Ce livre est une étude des dynamiques qui ont entraîné la construction du marché de l'art aux États-Unis entre les années 1800 et 1930. Il s'agit d'une analyse des transformations qui ont permis la construction d'un réseau national à partir de réseaux régionaux. Plus précisément, elle traite de la manière dont les Beaux-Arts se sont développés à Boston, Philadelphie et New York à partir d'idéologies et d'idéaux religieux, ainsi qu'à partir des concepts et stéréotypes socioculturels attachés à l'art et à l'artiste. L'auteur montre la manière dont la restructuration de la société au dix-neuvième siècle et les origines sociales des mécènes ont joué un rôle central dans la construction du marché de l'art. L'arrivée de nouveaux groupes sociaux issus de l'industrialisation a influencé le rôle de l'artiste au sein de la société, ainsi que sa mission culturelle et sa relation avec le public. L'étude de Marc S. Smith montre aussi comment de nouvelles catégories socioprofessionnelles, comme les critiques et les illustrateurs, ont émergé de ce nouveau contexte économique et ont altéré la position sociale de l'artiste alors que la presse écrite montait en puissance. Le pouvoir économique des mécènes les a poussés à utiliser leurs investissements dans les Beaux-Arts pour justifier et affirmer leur nouvelle position sociale. L'ouvrage analyse enfin la manière dont le mécénat industriel a injecté dans le marché de l'art des stratégies et des logiques issues du milieu financier, influençant le fonctionnement de tout le système.
Pour le monde de l'art américain, les années 1970 représentent une décennie charnière, porteuse de changements radicaux. Tandis que de nouvelles formes et pratiques artistiques apparaissent (installations, performances, art vidéo, photographie), de nouveaux lieux d'exposition se multiplient à New York et ailleurs: les espaces alternatifs. Là, règne un esprit d'expérimentation incarné par la nature industrielle des bâtiments investis par les artistes. En offrant une alternative à la galerie d'exposition traditionnelle, ces espaces se définissent comme des lieux de contestation des normes artistiques établies. Pour les jeunes artistes expérimentaux qui cherchent leur place dans le monde de l'art, ils représentent des lieux de visibilité indispensables à leur reconnaissance artistique et professionnelle. Cet ouvrage retrace la naissance et l'histoire précoce de trois espaces alternatifs emblématiques de leur époque: le 112 Greene Street et Artists Space situés dans le quartier de SoHo à New York, et Hallwalls implanté à Buffalo. En quelques années, ils acquièrent reconnaissance et notoriété, et s'institutionnalisent peu à peu, préfigurant la création des premiers musées d'art contemporain dans les années 1980. À travers de nombreuses illustrations, New York Seventies fait la lumière sur cette histoire encore peu connue qui permet de remonter aux origines de l'art contemporain américain.
De Dwight D. Eisenhower à George W. Bush (1952-2008)
L'objectif de cet ouvrage intitulé Les Républicains de Dwight D. Eisenhower à George W. Bush (1952-2008) n'est pas de traiter in extenso la question mise au concours : il faudrait plusieurs ouvrages volumineux pour balayer ces présidences républicaines et en faire le bilan complet. Dans un but pédagogique et pratique pour les agrégatifs, le véritable objectif est de baliser le terrain et d'offrir un condensé précis et une vue d'ensemble sur la question en adoptant différents angles d'approche. Tout d'abord, une partie introductive plante le décor : elle parcourt l'histoire du Parti républicain de son origine à 2008 et propose un éclairage sur l'évolution de la pensée républicaine jusqu'à nos jours tout en synthétisant l'action politique des présidents concernés et les principaux événements auxquels ils ont été confrontés. Ensuite, un recueil de 15 articles universitaires permet d'approfondir la réflexion sur des points plus précis. Figurent également quelques annexes concernant les Républicains et une bibliographie indicative.
Ce volume, réalisé à l'occasion du centenaire de la création du " little tramp " de Charlie Chaplin, regroupe des articles novateurs sur la vie et l'œuvre du cinéaste. Les auteurs, français, belges, anglais, américains, à la renommée internationale, s'intéressent aux premiers pas de Charlot et à la satire chaplinienne. Ils s'interrogent également sur la place du corps et de la musique dans l'œuvre du cinéaste ainsi qu'aux nombreuses déclinaisons de ce petit homme qui a traversé le temps et les époques. Toutes ces études variées offrent une réflexion originale sur les aspects connus et moins connus de Charlie Chaplin pour mettre en lumière la dimension universelle du personnage de Charlot et sa modernité, figure emblématique qui réapparaît sous d'autres formes dans la littérature, le cinéma et les arts du XXe et du XXIe siècles. Le but de cet ouvrage est d'amener le lecteur à comprendre comment cette figure symbolise l'Homme dans ce qu'il a, à la fois, de vulnérable, de résilient et de créateur, mais également d'expliquer en quoi l'appropriation de ce personnage à travers différentes formes artistiques lui permet de continuer à vivre et de trouver un écho en chacun de nous.
Love's Labour's Lost présente, à la manière de l'Art d'aimer ovidien, une sorte de guerre amoureuse dont il sort autant de gagnantes que de perdants, ce que, semble-t-il, Shakespeare s'était amusé à mettre en scène en deux volets, comme dans ses fresques historiques, en intitulant une autre de ses comédies Love's Labour's Won. Si à notre époque on considère la réception théâtrale comme très centrée sur le regard et la question du point de vue, comme en témoigne le terme de " spectateur ", celle de l'Angleterre de la fin du XVIe siècle est centrée sur l'écoute. Le titre anglais de Peines d'amour perdues souligne la richesse des significations possibles selon que l'on place ou non une apostrophe, voire deux, variation que reflètent ses éditions successives. Dès le titre, la pièce affiche donc sa dimension parodique et souligne le fait que les sons prévalent sur la grammaire pour se jouer d'elle, affirmant la force créatrice du travail sur/du jeu avec la langue qui sous-tend l'ensemble du dialogue. Aux références contextuelles plus ou moins explicites s'ajoute la parodie du style maniéré de certains de ses contemporains, ainsi que le redéploiement des rôles stéréotypés de la commedia dell'arte. Alors que tous les registres de la comédie, depuis la farce la plus crue jusqu'aux mots d'esprit les plus subtils, sont présents, l'intrigue (ou ce qu'il en reste) est dépourvue de clôture narrative. L'absence de résolution magnifiée par la démultiplication de l'intrigue amoureuse interroge les conventions de la comédie pour mieux en repousser les limites. En plaçant de manière inattendue le dernier acte sous le signe d'un memento mori, la pièce laisse le spectateur sur une irrémédiable incertitude quant au devenir des couples. Longtemps considérée comme inférieure, cette pièce où se déploie toute la virtuosité langagière et théâtrale de Shakespeare est analysée (ainsi que ses adaptations récentes) dans le présent volume par un panel international de spécialistes en études shakespeariennes.
1845-1850. Histoire et représentations d'un désastre humanitaire
La Grande Famine – An Gorta Mor en irlandais – est sans doute en dehors des deux guerres mondiales la pire catastrophe humanitaire à laquelle l'Europe occidentale a été confrontée dans la période contemporaine. Épisode tragique de l'histoire irlandaise et des relations anglo-irlandaises, elle constitue à plusieurs titres un point de rupture dans la société irlandaise tant ses conséquences démographiques, économiques, sociales, linguistiques et politiques ont laissé une trace profonde qui a marqué les esprits jusqu'à ce jour. La Grande Famine du milieu du dix-neuvième siècle fait partie de ces sujets historiques pour lesquels le débat intellectuel est encore aujourd'hui loin d'être clos, et qui continuent à soulever les passions : comme le soulignent Catherine Maignant et Frank Rynne dans la première partie, le sujet met en évidence la distance existant entre la réponse émotionnelle d'une mémoire collective qui reste traumatisée par la catastrophe, et la froide approche académique des faits. De plus les considérations idéologiques restent encore extrêmement présentes et peuvent rendre toute interprétation des faits potentiellement suspecte de partialité. Cet ouvrage fait le point sur l'historiographie de la Grande Famine, les consensus qui se dégagent aujourd'hui entre les spécialistes du sujet, et il fournit également des contributions sur des aspects concrets essentiels de la crise traversée par l'Irlande entre?1845 et?1850. Il propose enfin des analyses de la réception de l'événement et des traces mémorielles dont l'influence dépasse le récit national irlandais.
Combinant une approche contextuelle, historique avec une vision synthétique et analytique, ce livre vise à développer le champ de recherche sur le cinéma irlandais auprès d'un lectorat français. L'Irlande a cette particularité européenne d'être restée une colonie britannique jusque bien après l'invention du cinéma. La (re)construction culturelle du pays s'est par conséquent exprimée tant par des représentations filmiques postcoloniales, en particulier sur le conflit anglo-irlandais, que par une réception des films témoignant de préoccupations identitaires issues du postcolonialisme. Cet ouvrage propose donc une définition élargie du cinéma irlandais. L'organisation en douze chapitres procure une vue d'ensemble de l'histoire culturelle et cinématographique irlandaise en lien avec les cinématographies britannique et américaine, tandis que l'analyse approfondie d'une sélection de films éclaire sur la formation progressive d'une esthétique singulière. L'étude des stratégies discursives des chercheurs irlandais, dont de nombreux films ont fait l'objet, permet de revenir sur le contexte politique et culturel de la production cinématographique et débouche sur de nouvelles réflexions, où les représentations subjectives font partie intégrante d'une approche constructiviste selon laquelle l'évolution des films et de leur réception participe de l'identité collective fluctuante de la société qui les produit.
The House of Mirth est sans doute le plus célèbre des romans d'Edith Wharton. Publié en 1905, il s'inscrit à la charnière de deux siècles, et par conséquent au début de la carrière de son auteur. L'entreprise est avant tout réaliste – roman de mœurs, peinture sociale de la haute société new-yorkaise au Gilded Age. Dernière phase du pendant américain de l'ère victorienne, il s'agit d'une époque étroitement corsetée – du moins dans sa représentation littéraire ? qui permet la mise en scène de tous les drames poignants du conformisme et de la révolte étouffée. L'histoire de Lily Bart, cette protagoniste à la fois tellement désireuse de se faire une place dans le monde où elle n'est qu'un pauvre satellite, et si attachante dans son désir de vérité et la passion qu'elle fait taire, tient de la tragédie et du mélodrame. Edith Wharton sait se trouver une voix propre, même si ses recherches stylistiques se situent à la marge d'une écriture réaliste, voire picturale et même pointilliste, et d'une aventure formelle qui préfigure le modernisme par le recours au monologue intérieur et à la focalisation interne. Le film éponyme réalisé en 2000 par Terence Davies est une adaptation de grande qualité qui revendique la fidélité au roman, tout en réussissant à se créer un univers propre. Attentif à restituer l'atmosphère si particulière d'une haute société à la violence aussi feutrée qu'implacable, il sait, sans mièvrerie, donner accès au contenu sentimental et profondément émouvant du roman, et se trouver une langue cinématographique, alternant lenteur statique et accélérations elliptiques, décors surchargés et épures des visages. Le volume rassemble quatorze contributions sur le roman et le film Qu'il s'agisse des unes ou des autres, du regard d'une écrivaine à celui des spécialistes de chacun des champs représentés, l'essentiel nous a paru devoir être une véritable interrogation des œuvres, qui certes favorise le travail de compréhension, mais ne cède jamais sur l'ambition interprétative, sur la recherche des enjeux les plus universels.