Notre ouvrage propose une réflexion sur les moyens de la mise en commun des milieux vivants: par le fil de la vie? par la littérature? par les épidémies et notre mode de vie rapprochée? par la ville? par la fonction d'exaptation? par l'art du pistage? par la symbolisation? par le jeu? par le regard? par l'exigence d'apparaître? par l'intention de faire comme si? Nous espérons que ces questions trouvent des éléments de réponse pour mieux partager les milieux vivants et permettre à tout être vivant de se faire son milieu et de trouver sa place comme sujet d'une vie à la première personne.
Comment partager les milieux vivants de manière à ce que chaque individu humain et autre qu'humain y trouve sa place, puisse y faire son milieu? Penser les milieux vivants en commun engage une réflexion sur l'universel: tout individu vit dans un milieu. Mais cela engage une nouvelle conception de l'universel décentrée de l'humain et refondée dans les milieux vivants (qui incluent l'espèce humaine). Approcher l'universel des milieux vivants, c'est penser un sujet collectif et politique qui a des droits (pour les individus humains et autres qu'humains) et des devoirs (pour les individus humains seulement, selon la règle du pollueur-payeur car seuls les humains détruisent l'habitabilité et la cohabitabilité du monde). Les droits de ce sujet collectif se résument à un seul: le droit de vivre dans un monde durable et même désirable par sa qualité de vie; et les devoirs eux aussi se résument à un seul: le devoir de protéger la cohabitabilité de ce monde, la coexistence d'individus humains et autres qu'humains qui pourront tous y déployer leur style de vie et leur projet de vie en termes de situation et de liberté.