p.p1 {margin: 0.0px 0.0px 0.0px 0.0px; text-align: justify; font: 13.0px 'Helvetica Neue'}Longtemps minimisés par la critique universitaire, les multiples apports de Carl Gustav Jung à un renouvellement de l'anthropologie philosophique sont ici argumentés. L'interprétation philosophique de l'œuvre suit deux fils conducteurs : l'évaluation constamment positive de la philosophie kantienne par le psychologue suisse, d'une part, et, d'autre part, l'identification de l'inconscient collectif archétypique à un a priori transcendantal informant les concepts spécifiquement jungiens : quaternité, mandalas, synchronicité. Ces deux orientations exigeaient que l'œuvre de Jung soit confrontée, non seulement aux philosophies de son temps qu'il a lui-même évaluées (Kant, Hegel, les romantiques allemands, Nietzsche), mais à deux courants de la philosophie contemporaine se référant au kantisme : phénoménologie (Husserl) et philosophie des formes culturelles (Cassirer). Ces confrontations confirment la fécondité philosophique de la pensée jungienne pour l'anthropologie.
S'inscrivant dans le domaine de la théorie critique, en particulier celle de l'école de Francfort, cet ouvrage propose une analyse de la pensée d'Axel Honneth visant à l'élaboration de modèles pour le diagnostic de " pathologies sociales " telles que la réification de nos interactions avec l'environnement non-humain (nature), dans la sphère du travail et encore dans les processus menant au déclenchement de violences extrêmes. La reprise des éléments mimétiques, pulsionnels et affectifs liés au corps (très présents chez la première génération de théoriciens critiques et notamment chez Adorno) dans le cadre d'une théorie à teneur normative constitue le fil rouge d'une recherche proposant de repenser le concept de réification et d'aliénation au-delà de la reconnaissance, dans une perspective reliant théorie et pratique.
En retraçant, depuis les théories de Descartes et Spinoza, la généalogie des débats contemporains sur la nature et les causes premières des émotions, l'auteur élabore une théorie phénoménologique des vécus émotionnels dont le but consiste à dépasser l'alternative entre les théories somatiques, qui expliquent les émotions par leurs causes neurobiologiques, et les théories cognitives, qui les interprètent comme un type spécifique des évaluations que, du point de vue de nos attentes, nous faisons de notre situation.Au lieu de réduire les émotions à être des résultats de processus objectifs se produisant dans le cerveau et au lieu de les ranger parmi d'autres états mentaux, le présent ouvrage propose d'appréhender les émotions comme un type spécifique de conduites. Ainsi, les gestes ou les comportements ne sont pas des événements secondaires, succédant à une émotion qui les motive : ils font partie de l'émotion elle-même, de sorte que la fuite est constitutive de la peur comme l'agression de la colère.Tout en tenant compte des résultats empiriques obtenus aussi bien par les neurosciences que par les sciences cognitives, la Phénoménologie des émotions remet en question le cadre épistémologique dans lequel les théories actuelles s'affrontent et propose d'embrasser l'intentionnalité et l'incarnation des émotions dans un discours unifiant, qui exprime l'identité ontologique de l'esprit et du corps.
Tout au long de son œuvre, Michel Foucault n'a cessé d'interroger les formes et les dispositifs de pouvoir qui définissent, dans nos sociétés modernes, les modalités du contrôle social et de la production normative des individualités déviantes (le fou, le criminel, le pervers). Parallèlement à ce travail d'analyse et de diagnostic de notre présent, il s'est attaché à développer une réflexion critique concernant les conditions pratiques et les enjeux politiques d'une résistance active à l'emprise du pouvoir et des normes sur la vie des sujets. " Là où il y a pouvoir, il y a résistance ", écrit-il dans La Volonté de savoir.Les études qui composent le présent ouvrage interrogent à nouveaux frais cette articulation entre pouvoir et résistance, qui forme le cœur de la pensée politique et de la démarche critique de Michel Foucault. Elles permettent ainsi d'apporter un éclairage original sur l'hypothèse du " bio-pouvoir ". Mais elles visent surtout à inscrire la problématique biopolitique dans un cadre plus large qui permet de faire apparaître l'ancrage philosophique et l'actualité de la pensée de Michel Foucault.La confrontation des enjeux critiques et politiques de cette pensée à celles de Kant, de Heidegger, de Deleuze, d'Agamben, de Negri, de Butler et de Walzer conduit alors à renouveler l'approche des relations entre pouvoir et résistance, en montrant que ces relations concernent toujours des enjeux vitaux, subjectifs et pratiques qui forment le socle de la mobilisation et de la lutte contre l'intolérable.
Troisième et dernière recherche de La dialectique réflexive, achevant la constitution de l'ontologie du soi ou " séisme ". L'intérêt du livre n'est pas seulement spéculatif ou de philosophie théorique, mais, conformément à la méthode mise en œuvre dans les deux premiers volumes, également historique, puisque ce sont les traditions de " l'analogie de l'être ", de " l'attribution " et de la " participation " en régime métaphysique, notamment chez les auteurs dits scolastiques, de même que les rapports entre religion et philosophie, en particulier chez Saint Thomas et Hegel, qui sont au cœur de l'ouvrage.
Cet ouvrage (qui réunit chercheurs français et étrangers) présente un éclairage renouvelé sur la question de l'éthique chez Kierkegaard. Souvent présentée comme une étape intermédiaire entre l'esthétique et le religieux l'éthique se révèle chez Kierkegaard à la fois la matière et le fruit d'une intense problématisation de ce que signifie être humain : est en jeu la possibilité d'une compréhension éthique de l'exigence d'un " rapport absolu à l'absolu ". Son œuvre, fondée sur des expériences déterminées autant que sur une culture immense, multiplie sources d'interrogation et terrains d'analyse. Sa forme même implique en matière éthique une réflexion irréductible à quelque doctrine, tout lecteur se trouvant engagé dans une relation originale avec une exigence. Sitôt suscitée cette relation échappe cependant à la rassurante ordonnance de la communication entre deux entités finies, non qu'y jouent quelque subjectivisme (supposé par tous ceux qui n'ont pas compris l'impressionnant rationalisme de Kierkegaard) ou certaine haine du moi acclimatée en climat luthérien (car Kierkegaard analysa comme désespoir la haine du fini pour le fini), mais parce que les conditions uniques de sa mise en scène appellent un acte patient de lecture, et veulent ouvrir le lecteur à son histoire propre.Les études rassemblées ici explorent cette exposition féconde qui travaille une liberté toujours en relation à d'autres libertés. Que ce soit dans la vulnérabilité d'une relation à autrui, l'écoute musicale, la tension de l'amour, l'expérience du vertige, le travail d'écriture, l'épreuve du religieux, et même dans les échecs de la vie morale, les auteurs s'attachent à comprendre l'intensité paradoxale de cette expérience de soi fondamentale qu'est l'éthique, et que Kierkegaard a su, de façon lumineuse, radicale, et inédite, magistralement penser.
La pensée de Ludwig Feuerbach (1804-1872) occupe une position originale dans le champ de la réflexion philosophique. Son intérêt a souvent été ramené au rôle qu'elle a pu jouer dans la formation intellectuelle du " jeune Marx ". Il convient cependant d'envisager les Héritages de Feuerbach de manière plus large en prenant en considération aussi bien les conditions d'élaboration de sa pensée que les conditions de sa postérité, donc de ses divers usages philosophiques (parfois inattendus ou implicites). Tel est l'objectif du présent ouvrage qui, à travers une série d'études inédites, met en perspective l'oeuvre de Feuerbach et lui restitue ainsi sa puissance de rayonnement. Dans un premier temps, se trouve élucidé le rapport problématique, mais constitutif, de la philosophie de Feuerbach à l'hégélianisme et, à travers lui, à la tradition de l'idéalisme allemand. D'autres études s'attachent à montrer comment Marx et Nietzsche ont pu à la fois exploiter la fonction critique de cette philosophie et en éprouver les insuffisances théoriques et pratiques. Pourtant, l'importance de la pensée de Feuerbach ne se mesure pas seulement à l'influence directe qu'elle a pu exercer sur ses contemporains mais également aux espaces de convergence que cette pensée s'est montrée capable de dessiner au-delà d'elle-même, et qui constituent à proprement parler son actualité. Cette actualité se dessine notamment dans les travaux de Blumenberg, de Sartre ou de Debord qui, par les interprétations qu'ils proposent de la pensée feuerbachienne, en renouvellent la fécondité et la pertinence pour notre temps.
Les antécédences herméneutiques de La dialectique réflexive
Il s'agit du complément de La dialectique réflexive dont on explicite les antécédences dans la perspective d'une histoire des transformations d'un espace triangulaire diversement et successivement articulé. L'être substantiel y a d'abord donné son sens au soi dans trois ontologies fondamentales de la substance (Aristote, Spinoza, Schleiermacher), tandis qu'ensuite, par une tentative de radicale inversion exemplairement repérée et élargie à partir de Kant (Humboldt, Cassirer, Weil) le soi a été posé comme donnant son sens à l'être. La donation du sens est enfin résultée d'une détermination réciproque de l'être substantiel et du soi subjectif, dont le premier mode fut chez Hegel à dominante substantielle, tandis que la dialectique réflexive se présente comme le second mode de cette réciprocité de l'être et du soi dans le sens, à dominante de subjectivité finie. Peut ainsi se trouver confirmée, après la " rescendance de la métaphysique " (Heidegger) et les propositions de sens de la philosophie de la physique (D. Bohm, G. Simondon, B. d'Espagnat) une possible et nécessaire " réascendance de la métaphysique ".
La pensée kantienne recèle la " clef de la philosophie moderne ". C'est par de tels éloges qu'en 1904, tandis que la seconde vague du néokantisme déferle dans l'Europe entière, est saluée la mémoire de Kant. Aucune philosophie n'a pu faire l'économie d'un débat avec cette pensée. Aucun site de la culture n'a échappé à son influence : les mathématiques, la physique, la physiologie, la psychologie, la morale, le droit, la politique, la création artistique, l'esthétique, la linguistique, l'anthropologie, tous ont, dès le dix-huitième siècle, été travaillés de l'intérieur par des thèmes ou des méthodes venant de Kant. Si cette philosophie est bien un " monument d'airain ", c'est surtout une formidable source de créativité, l'origine d'une dynamique philosophique encore efficiente. Le plus bel hommage, aujourd'hui encore, consiste sans doute non pas à ajouter un élément supplémentaire aux études historiques, mais plutôt à s'efforcer de prendre la mesure de cette efficience, de ressaisir l'importance contemporaine de la pensée kantienne et d'en retracer les voies. C'est à une telle visée que correspondent les études qu'on va lire, issues de communications dans le cadre d'un colloque international à l'occasion du bicentenaire de la mort de Kant, organisé à l'Université de Lille 3 par le Centre d'études critiques (Paris IV) et le Centre Eric Weil (Lille 3) en février 2004.
La dialectique réflexive est une ontologie de la finitude qui se constitue dans la forme d'un cercle spéculatif. En sa ligne réflexive ascendante, d'abord, cette finitude se pose en explicitant la présupposition de l'infinité qui lui donne son sens. Puis, en un mouvement descendant, la dialectique de l'infini, construite analogiquement dans la forme de la finitude, y pose le contenu de cette finitude comme son existence finie, éternel corrélat de sa propre existence infinie, en une co-existence elle-même éternelle. Dit en termes simples : si l'esprit fini dans le monde pose nécessairement en Dieu son propre sens, réciproquement, il pose nécessairement dans le monde, et dans cet esprit du monde qu'il est, l'existence de Dieu se comprenant finiment en lui. Le fil herméneutique de ces " lignes fondamentales " est une nouvelle ontologie dialectique du soi ou un " séisme réflexif " insérant en lui sans éclectisme les apports de Kant, Fichte, Schelling, Hegel, Marx et Weil, tout en se tenant au plus près des données actuelles du sens en matière d'épistémologie et de philosophie pratique contemporaine.