Les langues minoritaires ont fait et continuent de faire l'objet de préoccupations de plus en plus débattues depuis la première moitié du XIXe siècle. Cette réalité socio-culturelle et politique a été, globalement, celle d'un mouvement descendant de la pratique de ces langues et celle d'un développement croissant des prises de conscience et des revendications à leur sujet. Leur prise en compte en Europe, malgré des réticences, de l'indifférence ou des mesures contraires, a graduellement débouché sur divers types de structuration et de gestion des demandes dont celui de textes internationaux à caractère juridique comme la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Les procédures d'aménagement ou de normalisation linguistique qui ont résulté de ces divers engagements se sont accompagnées, au fur et à mesure de leur développement, de l'émergence et de la fixation progressive de notions qui désignent ces langues en même temps qu'elles informent sur la place et les représentations dont elles font l'objet dans le paysage sociolinguistique de tel ou tel pays.Trois de ces notions, " langue régionale ", " minorité linguistique " et " langue propre " sont étudiées dans cet ouvrage qui complète ainsi d'autres parutions autour notamment des deux premières d'entre elles, dans le cadre du projet de recherche " Typologie des langues minoritaires historiques en Europe " (2014-2019, Conseil régional Nouvelle Aquitaine, MSHA avec l'UMR 5478 Iker et l'UA CRDEI de l'Université de Bordeaux / droit). Le choix de ces trois notions procède de l'hypothèse selon laquelle elles seraient censées être les plus référentielles en Europe dans la terminologie juridique des droits linguistiques et en sociolinguistique des langues minoritaire.
Après 1989, la libération de la parole et de la pensée dans les pays centre-européens se traduit par la mise en place de politiques impliquant un renouvellement de l'historiographie officielle. Dans la Pologne démocratique, ce travail va de pair avec la redécouverte d'une diversité ethnique, linguistique, religieuse, culturelle de ses territoires, fortement présente dans les mémoires de ses habitants, mais longtemps absente de la sphère publique et effacée du récit identitaire officiel. L'imaginaire d'une identité plurielle s'oppose ainsi à la vision d'une identité polonaise mono-ethnique et catholique héritée des longues périodes d'oppression idéologique et de repli.Interrogeant cette Pologne plurielle, le présent ouvrage cherche à articuler le regard sur la Pologne contemporaine avec deux concepts problématiques: la mémoire et l'altérité. Comment la Pologne réussit-elle à intégrer les traces de ses Autres dans sa mémoire collective? Quelle place ceux-ci se voient-ils attribuer dans les récits identitaires polonais d'aujourd'hui? Quelles sont les poét(h)iques qui travaillent et que travaille cette configuration identitaire polyphonique? Telles sont les questions abordées dans ce volume, aboutissement de récents travaux de l'équipe-projet " Mémoires plurielles du monde russe et est-européen " cordonnée par le Professeur Pascale Melani à l'Université Bordeaux-Montaigne (2019-2021) et dédiée à l'étude des rapports au passé dans le monde est-européen et slave.
Les situations des langues minoritaires ont été et continuent d'être en Union soviétique et Russie à l'origine de nombreuses et significatives préoccupations dans les domaines scientifique et politique. Elles ont ainsi fait l'objet, depuis le début du siècle dernier, de plusieurs phases de politique linguistique, en commençant par une période très volontariste avec l'"?édification linguistique?" (âzykovoe stroitel'stvo) de nombreuses langues visant à les codifier, les équiper de variétés littéraires et les protéger au moyen de droits linguistiques appropriés.Le capital d'études et d'expériences qui en résulte a été à l'origine du grand nombre de notions qui sert à désigner les différents cas de langue minoritaire existant dans ce vaste espace. Ce sont les raisons de la singulière diversification de ces notions et de leurs caractéristiques au vu de leurs contextes qui sont abordées et étudiées au moyen d'approches pluridisciplinaires issues principalement des sciences du langage et du droit mais aussi de la psychologie et de la géographie humaine.L'étude des notions en elle-même qui catégorisent les langues minoritaires ainsi qu'à travers leurs applications à des cas concrets à l'échelle spatiale de la Russie ou de zones particulières telles que celle du Grand Nord russe, de pays détachés de l'ex-Union soviétique, membres ou non de la CEI (Kirghizstan, États baltes), et des régions de langues ouraliennes, est complétée par leur comparaison avec certaines de celles qui ont cours en Europe occidentale, en France notamment.
Les récents développements politiques et juridiques en France tendant vers une ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires montrent que la thématique des langues minoritaires, bien qu'elle ne soit pas toujours au premier plan, ne perd jamais de son actualité.Le présent ouvrage résulte d'une recherche pluridisciplinaire menée dans le cadre du Groupe de Recherche Interdisciplinaire sur les Langues Minoritaires en Europe (GRILME) et du programme Langues minoritaires et marges linguistiques en Europe, soutenu par le Conseil régional d'Aquitaine. Associant des juristes et des linguistes, tant universitaires que praticiens, ce Groupe de travail a organisé de nombreux séminaires et journées d'études autour d'un but commun: identifier et catégoriser les langues minoritaires en Europe occidentale. C'est à partir de ces rencontres, riches et variées, que le présent ouvrage a été conçu.Cette étude fait apparaître une situation contrastée. Si la tendance à la protection des langues minoritaires est désormais généralisée en Europe occidentale, sous l'impulsion notamment du Conseil de l'Europe, la façon dont elles sont appréhendées et protégées varie grandement d'un espace à l'autre, d'une région à l'autre, en fonction de l'Histoire et de la structuration politique.
La sociolinguistique a longtemps considéré l'espace comme secondaire, réduit le plus souvent à une aire d'origine des langues et des locuteurs. La géographie n'estimait pas que la langue puisse produire des structures spatiales, en restant à un stade purement descriptif de situations localisées, dans le cadre de la géographie culturelle comme dans celui de la géographie de la population. Le présent ouvrage contribuera à mesurer le chemin parcouru et la pluridisciplinarité n'est pas ici l'affichage d'une posture de bienséance. Elle découle de la pratique en commun, à travers la diversité disciplinaire, chaque domaine apportant sa part avec une écoute mutuelle.
Qu'est-ce qu'une minorité et qu'est-ce qu'une nation ? Ces deux termes, apparemment distincts, sont pourtant liés d'un point de vue historique, sociologique et sémantique. Le mot de minorité, qui n'apparaît qu'à une époque déterminée de l'histoire, a souvent été utilisé par un groupe dominant soucieux de définir sa suprématie en désignant un ensemble de personnes porteuses de signes distinctifs "minoritaires". Il en a été ainsi des juifs, des homosexuels notamment. Quant à l'idée de nation, sa définition varie également selon les époques et les groupes étudiés. L'ouvrage étudie l'évolution de la notion de minorité à partir de deux cas de figures. D'une part, les groupes minoritaires religieux — les protestants notamment — et leurs tentatives pour s'intégrer à une communauté d'appartenance nationale. D'autre part, les groupes dont l'appartenance a été mise en cause après l'effondrement des empires multinationaux, les déplacements des frontières et la montée des nationalismes.
La sociolinguistique propose des notions et des approches pour l'étude des caractéristiques internes et externes des langues minoritaires. Les enjeux dont elles sont porteuses dans la société qui les prend en compte expliquent que d'autres disciplines en font aussi un de leurs objets d'étude : le droit, les sciences politiques, l'histoire et la géographie sont ainsi également représentées dans le présent ouvrage collectif. Des spécialistes, acteurs de l'aménagement linguistique, font également part de leurs connaissances et de leur expérience professionnelle dans ce domaine. Le fait linguistique minoritaire, conditionné par des frontières, des limites administratives, historiques, proprement linguistiques, traditionnelles ou d'implantation parfois récente, toutes souvent en mouvement ou se modifiant de nos jours et influant pour ces raisons sur les contours de la promotion d'une langue minoritaire, constitue le fil conducteur de ce livre.
Colloque de la Société française d'études irlandaises
La culture et l'histoire mythifiées sur lesquelles s'est fondée la nation irlandaise ont vu émerger à l'aube du 20e siècle une réalité sociale moderne. Une refonte identitaire s'en est suivie, l'Irlande se recréant et se réinventant, comme l'illustrent certains faits de société et certaines expressions artistiques. Le rapport à la mémoire demeure crucial dans ce phénomène de réinvention, dont la dynamique se poursuit dans le nouveau millénaire.
Essai de mesurer la prégnance, ou simplement l'émergence, du droit communautaire devant les juridictions sises en Aquitaine, à travers les moyens de droit européen ou les recours préjudiciels à la Cour de Justice des Communautés, dans quelques grands secteurs (vin, marchés publics, proctection de l'environnement, chasse). Le constat est clair : si le droit communautaire a d'ores et déjà droit de cité dans la région Aquitaine, beaucoup reste à faire pour élargir son application. L'ouvrage est la première étude régionale systématique en France de ce type et la première d'une série d'études consacrées aux relations de l'Aquitaine et de l'Europe.