Cet ouvrage vise à documenter les effets des politiques publiques de prévention de la radicalisation et à analyser les pratiques musulmanes visibles.Quels sont les effets des politiques de prévention de la radicalisation depuis les attentats de 2015 ? Pour répondre à cette question, ce livre articule les observations réalisées par une équipe de chercheuses et de chercheurs. Celle-ci a exploré ce qu'elle appelle " l'intensité religieuse musulmane " en distinguant trois types de religiosité : intensive, rigoriste et radicale. L'approche propose de prendre du recul par rapport aux notions de radicalisation et de séparatisme. Ces dernières s'avèrent univoques et réductrices – pour l'analyse, mais aussi aux dires des professionnels de l'éducation et du travail social – tout en ayant des impacts négatifs pratiques pour nombre de musulmanes et de musulmans.Restituées sous forme de chapitres, les enquêtes et les investigations menées auprès des familles, des adolescents et des professionnels éprouvent et affinent la pertinence analytique des approches mobilisées. Elles rendent surtout compte des contextes où s'exprime une intensité religieuse, en complexifiant les attitudes intensives, rigoristes et orthodoxes, loin des simplifications hâtives. En cela, ce livre est une contribution précieuse aux études sur l'islam en France.
La société sunnite irakienne face à la violence (1991-2015)
" L'État islamique est à la fois un mouvement et une idéologie, et il reflète un courant social depuis longtemps présent au sein des univers arabe et islamique, même s'il a revêtu différentes formes et que les forces qui l'ont incarné se sont transformées. Mais sa récente et fracassante montée en puissance est indéniablement liée à la crise de l'État irakien et à son impuissance – si ce n'est son opposition – face à deux revendications fondamentales : l'ouverture démocratique et l'intégration de la pluralité. En ce sens, l'instauration de l'État du califat illustre avant tout la crise existentielle de l'État irakien et son incapacité à concevoir des politiques reconnaissant la multiplicité des identités qui composent nos sociétés arabes orientales. Un siècle après sa création dans un contexte colonial, l'État irakien demeure porteur d'une logique centrée sur l'hégémonie d'une identité face aux autres. " Faleh A. Jabar.
La composition musicale contemporaine et le monde arabe
Pourquoi des compositeurs du monde arabe adoptent-ils l'univers esthétique de la " musique contemporaine " dont les musiques, affranchies de toute norme préétablie, se laissent difficilement appréhender ? Par simple choix personnel, dira-t-on, choix stimulé par un monde plus que jamais ouvert. Ou peut-être du fait de la fascination qu'exercerait encore le modernisme occidental sur les subjectivités du Sud, comme pourrait le postuler une approche postcoloniale. De telles explications ne disent cependant rien sur le rapport intime, mais aussi critique, du compositeur avec sa culture d'origine. Nombre de ces compositeurs, en effet, se réapproprient des musiques traditionnelles de leur enfance sans jamais les afficher comme marques identitaires.Dans Fragments accordés, Anis Fariji place cette démarche de création dans le contexte culturel du monde arabe. Il s'arrête sur les manières dont a été affecté le matériau musical traditionnel depuis l'introduction de l'enregistrement sonore. Il parcourt les discours de la création musicale dans le monde arabe. Enfin, à travers les musiques d'Ahmed Essyad, de Zad Moultaka et de Saed Haddad, il analyse le devenir critique du matériau traditionnel dans des formes aussi singulières qu'exigeantes.
Ce livre est une galerie de portraits: on y entre au seuil du xixe siècle pour arriver jusqu'à nos jours, ayant déambulé dans l'histoire des savoirs d'islam et des oulémas du Maghreb.Au fil des chapitres, on y découvre des figures et des paroles de savants, au sein des communautés qu'ils ont guidées, dans le monde qui les a façonnés et qu'ils ont, en retour, pensé et transformé. L'ambition de cet ouvrage est de faire ainsi connaître la contribution souvent mésestimée des sociétés du Maghreb à l'islam contemporain. Les travaux des spécialistes se sont en effet longtemps réparti entre un islam d'Orient, perçu comme savant, celui des textes et des doctrines, et un islam du Maghreb, vu comme populaire, une religion de marabouts et de pratiques plus ou moins superstitieuses.Chaque chapitre a une coloration particulière qui se dégage tant de la trajectoire retracée que de la thématique particulière dont il traite. La visite commence avec un fondateur qui exerça son magistère au xixe siècle, Muhammad b. Ali al-Sanusi dit "le grand Sanusi" et s'achève par le portrait d'Aïcha El Hajjami, seule personnalité à incarner ici les figures féminines de l'islam, comme un pari sur l'avenir.
Ce livre montre comment l'identité arabe moderne s'est construite au long des XIXe et XXe siècles en imbriquant systématiquement ses dimensions politiques (l'arabisme) et culturelles (l'arabité). Au fil de dix chapitres synthétiques portant sur différents domaines de la culture populaire (musique, télévision et sport) ou légitime (littérature et histoire), l'ouvrage met en lumière la variation de ces expressions dans le temps et dans l'espace, tout en soulignant les enjeux politiques nichés dans certaines productions locales ou questions plus larges, comme celle, primordiale, de la langue, qui est à la fois celle des Arabes, mais aussi celle du Coran. En abordant ainsi différentes facettes de la culture arabe, l'auteur invite surtout à une réflexion plus générale sur les chemins de traverse qu'emprunte un sentiment identitaire toujours étroitement mêlé aux aléas politiques dans cette partie du monde.
Auteur égyptien controversé tant pour son œuvre que pour sa personnalité, Yusuf Zaydan est ce qu'on appelle un phénomène littéraire. Si sa posture d'écrivain s'inscrit bien dans la tradition de l'intellectuel éveilleur des consciences hérité de la renaissance arabe, sa trajectoire de romancier n'en demeure pas moins emblématique de l'éclatement récent du champ littéraire égyptien. Ce livre explore l'œuvre et la trajectoire de cet auteur pour mettre en lumière leur originalité. À travers une analyse du texte au plus près, Marcella Rubino souligne d'une part la manière dont Zaydan mobilise l'histoire des religions pour captiver ses lecteurs arabes et surtout égyptiens et d'autre part la capacité de l'auteur à jouer sur son double profil d'universitaire et de romancier pour affirmer son autorité. Deux éléments qui contribuent à éclairer les ressorts de son succès, mais aussi le caractère hautement polémique d'une œuvre centrée sur le rapport entre violence et religion à différentes périodes de l'histoire.
Le livre a pour ambition de contribuer à une anthropologie du capitalisme en étudiant les diverses formes de circulations et de consommations telles qu'elles se déploient au Moyen-Orient, dans les mondes turcs, arabes et iraniens. L'ouvrage vise ainsi à comprendre comment les changements liés à la globalisation s'inscrivent au quotidien dans des sociétés réputées conservatrices et parfois antagonistes, et cela dans des contextes marqués par d'importants bouleversements politiques et économiques, en particulier depuis 2011.Les chapitres de cet ouvrage collectif portent sur des métropoles (Alep, Istanbul, Koweït, Qom, Téhéran) fortement impactées par les orientations néolibérales que la région a connues ces deux dernières décennies. Leurs auteurs s'appuient sur diverses sciences humaines et sociales (anthropologie, géographie, sciences politiques, sociologie et économie, histoire), à partir d'approches " par le bas ", soucieuses des connectivités et des ordinaires de la globalisation. Ce livre propose ainsi une perception renouvelée des dynamiques actuelles au Moyen-Orient.
Ce "miroir" propose des regards croisés sur les trajectoires de disciplines et de professions qui font les sciences sociales libanaises. Il interroge leurs formations historiques et les pratiques de leurs acteurs, ancrées dans la société et confrontées à des enjeux d'autonomisation et de reconnaissance.Ses différents chapitres entendent ainsi rendre aux sciences humaines et sociales libanaises leurs hommes et leurs femmes, leurs temps et leurs lieux, leurs pratiques et leurs défis. Ils mobilisent les ressources et les outils propres à différentes disciplines, de l'histoire sociale et culturelle à l'anthropologie des savoirs, de la sociologie des sciences à celle des intellectuels, en passant par la géographie et la science politique. Interrogeant la constitution d'histoires proprement libanaises de savoir, ils questionnent aussi la capacité de la communauté scientifique nationale maitriser ses agendas de recherche aussi bien qu'à actualiser la vocation critique des savoirs.Ce faisant, les sciences humaines et sociales s'avèrent des postes d'observation privilégiés d'évolutions plus générales dans le Liban contemporain: la marchandisation du monde, la division internationale inégale des savoirs productrice de subalternisation ou au contraire de légitimation, la production et reproduction de normes, l'instruction de hiérarchies et d'inégalités, ou encore la mutation des mondes du travail.
Penser la question palestinienne à partir de réseaux, penser le concept de réseaux à travers la question palestinienne: cet ouvrage entend répondre à deux préoccupations majeures. Il interroge un concept de plus en plus usité dans les sciences sociales ces dernières années; il questionne aussi des dynamiques palestiniennes qui ne sont pas forcément manifestes. Les différents chapitres de cet ouvrage montrent ainsi comment des Palestiniens ont défié des contraintes territoriales par le net, fonctionnent en réseau dans l'ombre de l'institution proto-étatique de l'Autorité nationale palestinienne, reproduisent ou luttent contre les hiérarchies de statuts à Ramallah, créent de la citoyenneté dans les contraintes de la diaspora au prisme du statut de réfugié, étendent la Palestine, à travers l'art, du local au global, mais aussi comment des "internationaux" tissent de nouvelles sociabilités et modes d'agir dans les Territoires palestiniens occupés ou perpétuent les usages et les significations d'une lutte palestinienne qui est aussi un symbole transcontinental. Ce sont autant d'usages des réseaux qui font émerger, plus que des discours, des pratiques du quotidien dans certains cas, des modes d'agir militants dans d'autres, créatifs et flexibles, prenant place dans des mondes palestiniens quadrillés par des réseaux de contraintes particulièrement "inflexibles".