La lumière étant traditionnellement considérée comme immatérielle, l'association " Lumière Matière " ne va pas nécessairement de soi. Pourtant, en écho à l'histoire scientifique qui balance entre lumière corpusculaire et lumière ondulatoire, l'art transcende sa complexité équivoque par le mouvement et le rayonnement.Conçu par le programme de recherche Lumière de Spectacle (Université de Lille) et issu d'un colloque franco-italien en collaboration avec l'Université de Padoue et l'Istituto per il Teatro e il Melodramma (Fondazione Cini), cet ouvrage pluridisciplinaire en explore les limites et les enjeux, réunissant des contributeurs internationaux (France, Italie, Brésil, Belgique).Artistes, éclairagistes et universitaires ont mis en commun leurs compétences et expertises pour aborder les aspects matériels et immatériels de la lumière dans les domaines des arts de la scène, selon des approches historiques, esthétiques et contemporaines liées à la création lumière.
Automates, performances mécaniques et cultures spectaculaires
Automates, androïdes, poupées mécaniques et autres mannequins vivants constituent un monde à la fois fascinant et inquiétant, dans l'imaginaire du début du xxe siècle. Ainsi, les cultures spectaculaires n'ont cessé d'absorber et de réinventer l'automate, figure emblématique de la modernité technico-scientifique. De la scène lyrique au théâtre de magie en passant par le cinéma des premiers temps, il s'agit de comprendre comment ces êtres mécaniques ont habité les scènes et captivé les publics de leur époque, testant déjà l'hypothèse d'une outre-humanité, d'un au-delà de l'humain. À la croisée des études littéraires, théâtrales, cinématographiques et médiatiques, ce livre offre une perspective historique, multidisciplinaire et intermédiale sur les relations entre humains et machines, mais aussi sur les tensions qu'elles ont suscitées.
Chantal Akerman est une cinéaste radicale et complète. Des films de fiction et essais documentaires aux installations d'images en mouvement, son art est celui d'une intrépide expérimentation formelle. Cette esthétique du geste expérimental a pour départ un engagement éthique fort. À l'encontre de tout voyeurisme, d'un regard opposé à un autre, Akerman accueille l'autre à l'intérieur de son propre " logis ", le loge au sein de sa propre intimité. Le travail sur l'intime du point de vue des expressions formelles, visuelles et sonores, devient un espace possible à partager et à vivre en commun.Ainsi les notions d'intérieur et d'intériorité sont intimement liées dans l'œuvre d'Akerman à la notion de passage : passages d'un extérieur fixe à une mobilité interne mitigée, d'un espace public à l'espace intime, d'une neutralité factice du cadre aux bouleversements profonds des corps. Le passage du film à l'installation est caractérisé par la même perméabilité des frontières. Comment habiter un espace, l'investir de soi tout en préservant aussi bien sa propre intimité que celle de l'espace lui-même, et celle de l'Autre – d'une autre identité, que ce soit la mère de la réalisatrice dans son dernier film No Home Movie (2015) ou encore ses personnages : de Jeanne Dielman à ceux de Je, tu, il, elle (1974), Toute une nuit (1982) et Histoires d'Amérique (1989) ?
Pratiqué depuis longtemps sur des images fixes, le recadrage en postproduction s'impose peu à peu dans l'audiovisuel avec le développement continu des caméras numériques. Filmer dans une grande résolution afin de manipuler le cadre une fois le tournage terminé est à présent commun. Mais qu'apporte ce procédé et qu'implique-t-il dans la réalisation d'un film? À travers l'ouvrage, l'auteure interroge cette pratique nouvelle sous tous ses aspects, aussi bien techniques et artistiques qu'économiques. S'intéressant d'abord à des œuvres très diverses, du cinéma des origines aux vidéos Internet en passant par le manga, cette réflexion se conclut par une exploration pratique avec la réalisation d'un long-métrage, Mimi dans la Nuit.
Comment le silence agit-il au cinéma? Qu'est-ce qui permet d'identifier ce phénomène? Implique-t-il la disparition intégrale de la matière sonore ou seulement sa minimalisation à l'intérieur d'un film? Son intervention, ponctuelle ou durable, tend à engager une raréfaction, voire une suppression, des paroles et de la musique, mais pas forcément de tout bruit. Des lieux particulièrement silencieux, ainsi que le mutisme ou la surdité d'un personnage, sont également propices à l'instauration de telles situations audiovisuelles.Cet ouvrage analyse, à travers une approche généalogique et herméneutique, la présence du silence dans le cinéma contemporain sur le double principe d'héritages figuratifs et de ruptures discursives. Il s'appuie sur un corpus de films réalisés entre autres par Robert Bresson, Marguerite Duras, Andrei Tarkovski, Theo Angelopoulos, Tsaï Ming-liang, Béla Tarr, Pedro Costa ou Sharunas Bartas. Au-delà des considérations esthétiques, le livre interroge aussi les valeurs anthropologiques, morales, sociales et/ou politiques qui se glissent derrière ces manifestations concrètes du silence. Celui-ci nous invite, tant sur le plan éthique que sensible, à repenser notre rapport fondamental au monde.
Depuis son invention, le cinéma français ne cesse de truquer, créer, innover et repousse toutes les frontières économiques, esthétiques, logistiques, narratives à force d'effets spéciaux. En prolongeant les trucs de la photographie, de la féerie théâtrale et de la prestidigitation, les pionniers comme Georges Méliès ont attiré la lumière sur eux. Des milliers d'artistes et techniciens ont ensuite œuvré dans l'ombre, nourrissant, par leurs trouvailles, les images cinématographiques françaises, tout au long de son histoire. Au gré des inventions, des modes, des contextes socio-économiques, les truqueurs ont accompagné le cinéma et l'audiovisuel français d'un siècle à un autre, entre artisanat, bricolage et industrie. En croisant les regards (historiens, juristes, artistes, spécialistes en esthétique…), cet ouvrage lève le voile sur l'art trompeur singulier que constituent les effets spéciaux français, d'hier à aujourd'hui.
Réflexions historiques et juridiques sur la paternité du réalisateur
Loin de la vision de l'auteur de cinéma promue par la Nouvelle Vague, le présent ouvrage interroge la paternité des films sur le plan juridique. Partant d'études de cas courant de l'entre-deux-guerres jusqu'au temps présent, des visées comparatives sont ainsi proposées sur l'identité professionnelle du réalisateur. Instaurant un dialogue entre juristes et historiens du film, ce travail vient combler un manque dans la recherche et la réflexion sur ce domaine. À ce titre, il pourra répondre aux besoins tant des universitaires que des professionnels du cinéma et du droit.
En 1914 Albert Capellani entreprend le tournage d'une nouvelle adaptation de Victor Hugo sur les écrans: Quatre-vingt-treize. En période d'Union sacrée, le film, qui met en scène une guerre fratricide à travers la Révolution française, est censuré. Il faut attendre 1921 pour qu'il trouve son public. Or, cet écart de sept ans entre son entrée en production et sa sortie en salle pèse lourd sur sa réception critique. Le film donne lieu à de nombreux commentaires dépréciatifs sur le cinéma français d'avant-guerre, qui vont à leur tour infuser les premiers textes historiographiques. À rebours de ces considérations, le travail d'enquête mené ici tend à faire de ce film un laboratoire précis d'observation des mutations réelles ou supposées du cinéma français de cette période, dans une perspective micro-historique. À la croisée de l'histoire culturelle et de l'analyse esthétique, ce livre nous plonge dans l'exploration d'une période charnière de l'histoire du cinéma.
Georges Lavaudant s'est positionné dès les débuts contre la tradition théâtrale, rejetant le rôle du dramaturge, préférant l'exploration du plateau, les formes hybrides mêlant théâtre, danse, chant, projection de photos, de vidéos. La mise en scène est pour lui un acte d'écriture. Il crée avec les outils de la scène un imaginaire puissant qu'il mêle à l'œuvre représentée, classique ou contemporaine.C'est le premier ouvrage qui présente l'œuvre de Lavaudant. Cette recherche aborde son parcours et sa pratique scénique, à travers ses spectacles les plus remarquables. Elle donne la parole à ce metteur en scène et aux comédiennes, comédiens, décorateurs, chorégraphes, compositeurs, auteurs, qui l'ont accompagné dans cette aventure.Artiste majeur de la scène théâtrale française de la fin du XXe, début du XXIe siècle, il a produit une œuvre dense, diverse, pour le théâtre et l'opéra, en France et à l'étranger. Il a dirigé le C.D.N.A., la Maison de la Culture de Grenoble, le T.N.P., l'Odéon-Théâtre de l'Europe.
Qu'est-ce que la continuité? À la lumière de son expérience de scripte cinéma, l'auteure analyse l'organisation spatio-temporelle des divers éléments qui constituent un film de fiction afin d'identifier les mécanismes à l'œuvre pour assurer sa compréhension par les spectateurs. Des écrits de Georges Méliès à ceux de Maurice Merleau-Ponty, la définition de la continuité est enrichie par une approche transdisciplinaire, mettant en correspondance le cinéma avec les sciences, la philosophie, la musique et l'architecture pour définir les caractéristiques d'une continuité dite apparente.Cette définition sert dans un second temps de grille d'analyse pour étudier l'histoire et l'esthétique de la stéréoscopie au cinéma, du fonctionnement de la vision binoculaire humaine jusqu'aux productions contemporaines. Cette étude a servi de socle à la réalisation de deux courts métrages en 3Ds, fruits d'un travail de recherche-création visant à dessiner les contours d'une continuité stéréoscopique.
The Cinemas of the Instituts and the Alliances françaises
Though the number of works on cultural diplomacy is in general quite substantial, very few concern the production and distribution of films. The cinemas established by French cultural institutions are likewise virtually absent from many studies on the history of cinema, and notably from those on its theaters. By analyzing the distribution systems of French and world cinema which promote local production, and their audiences, all the analyses presented in the book establish an initial assessment on the life of cinemas belonging to the Instituts français and the Alliances françaises. First spaces of French culture's unilateral influence, then windows onto "cultural diversity," the history of these theaters is certainly complex. We preferred to approach it and render it with all of its contradictions.
L'audiovisuel turcophone fait preuve depuis quelques années d'un certain dynamisme et connaît un succès important au niveau national, régional et international avec plus de 200 millions de spectateurs. Le cinéma turc des années 2000-2020 est l'un des rares cinémas qui fait plus d'entrées que le cinéma américain au niveau national. En analysant ce tournant d'une industrialisation des images et son régime audiovisuel en Turquie après les années 2000, tant dans le cinéma de fiction qu'à la télévision ou dans les nouveaux médias, l'ouvrage se propose de montrer les spécificités de cette production tant en Turquie qu'en diaspora comme dans les principales aires turcophones d'Asie centrale et du Caucase. Cette industrie nouvelle des images se déploie à la fois dans son rapport à l'histoire et aux minorités comme dans ses relations à des questions tabous. Cette production filmique est aujourd'hui très diversifiée de la propagande audiovisuelle aux documentaires alternatifs, du cinéma des femmes aux séries ottomanes. Mais quelles sont les limites de ces écrans devenus dominants? Il s'agit d'aborder ici sous un angle critique et dans une approche pluridisciplinaire, la vitalité de cette industrie des images et ses limites lorsqu'elle fait écran à certaines questions pour prétendre réécrire l'histoire. Dans un contexte de globalisation au Proche-Orient, il s'agit de montrer la qualité esthétique d'un cinéma turcophone et pluriel, sa circulation toujours plus partagée aujourd'hui entre un cinéma d'auteur et un cinéma commercial, redevable d'une histoire et d'une véritable tradition filmique.