Le présent ouvrage se donne pour tâche de retracer les aspects particuliers de la pensée littéraire de Liu Xie (vers 465-522) dans son célèbre livre L'Esprit de la littérature ciseleur de dragons.La poésie comme âme et la musique comme corps de la vertu constituent la trame de l'éducation dans la Chine ancienne. L'Esprit de la littérature ciseleur de dragons traite de la création, de l'intuition, de l'inspiration, de l'esprit du " wen " pour écouter, observer et écrire différemment. " Sculpter le dragon " signifie scruter l'esprit en le faisant éclater, finement et infiniment.En rédigeant L'Esprit de la littérature ciseleur de dragons, Liu Xie propose un canon d'esthétique littéraire et une histoire littéraire générale et conceptuelle, dont l'influence sera des plus fécondes en Chine au VIe siècle, puis du XVIIIe siècle jusqu'à nos jours.Vu la polysémie du Wenxin diaolong, ce travail présente un premier niveau de recherche sur le " wen " à travers une approche philologique.
Cet essai se comprend comme une histoire comparée des poétiques orientales et occidentales, de l'Antiquité à nos jours, à travers soixante-quatre questionnements ou interrogations constants dans l'histoire littéraire. Nous avons parcouru les chemins tracés par quatre-vingt-dix-huit écrivains ou personnages historiques familiers à plusieurs civilisations et par soixante-dix poèmes.Cet ouvrage n'entend cependant pas proposer une histoire des fondements théoriques et des créations, mais entreprendre une réflexion sur la poétique à partir des principales poétiques occidentales et chinoises dans leurs contextes historiques et interlinguistiques. Il ne s'agit pas de reconstruire, mais de présupposer une poétique.Le présent essai reprend cette question pour mener une réflexion sur la critique-discours et métadiscours passant par sept visées de la poétique.
La poésie en Chine est conçue comme ayant un effet direct sur la société, la politique et l'homme. Elle est aussi bien une composante de la vie rituelle qu'une distraction instructive, le pivot de l'enseignement du wen 文. Dans la Chine antique, la poésie aidait à gouverner l'Empire et orientait l'éducation du peuple : en effet, l'incantation musicale, fondée sur des rythmes régulés et faisant appel à des assonances suggestives, était mise au service de l'éducation, ce que traduit un terme chinois spécifique : shijiao 詩 教, l'" éducation par la poésie ". Le shijiao est ce qui remplace la religion chez les lettrés, et sert à éveiller les gens non cultivés. Encore aujourd'hui, la poésie occupe le premier rang de la littérature chinoise.Les études des spécialistes réunies dans cet ouvrage évoquent aussi bien la poésie ancienne, depuis ses origines, que la poésie moderne, leurs ressemblances et leurs différences. L'une comme l'autre sont une sorte de religion humaniste : l'homme chinois essaie de mettre en poème la spécificité de sa place dans un univers qui l'émerveille par ses signes ineffables, dans la succession des êtres et dans la société, ainsi que les émotions propres aux périodes cruciales de son existence, au travers du fu (narration descriptive), du bi (allégorie) et du xing (similitude).
En Asie Orientale (Chine, Corée, Japon, Taïwan, Tibet) et dans la diaspora chinoise aux États-Unis, différentes voix féminines font entendre de multiples destins de femme.La reconnaissance et la valorisation de la création féminine sont explicitées dans deux textes introductifs et généraux. Le premier texte présente le dictionnaire des créatrices qui doit rassembler les créations féminines à travers le monde, afin que l'on cesse d'entendre qu'il n'y a pas de Victor Hugo, de Bach, de Kant féminin. Le second texte éclaire, par le biais de la psychanalyse, la pratique artistique contemporaine des femmes, en soulignant leurs questionnements, leurs revendications, leurs difficultés existentielles.Les articles suivants proposent une réflexion sur divers thèmes liés au corps, à la langue, au statut genré, à l'idéologie. Le bouddhisme tantrique offre une vision de la femme qui la place du côté de la sagesse, mais la considère aussi comme corps inférieur. Dans la langue coréenne où le genre n'est pas marqué, Ch'oe Yun va encore plus loin en gommant toutes les caractéristiques du féminin. La création féminine en Chine au début du XXe siècle semble porteuse d'un idéal de changement idéologique et social. Pendant la colonisation japonaise de Taïwan, Yang Chian-ho et Yeh Tao sont confrontées à des obstacles d'ordre linguistique, politique et social qui freinent leur élan créatif. L'Américaine Amy Tan dénonce les injustices liées à la condition féminine inscrite dans la tradition chinoise. Deux romancières contemporaines taïwanaises, Li Ang et Cheng Yingshu, expriment leur révolte contre la femme-poupée ou la femme-ange.La deuxième partie de l'ouvrage aborde le problème de l'image de la femme et de sa représentation dans les arts visuels. Ainsi sont évalués le rapport entre statut du genre et statut de la femme dans la pièce Imoseyama ou l'éducation des femmes de Chikamatsu Hanji, les présences féminines sous forme de fantômes et leur représentation cinématographique dans Les Spectres de Yotsuya, l'image masculine de Bruce Lee dans sa rencontre avec les femmes occidentales, et enfin la publicité chinoise des produits de beauté, qui allie transculturalité et valeurs traditionnelles.
L'action du roman se passe au sud de Taïwan dans un hameau hakka, situé au pied de la montagne Li, sous le régime colonial nippon. Dans ses descriptions de la vie quotidienne paysanne des Hakkas, Zhong Lihe ne fait aucunement mention de la présence japonaise dans la vie des habitants, malgré le changement radical de la politique coloniale japonaise à l'époque où se déroule le roman (vers 1938) : les Taïwanais commencent à être recrutés dans l'armée et sont contraints d'assimiler la langue, la culture, la religion et le style de vie de l'occupant. Mais le roman de Zhong Lihe se concentre sur l'intrigue amoureuse entre deux jeunes gens dans un univers où s'affrontent traditions ancestrales et modernité, tant dans les relations familiales que dans les modes de culture.