" Tu as engagé une illégale pour s'occuper de tes enfants ? ! "La narratrice tombe des nues lorsqu'elle apprend que son amie emploie une sans-papiers.Mais avec l'histoire de Gloria, la baby-sitter camerounaise, puis celle de Mohammed, un demandeur d'asile débouté, sa stupeur va laisser la place à de nouvelles questions : comment des sans-papiers peuvent-ils payer assurances sociales et impôt à la source, tout en se voyant refuser le droit d'exister légalement ? Comment des employeurs peuvent-ils recruter des travailleurs illégaux, et s'en sortirimpunément ?Avec ce sixième roman, Isabelle Flükiger nous emmène dans une Suisse de l'ombre où la justice n'est pas le droit, et où la loi ne dit pas toujours ce qu'elle fait. Un récit entre enquête et fiction aussi percutant qu'instructif.
"Elle se demande où tu puises tant d'énergie pour toujours t'en aller "chanter", selon l'expression d'un de tes amis? D'où vient cette envie de porter sans cesse la "bonne nouvelle", enseigner, t'adresser à un public que tu cherches à convaincre, à charmer aussi, être en représentation. Devant le constat de tant d'appétence à t'approcher des gens, elle se trouve soudainement taciturne, sauvage et solitaire à aligner des mots sur son ordinateur, seule dans sa chambre d'un hôtel parisien. Mais avec toi, elle a pris goût aux inventaires. Elle fait la liste des congrès où tu es invité, elle compte tes conférences données, tes articles publiés, tes prix reçus comme autant d'indicateurs de ta générosité. Avec toi, elle n'en finit pas de faire le tour de la terre."La passion selon Charles-Henri Rapin ou le roman de soi est une biographie du gériatre Charles-Henri Rapin (1947-2007), effectuée à partir d'entretiens biographiques. Sa personnalité charismatique permet à l'auteure de mener une réflexion sur le moteur d'une passion pour le développement des soins palliatifs et la réduction de la douleur, l'amélioration des conditions de vie des personnes âgées et de la justice sociale.La biographie de Charles-Henri Rapin se double d'une fiction qui questionne le travail biographique, exercice périlleux où la biographe court toujours le risque de se perdre entre la réalité et la fiction, entre la personne et son personnage, entre la mémoire et l'histoire.
Serions-nous encore un être moral si nous possédions un pouvoir consistant à nous faire oublier des autres et de nous-mêmes? Si nos aspirations contradictoires trouvaient leur satisfaction, serions-nous encore capables de discerner le rêve de la réalité? La lecture est-elle une contagion et partageons-nous les crimes que nous lisons? A quoi ressemblerait la mort si nous pouvions lui serrer la main? La perte du langage serait-elle un retour au Paradis, une Chute ou autre chose par-delà le bien et le mal?Oscillant entre essais et contes, ces récits explorent des régions inaccessibles à la raison, comme une pensée itinérante faisant glisser ses concepts, les faisant déborder le temps d'un voyage dans des villes englouties.
L'objectif poétique de Marius Popescu consiste à faire entendre, à faire voir. On part à la découverte sensorielle des objets qui nous passent sous la main, sans discrimination, et de là, on s'envole vers des univers plus intérieurs. On ne fait plus de différence entre une parole banale et une parole significative, entre un personnage insipide et un personnage pittoresque, entre un événement futile et un événement dramatique. Tout geste, toute parole, toute incidence de la vie contiennent bien une infinité de données, alors pourquoi sélectionner, pourquoi hiérarchiser ?
Cette pièce de l'écrivain belge, écrite en 1890, a été jouée à Lausanne en mars 2001. Pour cette occasion, le metteur en scène, Benjamin Knobil, a souhaité placé les peintures de Serge Cantero dans le hall qui conduit à la salle de spectacle. Les tableaux très puissants ici reproduits sont d'un noir intense inondé de blanc. Entre lumière et obscurité, les aveugles parlent.
Grimpion est instituteur dans un petit village de Suisse romande. Rêvant de devenir un notable, il use de toute la panoplie à la disposition de l'arriviste : séduction, flagornerie, alliances douteuses, dénigrement, trahison… Dans ce roman satirique, Jules Besançon porte un regard acéré sur la société et sur les institutions vaudoises du milieu du 19e siècle. Trois postfaces historiques donnent des éclairages sur le contexte de l'époque.
Mémoires d'un ouvrier graveur, membre de la Fédération jurasienne
1929. Un vieil homme termine son existence, retiré sur un alpage jurassien, à l'écart du monde. Pour ses neveux et nièces, seuls liens qu'il conserve avec le monde moderne, il entreprend de réunir ses souvenirs. Et c'est un univers encore proche qui ressurgit : ouvriers horlogers, anarchistes, sectes protestantes rigoristes, patrons oscillant entre paternalisme et aristocratie. Revivent aussi dans ces pages, en filigrane, des personnages comme James Guillaume, Adhémar Schwitzguébel, Mikhaïl Bakounine, Karl Marx. Avec l'évocation du passé viennent les interrogations. Où se situe l'essentiel ? "On ne peut jamais savoir, on fait ce qu'on croit être juste, on tente d'être en accord avec soi-même, et l'important est de pouvoir se dire qu'on n'a jamais triché, même si l'on s'est trompé."