Nombre de transformations sociales récentes nourrissent des questionnements concernant le " privé " et ses frontières: nouvelles formes d'emploi, place des secteurs privés et publics dans l'organisation sociale, extension des technologies numériques à de plus en plus de domaines de la vie courante, demande accrue de protection de la vie privée, mais aussi dans la vie privée avec, notamment, les dénonciations des violences intrafamiliales. Aussi diverses soient-elles, ces évolutions ont en commun d'interroger le privé depuis ses frontières, qu'il s'agisse d'affirmer le besoin de les durcir, de les protéger, de les effacer ou encore de les déplacer. Le champ académique ne fait pas exception pour ses usages plurivoques du terme. Quand bien même l'expression " privé " renvoie à des registres différents, cet ouvrage fait le pari de fonder sa problématique sur les frontières en tant que lieu pertinent de questionnement du privé… ou plutôt des privés.Quatorze chapitres issus d'enquêtes récentes sur des terrains et des objets diversifiés composent ainsi l'ouvrage: privatisation des services publics au Royaume-Uni ; pénétration de l'enseignement privé dans l'offre publique d'éducation secondaire en France; différenciation historique des affaires " privées " et " publiques " ou du droit " public " et du droit " privé " ; reconfigurations des frontières du privé dans l'espace domestique des classes populaires ou chez les personnes mal-logées ; " espaces propres " de jeunes femmes en milieu rural; régulation des désordres familiaux par la justice ; effets des technologies numériques sur la vie intime des femmes; effet des technologies médicales sur leur vie professionnelle; relations d'enquête façonnées par le privé des chercheurs, des chercheuses et celui des enquêté·e·s.Ces différents travaux de recherche ont en commun de donner à lire la manière dont le privé, à la fois relationnel, processuel et politique, ordonne la réalité, au sein d'une pluralité d'espaces sociaux.
Luttes de classement artistique, processus, ambivalence
S'inscrivant dans l'analyse des continuités mais aussi des transformations contemporaines des mondes de l'art, cet ouvrage met l'accent sur les processus de longue durée et les changements historiques des règles du jeu de la reconnaissance. Il explore les modalités de construction de la valeur et la transformation des critères et des formes de classification des œuvres en fonction de différents cadres sociaux, historiques et politiques et pointe le rôle qu'y joue la scène internationale.L'intérêt porté aux critères de classification de l'excellence artistique permet de souligner les luttes existant entre différents principes de reconnaissance, entre des principes autonomes et hétéronomes de classification des biens culturels. Enfin, l'ouvrage invite à prêter attention à des œuvres et des genres dominés, ou dont l'identification comme art n'est pas " allée de soi " (bandes dessinées, affiches, cinéma, cirque, littérature best-seller, avant-garde plasticienne, musique populaire, etc.) et souligne l'ambivalence même des reconnaissances acquises. De la sorte, il souhaite rendre tangible le caractère profondément social des critères esthétiques et des modes de production des créations artistiques.
Cet ouvrage propose une sociologie de la " relation de clientèle ", entendue ici comme outil de management (fondé sur la fixation d'objectifs " commerciaux "), dispositif d'organisation du travail et ensemble d'interactions entre professionnels et clients, dont les propriétés sociales croisées sont prises en compte dans l'analyse. Approfondissement et dépassement de la " relation de service ", la relation de clientèle tend à se généraliser dans le secteur marchand mais aussi dans le secteur public, fondée sur des réformes censées inviter les clients et usagers à évaluer de façon subjective le service rendu (service direct, ou service associé à un bien), tout en produisant une hiérarchisation plus accentuée de ces mêmes clients et de la légitimité de leurs demandes.La première partie de l'ouvrage esquisse un tableau de la relation de clientèle en s'interrogeant sur sa nature, sur les conditions d'emploi et de travail des vendeurs et sur l'enseignement et la diffusion des préceptes de la " nouvelle vente " qui accompagne la montée en puissance de la relation de clientèle. La deuxième partie porte le regard sur les entreprises privées où la relation de clientèle, fondamentale, s'est transformée et généralisée. Dans les services publics, qu'étudie la troisième partie, la " relation de service " puis " de clientèle " s'est imposée comme mode de réorganisation et de " modernisation " des entreprises publiques dans un premier temps, puis de l'ensemble des services publics. La quatrième partie montre, pour finir, comment la " relation de clientèle " fait l'objet de stratégies de maîtrise, voire d'évitement, de la part de certains professionnels, soit pour se soustraire à des formes de pression hiérarchique, soit parce que la négation du rapport économique, donc de la figure du client, est une technique de vente dans certains secteurs.
L'ouvrage de José Luis Moreno Pestaña porte sur les troubles alimentaires. Il construit son objet sociologique en s'appuyant sur une enquête de terrain menée en Andalousie. S'inscrivant dans la lignée des meilleurs travaux de sciences sociales sur la maladie, la santé mentale et les troubles alimentaires, il réaffirme et approfondit trois propositions. En premier lieu, ce qui est considéré comme sain dans une configuration sociale spécifique, ou à un moment donné du temps, sera vu comme pathologique dans une autre configuration et à un autre moment. En deuxième lieu, il convient de prendre en compte à divers titres les effets que les systèmes experts et institutionnels exercent sur les personnes sur lesquelles ils ont prise. Troisièmement, les troubles alimentaires existent parce que les personnes se trouvent en situation problématique au sein des structures sociales et dans certaines configurations, familiales ou professionnelles. L'ouvrage apporte une contribution inédite à ces perspectives en montrant notamment que les troubles alimentaires peuvent surgir à des points très différents de l'espace social. Les exigences esthétiques peuvent entrer en conflit avec les équilibres économiques et symboliques en vigueur au sein des classes populaires. Le surgissement des troubles alimentaires engage le rapport au corps des membres des différents groupes sociaux. José Luis Moreno Pestaña explicite les relations qui existent entre les trajectoires des personnes malades, leurs ressources sociales et les diverses possibilités qu'offre le système sanitaire. Il propose ainsi une reconstruction compréhensive des pratiques de diagnostic et de traitement. L'étude de la diversité des parcours éclaire, parallèlement, la distribution différenciée des modalités et des possibilités de sortie des troubles alimentaires.
De la sociologie d'une profession à la sociologie du travail professionnel
L'hypothèse centrale de l'ouvrage est que, loin d'une " déprofessionnalisation " ou d'une " mutation d'identité ", les architectes font montre d'une grande faculté d'adaptation liée au capital symbolique attaché à leur titre. Cette mobilisation du groupe professionnel pour maintenir et faire valoir sa place est décrite sous le terme de " travail professionnel " entendu comme un regard sur les pratiques renvoyant à deux dimensions : à la fois travail de production du bâti architectural et travail de production d'une identité professionnelle, celle d'architecte.
Alors qu'au début du XXe siècle, elle passe, aux yeux de François Simiand, pour une des trois " idoles de la tribu des historiens " à abattre, la biographie connaît, à partir des années 1970, un vif regain d'intérêt, au point d'être perçue, quelques années plus tard, comme un nouveau " totem " des sciences sociales.En passant du statut d'idole à celui de totem, ce n'est plus l'utilité de "la" démarche biographique qui est remise en cause mais son unité même. Ainsi, sous-tendues par des présupposés théoriques différents, les notions plus ou moins conceptualisées (carrière, histoire de vie, itinéraire, trajectoire, etc.) ne manquent pas en sciences sociales pour rendre compte des logiques biographiques. C'est à l'usage même de ces diverses notions que cet ouvrage s'intéresse.Plutôt que d'endosser le rôle de censeurs théoriques, les coordonnateurs de ce livre ont pris le parti d'ouvrir un espace de prises de positions scientifiques et de proposer à différents chercheurs de mettre plusieurs de ces concepts à l'épreuve de la pratique scientifique.
L'absence très fréquente des proches, au chevet du mourant, démontre de manière tragique à quel point l'expérience de la mort semble refoulée, " interdite ". Mais comment ne pas voir à quel point ce déni de la mort est dès le départ en relation avec un rapport très ambiguë au corps ? Un corps de préférence beau, jeune et performant. De toute évidence, la question de la " fin de vie " dépend de notre aptitude à établir des liens : des liens avec nous-mêmes aussi bien que des liens avec autrui, voire des liens avec le monde - celui-ci nous apprend que tout être apparaît et disparaît au sein des cycles de la nature -. D'où la nécessité d'une reconstruction de notre champ symbolique qui se trouve aujourd'hui investi par les représentations stéréotypées des médias de masse. D'où la nécessité, également, de recourir à l'imaginaire du mythe, à condition de ne pas se laisser aspirer par sa puissance fusionnelle. Serons-nous capables d'inventer des mythes qui soient en mesure de répondre à l'absence de sens qui marque cruellement notre époque ?
Uranium, nucléaire et radioactivité en Limousin. Une approche sociologique de la question environnementale de l'industrie de l'uranium
À partir d'une enquête sociologique, le livre s'attache à comprendre l'évolution de la question environnementale de l'industrie de l'uranium en Limousin de 1949 à 1995. Le CEA puis la COGEMA ont été les exploitants de la zone minière la plus importante en France. Trois périodes sont ainsi mises en évidence : d'abord, le temps béni de l'uranium ; ensuite, le " tout nucléaire " des années 70 ; enfin, la disparition dans les années 90 de l'activité industrielle et du renouveau du militantisme antinucléaire.