Espagne des XIXe et XXe siècles autour de trois axes : la découverte du sexe ; la prostitution, un " mal nécessaire " ? ; et érotisme et pornographie, un " enfer " espagnol. Le lecteur trouvera d'abord une approche des collections populaires d'éducation et de divulgation sexuelles (" le sexe dévoilé "), ainsi que du préservatif masculin, connu en Espagne dès la seconde moitié du XVIIIe siècle (" le sexe à protéger "). Cet itinéraire se poursuit par l'examen de la mise en place et du fonctionnement du système médical et policier visant la réglementation de la prostitution (" le sexe en vente "), puis par une analyse du bordel comme espace de sociabilité (" le sexe toléré "), pour déboucher sur la réception en Espagne de la " croisade " abolitionniste lancée par la protestante anglaise Josephine Butler (" le sexe dénoncé "). Sont ensuite abordés l'étude de la " mémoire " de la littérature érotique (pour l'essentiel française) enregistrée par les censeurs de l'Inquisition dans leurs derniers " Index de livres interdits " (" le sexe censuré "), une approche de la production érotique et pornographique en langue espagnole, clandestine (" le sexe exalté "), ou diffusée en kiosques de presse sous la forme de collections populaires bon marché (" le sexe à la portée de tous "), et quelques aperçus relatifs à l'érotisme graphique, liés notamment à la production pornographique d'Eusebi Planas (" le sexe en images "). L'ensemble s'achève par l'examen d'une polémique portant sur la sexualité dans l'Espagne des années trente du XXe siècle mettant aux prises un jeune hongrois pratiquement inconnu et résidant alors à Barcelone, Oliver Brachfeld, et le prestigieux médecin espagnol, écrivain et homme public de surcroît, Gregorio Marañón (" le sexe en débat ").
Cet ouvrage collectif envisage les relations entre cinéma et politique en Amérique latine en partant d'optiques, périodes et traditions cinématographiques diverses. Son organisation autour de cinq parties invite à une lecture en dialogues croisés – au sein et au-delà des historiographies nationales – établissant des liens conceptuels entre les contributions de quinze auteurs, originaires de plusieurs pays et institutions, de France et des Amériques. À partir de leurs aires de compétence, à la fois territoriales et disciplinaires, leurs travaux répondent aux interrogations et hypothèses qu'introduit la métaphore des turbulences à propos des imaginaires cinématographiques dans des contextes historiques mouvementés. L'ouvrage que vous avez entre les mains envisage tout autant le cinéma du pouvoir que le pouvoir du cinéma, mettant l'un et l'autre en perspective. Il décèle comment le cinéma assume et intègre les bouleversements socio-politiques de l'Amérique latine ou bien, comment il les détourne ou les tient à distance.
Les sociétés d'Amérique latine sont des sociétés particulièrementcomplexes. Elles ne se laissent pas réduire aux logiques des pays formésdans le creuset gréco-latin ou anglo-saxon et donnent lieu à des processusde transmutation d'une grande originalité. Quatre lignes de force organisentcet ouvrage : le recueil (mais aussi l'accueil par les chercheurs) de la mémoireorale noire et métisse ; la création littéraire ; les esthétiques musicales et scénographiques; l'imaginaire de la ville (Mexico, Caracas) exploré notammentdans le cinéma.Les auteurs de ce livre montrent que les contradictions de ces sociétés qui nepeuvent être résolues intellectuellement de manière " occidentale " peuvent êtreracontées, chantées, dansées, fi lmées, mises en scène. Ils mettent en évidenceque ce qui est recherché consiste à redonner tout sa place au corps dans des paysoù depuis la Conquête il a été humilié, discriminé et parfois même massacré.Le lecteur se trouve ainsi confronté à un régime de représentation diff érent decelui de la domination et de l'imposition de normes univoques qui lui permetde réaliser l'apport considérable de l'Amérique latine au monde contemporain :l'introduction de la polyphonie dans la culture.
Comment écrire à l'heure où l'image s'impose sur la scène culturelle et que le cinéma, ce nouvel art du récit, vient concurrencer la littérature sur son terrain ? Quel regard porte un écrivain sur son nouveau statut ? Comment façonne-t-il son image dans la culture visuelle dominante ?L'œuvre de Roberto Arlt (1900-1942) est contemporaine de l'affirmation de la photographie et du cinéma dans le champ culturel argentin. L'écrivain développe un discours passionné et ambivalent sur la transformation des dispositifs de représentation et du statut de l'écriture entraînée par les nouveaux médias. Art des ombres, le cinéma est néanmoins un émerveillement des sens et un vecteur de progrès et quant à la photographie, si elle sait capter l'instant, elle échoue parfois à traduire son émotion.Mais surtout l'image s'infiltre dans l'écriture et cette mutation culturelle suscite des réponses poétiques diverses dans les romans, les pièces de théâtre et les écrits de voyage arltiens. L'écriture arltienne trace ainsi sa trajectoire au miroir de l'image. L'écrivain entre en littérature en élaborant une puissante figure d'auteur à partir du rôle donné à l'image dans la formation de la subjectivité et l'apprentissage de l'écriture. L'époque des grands romans révèle l'impact décisif du cinéma sur l'art narratif arltien, imposant une nouvelle lecture du sujet, du rythme narratif et finalement des pouvoirs de la littérature. enfin, le théâtre et l'écriture de voyage redistribuent les cartes, pariant sur la puissance de la scène contre les ombres du cinéma et s'émerveillant devant les mille et une images d'un orient rêvé. Finalement, à travers son dialogue avec l'image, c'est son regard sur la modernité que l'œuvre de Roberto Arlt façonne sans relâche.
La résistance au franquisme dans le roman espagnol depuis la Transition
Au croisement de l'histoire et de la littérature contemporaines, Elvire Diaz étudie l'émergence du " roman de la guérilla ", la figure littéraire du résistant antifranquiste des premières années de la dictature et elle analyse la signification de l'essor de cette production dans le cadre de la problématique mémorielle qui s'est imposée depuis la Transition. Après une réflexion épistémologique sur l'écriture de l'histoire, l'ouvrage identifie un vaste corpus de romans publiés depuis les années 1980, les situe par rapport au genre historique et au roman de la mémoire historique espagnole et en analyse trois des plus représentatifs : Luna de lobos (Julio Llamazares), Maquis (Alfons Cervera) et La voz dormida (Dulce Chacón).
Ce volume étudie l'influence des guerres sur les constructions identitaires en Amérique depuis le début du XIXe siècle. L'interdisciplinarité et la transversalité géographiques des approches permettent d'en exprimer les différentes facettes. Deux effets opposés des conflits sont ici mis en relief, la fragmentation et l'homogénéisation. En Amérique, la place accordée aux peuples autochtones ou aux populations migrantes reste toujours objet de renégociations discursives et politiques.
Deux textes de Manuel Azaña, président de la Seconde République espagnole, sont présentés et traduits dans cet ouvrage. Le Jardin des moines est un roman autobiographique, publié en 1927 et toujours réédité en Espagne. La Veillée à Benicarló, dialogue écrit durant la guerre civile, met en scène le débat intérieur de Manuel Azaña au cours de ce moment tragique. Les deux textes sont précédés d'une introduction les replaçant dans leur contexte.