Ce livre est résolument étrange, navigation libre à travers la lecture de Melville conduite entre les lignes et au gré des périples. Ni critique, ni historique, ni roman, à peine un essai, pas vraiment une anthropologie de l'art, c'est un objet libre à portée visuelle, une expérience sensible du changement. Dernier volet d'un pentalogue habité par le roman destructeur Moby-Dick, Séisme tente d'investir le goût de l'art que les terres d'Achab laissent dans la bouche, à travers l'exploration de trois grands tracés directeurs que sont le principe de création permanente, le statut des images selon une approche mésologique et une proposition de méthode de recherche-création nommée " méthode Melville " applicable par les chercheuses et chercheurs en art. " J'ai écrit un livre malfaisant " avait déclaré Melville au sujet de Moby-Dick. J'ai tenté d'habiter sa dure et bienveillante faculté de transformation observable chez tous ces êtres de terre.
L'histoire de l'émigration répond à une pulsion vitale. Comme de nos jours, l'émigrant du XIXe siècle était guidé par l'espoir d'une vie meilleure. Des milliers de Français embarquèrent des ports de l'Atlantique pour gagner l'Amérique du Sud: ce continent devenu indépendant semblait le lieu de tous les possibles, que ce soit dans les publicités des agences d'émigration ou les récits de voyage. Inspiré d'Humboldt, un manuel d'expatriation fut publié à Agen en 1823. Retrouver son auteur anonyme est la première enquête qui ouvre cet ouvrage d'histoire sociale et culturelle.Le livre aborde les conditions de la navigation transatlantique, les déboires des migrants endettés, les violences à l'égard des subalternes, l'acclimatation des peintres et photographes (Bonnaffé et Monvoisin, les frères Courret). Les destins des Aquitains et des Basques, aristocrates et domestiques, cultivateurs et intellectuels, révèlent ségrégation et succès obtenus outre-mer. Les trajectoires féminines ne sont pas oubliées, à travers les biographies de féministes (Flora Tristan, Gabrielle Laperrière), de missionnaires, de résistantes (Lucha et Madeleine Truel), longtemps négligées par l'histoire académique.Inspiré par la liberté de penser de Montaigne, le lecteur est invité à suivre l'itinéraire de son choix pour explorer les liens historiques et les circulations entre le Sud-Ouest et l'Amérique.
Le Shipin de Zhong Rong (468-518) est un texte de critique littéraire qui porte sur le genre poétique pentasyllabique. Il évalue et classe en trois catégories une centaine de poètes depuis les Han jusqu'à jusqu'à son époque, tout en visant un idéal d'équilibre entre la spontanéité dans le fond et le raffinement dans les formes. Ce classement est précédé par une préface en trois parties où l'auteur expose les principes ayant guidé son travail.Le présent ouvrage bilingue comporte, en plus d'une traduction annotée du texte de Zhong Rong, une anthologie bilingue de l'ensemble des œuvres qu'il mentionne.
Les auteurs ont réuni plusieurs amis et anciens étudiants deLouis Jambou pour témoigner toute leur reconnaissance à cetillustre musicologue et hispaniste de la Sorbonne. Il n'existaitpas, en effet, de publication d'envergure et en diachronie sur lamusique espagnole dans le panorama éditorial francophone.Cette publication vient combler un vide, en donnant uneréponse scientifique de qualité à cette problématiqued'histoire culturelle.
Existe-t-il une spécificité de l'enseignement artistique au féminin? À la fin du XIXe siècle, un nombre croissant de femmes accèdent à une professionnalisation, de la miniature au tableau de chevalet, en passant par la gravure. Certaines envisagent la pratique artistique sans avoir la nécessité d'en vivre, mais avec tout autant d'implication. Cette mosaïque de profils et de trajectoires a pu émerger par le biais d'enseignements où la différenciation sexuée et la hiérarchisation des objets sont encore prégnantes. Les processus d'apprentissage révèlent en outre une place non négligeable de l'artiste comme enseignante. Appréhender cette histoire nécessite une déconstruction des schémas narratifs et une refonte des conventions linguistiques, l'introduction du mot maîtresse pouvant en faire partie.Huit approches monographiques, études de cas d'élèves femmes, de maîtres ou de maîtresses, à la tonalité parfois intimiste, entendent questionner la manière dont la formation s'appréhende avec un homme ou avec une femme. Il s'agit aussi d'apporter des éléments de compréhension des relations et des enjeux qui s'établissent au sein de l'atelier, dans un contexte d'émancipation féminine.
Marie Taglioni (1804-1884) était une véritable star. Son nom est associé à un rôle La Sylphide (1832), à la danse sur pointes, et au ballet romantique. Cette étude retrace le parcours européen de la danseuse en analysant les mythes qui s'élaborent autour d'elle, de l'enfant prodige au modèle indépassable. Mais derrière la gracieuse Sylphide se cache une véritable femme d'affaires gérant sa carrière grâce à un solide réseau. Cet ouvrage est un apport original pour l'histoire de la danse et des femmes en ce qu'il souligne la pluralité des visages de l'artiste, tant sur scène que hors scène.
Qu'est-ce qu'une œuvre blanche? Une œuvre blanche, au sens de Barthes, serait une œuvre baignée par la clarté, dépourvue de sous-entendu, nourrie par la filiation et alimentée par le désir. Le travail de Peter Soriano, habité par une pensée " océanique ", par la mobilité, la fluidité et l'allégement des opérations sculpturales, vient ici rencontrer une blancheur d'une toute autre catégorie, une blancheur chargée par la troublante ambivalence d'un animal, subtil, incompris et effrayant, cernée par la traduction des signes et le don d'ubiquité. Cet animal, c'est Moby Dick.Ce livre est le fruit de la collaboration entre le sculpteur Peter Soriano et un petit collectif de plasticiennes chercheuses et plasticien chercheur de l'université Bordeaux Montaigne, autour du chapitre quarante-deux " La blancheur du cachalot " de Moby-Dick.Ce travail collectif poursuit les explorations du roman de Melville mené par le Laboratoire des objets libres à partir de l'analyse et l'actualisation de ses grands sujets, sur la collaboration, le faire, l'intelligence collective, la sensibilité, la pensée écologique, la traduction, la polyvalence et la mobilité.
À l'époque des communications virtuelles, la crise de la présence humaine se dessine puissamment. Les écrans démultipliés, les villes exponentielles, les créations polymorphes, les espaces traversés et les temps superposés favorisent le battement entre l'ici et l'ailleurs dans nos expériences sensibles. Pourtant pas de présence sans absence avec nos fantômes, et des retours de présence peuvent advenir dans des événements où les corps se mêlent physiquement.Dans cet ouvrage, chercheurs et artistes explorent, dans une transdisciplinarité revendiquée, ces paradoxes caractérisant le contemporain.
Les comtes de Ségur-Cabanac et Bordeaux (1655-1888)
Souvent victime de confusions grossières avec les Ségur de Francs, la maison de Ségur-Cabanac a pourtant plus d'un mérite à faire valoir à l'attention des historiens du Bordelais. Enracinée au XVIe siècle dans la seigneurie de Cabanac, cette branche cadette de la famille de Ségur gère aussi bien ses destinées matrimoniales que ses carrières militaires ainsi qu'un imposant patrimoine foncier. Trois générations de comtes occupent la charge de lieutenant de maire de Bordeaux, en passe de devenir la seconde ville du royaume. Malgré une tentation parisienne de quelques années au milieu du XVIIIe siècle, leur présence à la cour se borne à leurs quartiers de commandement chez les Gendarmes de la Garde du roi.
Cet ouvrage, qui rassemble les Actes du colloque qui se tint à l'Université Bordeaux Montaigne et au Musée de la Création Franche les 4 et 5 octobre 2018 offre une série de mises au point indispensables sur une catégorie énigmatique: " l'art brut ". Dans une perspective interdisciplinaire, il apporte un éclairage démystificateur sur les discours qui entourent ces productions, en se demandant également comment leur examen permet d'interroger la nature et le pouvoir de l'art. En ce sens, il s'adresse à un public universitaire (philosophie, histoire de l'art), mais aussi au public des musées d'art moderne et contemporain, des musées d'art brut, et des écoles d'art.
TAKAMURA Kôtarô (1883-1956) a beaucoup contribué à la fondation de la poésie japonaise moderne. Son livre, Chieko-shô, traduit ici sous le titre Poèmes à Chieko, demeure l'un des recueils de poèmes les plus lus au Japon depuis la parution de sa première édition. Il rassemble surtout des poèmes en vers libres où TAKAMURA évoque son amour pour sa femme Chieko, ainsi que sa douleur face à la maladie et à la mort de celle-ci. C'est ici la première traduction française de ce recueil.
Le présent ouvrage contribue à une révision pluridisciplinaire de deux cents ans d'histoire culturelle et sociale des pays andins au moment où le Pérou s'apprête à fêter le bicentenaire de son indépendance.Les sources consultées par les auteurs de ce volume collectif sont peu connues, voire inédites: il s'agit de correspondances, de mémoires, de chroniques, d'atlas, de récits de voyage parus en français ou en espagnol de l'époque coloniale au début du xxe siècle.