Qu'apprend-on de l'histoire en jouant aux Playmobil ou en découvrant au goûter les vignettes du chocolat Poulain ? Jusqu'où la littérature jeunesse peut-elle dire les violences de l'histoire ? Des jeux de société aux châteaux forts, en passant par la lanterne magique, l'objectif de cet ouvrage collectif est d'examiner l'histoire transmise aux enfants en dehors de l'école, à travers les jeux, les divertissements, les livres. Les auteurs explorent la diversité des ingénieries du passé à destination des enfants sondant aussi bien des dimensions matérielles de ces productions culturelles, que de leurs dimensions idéologiques, économiques et symboliques.
À partir d'un corpus de plus de 200 œuvres, cet ouvrage parcourt environ 70 ans d'écriture de la Shoah à destination des enfants. Reprenant d'abord des motifs propres à la littérature génocidaire pour adultes, en particulier ceux de Perec, les auteurs de littérature de jeunesse s'émancipent en centrant leur propos sur une démarche identitaire conforme à leur public et en interrogeant la représentation possible du génocide par les images. La dimension littéraire irrigue encore cette production, pourtant parfois soumise à des formes de surenchère éditoriale, mais invitée à se renouveler dans ses genres, ses personnages et ses enjeux institutionnels, culturels et médiatiques.
Les grands conflits du XXe siècle en Europe racontés aux enfants
Comment parler de la guerre à des enfants alors que les parents n'osent pas aborder le sujet? C'est le défi relevé par la littérature de jeunesse: son objectif de transmission et d'éducation explique qu'elle investit autant cette thématique.Dans ce volume, la seconde guerre mondiale est largement abordée comme sillon matriciel de la présence de toutes les guerres dans les romans ou les albums pour la jeunesse. L'évocation du conflit à travers toute l'Europe (Italie, Grande-Bretagne, Irlande, Allemagne, Espagne, Pologne, Tchécoslovaquie, France) met en avant les silences des adultes face aux incompréhensions des enfants, mais aussi les formes de violence cruelles engendrées par la guerre, tandis que les révolutions et conflits contemporains (Portugal, Grèce, Irlande, Rwanda) rendent la nécessité du souvenir et de la commémoration encore plus palpable.À l'heure de la disparition des témoins de la Shoah, alors que la réflexion sur la transmission d'un devoir d'histoire est d'actualité, en particulier en Europe où la résurgence des discours totalitaires est préoccupante, la littérature de jeunesse européenne a pour fonction, en plaçant l'enfant au cœur de la narration, d'être veilleuse de mémoire.