Le 21 février 2022, Vladimir Poutine reconnaissait l'indépendance des territoires séparatistes ukrainiens. Trois jours plus tard, la Russie envahissait l'Ukraine. Une fois de plus, l'Histoire, au coeur du discours du président russe, avait servi à justifier la guerre.Au sein des sciences humaines, l'Histoire a cela de particulier d'être non seulement celle de la connaissance du passé, mais également un outil au service de la structuration des identités et de la construction des imaginaires nationaux. Sa puissance argumentative en a fait un instrument de choix dans l'action politique. Au cours des siècles, différents groupes et chefs d'État l'ont mobilisée, dévoyée ou manipulée afin de préparer leurs opinions publiques, de convaincre les indécis, d'encourager l'engagement militaire ou de légitimer, aux yeux de la communauté internationale, le bien-fondé du recours à la force et du passage à la violence.Entre rigueur historique et enjeux sociaux, au cœur du rapport entre pouvoir et société, les textes réunis dans ce volume reviennent sur les usages belliqueux de l'Histoire. De l'Antiquité à nos jours, de l'Orient à l'Occident et du Nord au Sud, chaque chapitre rappelle que la connaissance du passé reste incontournable non seulement pour comprendre le monde actuel et ses dynamiques, mais encore pour se protéger de l'instrumentalisation de l'Histoire et de la désinformation, tant par le passé qu'à l'âge des réseaux sociaux.
Les réécritures de la Seconde Guerre mondiale dans les séries télévisées au temps de la guerre froide
Les séries télévisées des années 1960 à 1980 font partie de la "culture de guerre froide" et témoignent des évolutions de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale dans cette période-clé. Comment ont-elles participé à la reconstruction des sociétés occidentales, et notamment à la construction européenne? Qu'est-ce que le choc provoqué par la diffusion de la saga hollywoodienne Holocaust révèle de la mémoire de la Shoah, mais aussi des phénomènes d'américanisation et de résistance à l'américanisation à la fin des années 70 et dans les années 1980? Marjolaine Boutet nous propose ici une histoire transnationale de 13 séries télévisées états-uniennes, britanniques, françaises et allemande diffusées pendant la guerre froide, à destination d'un public toujours plus nombreux et en voie de globalisation.
Mémoires et usages des champs de bataille, du XVIe siècle à nos jours
Que reste-t-il d'une bataille sur le lieu où elle s'est déroulée? Peu de choses assurément, même si l'empreinte spatiale des grands combats de l'ère industrielle est plus évidente, des dégâts environnementaux aux grands monuments postérieurs. Pourtant, les sites de combat de toutes les époques suscitent de l'intérêt, de la curiosité, voire un véritable engouement. Un tourisme spécifique s'est développé, dont les racines remontent loin. Aux yeux de ces visiteurs, les champs de bataille portent une part irréductible de la mémoire des guerres et celle-ci s'y inscrit d'une manière de plus en plus massive à travers de multiples usages sociaux, culturels, politiques, pédagogiques. Dans ce volume, une vingtaine de chercheuses et chercheurs explorent cette histoire des lieux de mémoire, du XVIe siècle à nos jours. Leurs articles font varier les échelles et les démarches, et transporteront le lecteur des guerres d'Italie à la guerre du Pacifique, et du Québec à la Lorraine, en passant par le Portugal ou la Normandie.
Ouvrage coédité avec les Presses universitaires de Namur.S'inscrivant dans la dynamique du centenaire de la première guerre mondiale, cet ouvrage se penche sur la naissance des services cinématographiques militaires qui éclosent partout dans le monde quand, au cœur du conflit, le cinéma, média alors tout à fait récent, s'engage au service des États et/ou des armées. Le cinéma militaire, multiple, se décline selon les zones géographiques, l'espace-temps dans lequel il évolue et les genres à traiter, créant par conséquent de grandes disparités. Cet ouvrage propose dès lors une approche par cinématographie nationale et sur le temps long, 1914-1939, permettant de croiser temps de guerre et temps de paix. Si les articles se concentrent sur les structures spécialisées dans la production d'images filmées, tous appréhendent les questions transversales par l'analyse de la production, de la distribution et de la circulation de ces images.
Si la guerre est pensée comme un monde d'hommes, les femmes y ont aussi toute leur place et y jouent un rôle actif. À la croisée de l'histoire du fait guerrier et de l'histoire du genre, Femmes en guerre explore ainsi les multiples facettes de la présence des femmes au sein des armées, de l'époque médiévale à nos jours. Il souligne tout d'abord la variété de leurs expériences, comme combattantes, cheffes de guerre ou dans des rôles de soin plus traditionnellement associés à la féminité. C'est également une réflexion sur le genre que propose cet ouvrage, tant sur la construction des féminités en milieu guerrier que sur ce que la présence des femmes en milieu militaire dit de la virilité guerrière. Enfin, alors que les récits de guerre sont souvent accaparés par les hommes et que les femmes sont parfois invisibilisées par les sources, ce livre s'attache à redonner toute leur place à ces voix de femmes en guerre.
Loin d'être réductible à une somme de violences illimitées, la guerre est aussi une relation, certes brutale entre belligérants. Le moment où les armes se taisent en témoigne. Le temps de la sortie du combat est caractérisé par des interactions entre adversaires. Vainqueurs et vaincus accomplissent des gestes, des rites de reddition par le truchement de médiateurs, d'émissaires, voire d'otages. Ils échangent promesses, serments et autres engagements toujours susceptibles d'être transgressés tant l'instant est fragile. Autant d'éléments qui constituent un ordinaire du champ de bataille et suggèrent que le combat est aussi une pratique transactionnelle, fondée sur la négociation.Cet ouvrage qui interroge la longue durée dans une perspective d'anthropologie historique propose d'inscrire la fin des hostilités au cœur même de l'expérience combattante. La manière dont cessent les combats dit la guerre qui est pensée et menée.
1918: les armes se taisent, à l'Ouest du moins. Il faut désormais rentrer chez soi, restaurer l'ordre, panser les plaies, rendre hommage aux morts, réparer et réinsérer les vivants. Sortir de la guerre n'a pourtant rien d'évident. Si d'aucuns espèrent un retour à la normale, d'autres se projettent dans un avenir transformé. Ces aspirations concurrentes ou contradictoires compliquent l'avènement d'un "monde d'après" qui reste à inventer, tant les traces physiques et morales du conflit demeurent prégnantes.À travers la question du retour et sous la plume de spécialistes, les textes composant cet ouvrage proposent autant d'analyses des profondes transformations nées du premier conflit mondial et des manières de les surmonter. Qu'ils évoquent la France, la Belgique, l'Italie ou le Canada, les auteurs multiplient les approches pour donner à voir la façon dont "l'après" a été vécu, pensé ou inventé.
Les anciens combattants belges dans l'entre-deux-guerres
Environ 320 000 des 360 000 soldats belges mobilisés ont survécu à la Première Guerre mondiale. Dès leur retour, ces anciens combattants sont devenus un puissant mouvement social qui allait régulièrement donner du fil à retordre à l'establishment belge. Dans ce livre Martin Schoups et Antoon Vrints mettent en lumière le zèle politique incessant des anciens combattants belges. En tant que survivants, ils se considéraient comme porteurs d'une dette morale envers leurs camarades tombés au combat. Ils étaient convaincus que, du fait de leur implication dans la guerre, ils méritaient d'être reconnus et qu'ils avaient un rôle important à jouer dans la société belge. Après plus de quatre années de violence, les anciens combattants ne se sont pas contentés d'un simple retour à leur existence d'avant l'été 1914.
Masculinités allemandes à l'épreuve du nazisme et de la guerre
Les enjeux de genre appliqués au masculin ouvrent des perspectives pour comprendre la société nazie et le nazisme en guerre. Le régime, qui prônait un idéal de camaraderie et de pureté raciale, réglementa le genre, les sexualités et la procréation par des lois racistes, homophobes, sexistes et eugénistes. Or, la période des années 1930 aux années 1950 fit coexister des contraintes sexuelles et des formes de violence de genre avec l'ouverture de nouveaux espaces d'expérimentation hétérosexuelle. L'attaque de la Pologne en 1939 et la guerre de conquête et d'anéantissement marquèrent une césure importante. En tant que combattants et colonisateurs, les hommes allemands et autrichiens se trouvèrent au coeur de mutations genrées: acteurs de la violence, agents de la guerre et, in fine, porteurs de la défaite. Chaque chapitre du livre explore, dans une perspective d'histoire intégrée du genre (femmes/hommes; hétérosexuels/homosexuels; Juifs/non-Juifs), la diversité et l'ambivalence des situations vécues au quotidien par les hommes.
Quand a commencé la paix après la Grande Guerre? Comment se sont reconstituées les activités économiques, les sociabilités, les fêtes? À partir de l'exemple des Ardennes, seul département occupé pendant toute la guerre, ravagé en 1918 par les combats de la libération, 20 chercheurs interrogent le retour à la normale.La sortie de guerre est ici une longue période transitoire qui se poursuit pendant toute la décennie des années folles. La population traverse des années de résilience, entre espoir du retour à la quiétude passée et adaptation nécessaire à la réalité d'une société ébranlée.Parce qu'ils ont utilisé les fonds d'archives qu'ils pratiquent chacun dans leur champ d'études (histoire sociale, politique, culturelle, religieuse, économique, etc.), les auteurs ont inscrit la situation ardennaise dans un cadre plus vaste. Leur regard éclaire ainsi la situation d'autres départements occupés ou/et sinistrés par les combats, voire la société française dans son ensemble.
La construction d'un espace du souvenir dans l'Est de la France
La mémoire est devenue un élément majeur de nos sociétés contemporaines. Si elle peut s'appuyer sur des témoins vivants, elle s'ancre sur le long terme grâce à une matérialité inscrite dans le paysage: les marqueurs mémoriels. En Alsace et en Lorraine, l'armée et les guerres constituent des éléments clefs de la mémoire collective, dans un espace aux frontières mouvantes au gré des siècles et des conflits armés. De cette histoire, des marqueurs permettent d'en avoir une lecture et fournissent des outils de compréhension pour l'observateur attentif: ce sont bien entendu des monuments, des casernes et autres infrastructures militaires, comme aussi des églises, noms de rue, un habitat particulier. La lecture de ces marqueurs permet de saisir, comme des reliques, une histoire et une mémoire d'un espace déterminé.
Dans leur grande majorité, les hommes qui, en France et en Europe, combattirent l'occupant et ses auxiliaires pendant la Seconde Guerre mondiale ne furent pas des soldats de métier. Le respect de l'ordre et des traditions, l'obéissance stricte à la hiérarchie, la subordination au pouvoir politique dessinaient a priori tout un ensemble d'obstacles à l'entrée en résistance des professionnels du métier des armes. Cependant, le sens du sacrifice, le patriotisme, le courage et la formation militaire furent de possibles raisons de s'engager autant qu'ils constituèrent des ressources inestimables dans la lutte armée, qu'elle se déployât au grand jour ou qu'elle s'organisât dans la nuit de la clandestinité.Cet ouvrage part de ce paradoxe pour examiner au plus près le parcours des militaires qui avaient opté pour le combat en résistance, depuis leur rébellion – spectaculaire ou à bas bruit – jusqu'à leur sortie de guerre. Il entend démontrer en quoi la résistance fut pour ces militaires une expérience hors du commun et exposer à quel degré les armées en furent affectées.