En 1793, quelques Allemands décident de soutenir avec enthousiasme la Révolution française et tentent de fonder sur leur sol une République. Mais de l'idéal à la pratique, les embûches se multiplient et l'expérience avorte. À la fin des années 1920, Stefan Zweig met en scène cet échec à travers une figure méconnue de l'histoire allemande, Adam Lux. Celui-ci affronte Marat et Robespierre, puis, écœuré par les excès de la Révolution, finit par se rallier à Charlotte Corday.À une époque où la révolution russe suscite de multiples interrogations, Zweig, auteur de biographies sur Marie-Antoinette et Fouché, propose ici une présentation singulière et originale de la Révolution commencée en 1789. Du rêve d'union franco-allemand à l'espoir d'un monde libéré des différentes oppressions en passant par les excès de la "Terreur", le célèbre écrivain suggère une réflexion sur les espoirs et désillusions que suscite une révolution.
Sur un ton à la fois ému et ironique, Johannes Urzidil, dernier grand conteur pragois d'expression allemande, revient dans ces deux récits sur la première guerre mondiale avec un recul de six décennies. La Dernière Tombola survole les dernières années d'enfance du narrateur en se centrant sur l'épisode tragi-comique du suicide à l'aide de ses bretelles d'un fonctionnaire viennois pour s'achever sur la déclaration de la première guerre mondiale dans l'atmosphère insouciante de l'élégante station thermale de Karlsbad. La Côte de ma grand-mère narre avec truculence les aventures extravagantes du soldat Urzidil pendant le conflit et se termine par le tableau cocasse de l'état-major austro-hongrois en déroute au moment de la proclamation de la République tchécoslovaque à Prague en 1918. La Côte de ma grand-mère s'inscrit dans la lignée des grands récits antimilitaristes tchèques, née du Brave soldat Chvéïk de Jaroslav Hašek auquel Urzidil rend hommage. Hormis la Grande Guerre, l'humour burlesque constitue bien le lien évident entre les deux récits.
Le 30 janvier 1933, Joseph Roth quitte définitivement l'Allemagne, où il exerce la profession de journaliste et de romancier depuis une décennie: son opposition de la première heure au national-socialisme et sa clairvoyance politique lui dictent le choix de l'exil. Il devient ainsi l'un des tout premiers représentants de l'émigration intellectuelle antihitlérienne. Les études ici réunies, dues à des spécialistes européens de l'œuvre de Joseph Roth, offrent un panorama des années d'exil que l'écrivain autrichien passa dans la capitale française, où, brillant prosateur jusqu'à ses derniers jours (tant dans le journalisme que dans la narration), il mourut le 27 mai 1939, alcoolique et désespéré, mais irréductiblement lucide quant à la situation politique de l'Europe. Sont tout d'abord examinées les positions idéologiques de l'auteur (dans le champ politique comme religieux), qui permettent de donner des contours à sa vision de l'exil, puis sont décrits les réseaux de l'émigration intellectuelle germanophone au sein desquels évoluait Roth, ainsi que des modèles contrastifs (Döblin, Zweig), avant que ne soient abordées plusieurs œuvres majeures écrites dans le contexte des années de l'opposition auIIIe Reich. Enfin, la question de la traduction et de la réception de ses œuvres en France est examinée à partir du cas emblématique de ses deux romans les plus connus, Job et La Marche de Radetzky. À travers, mais aussi par-delà le cas spécifique de Joseph Roth, le livre propose un regard sur l'émigration, le déracinement et l'esprit de résistance qui n'est pas sans résonances avec notre monde d'aujourd'hui.
Un cadavre retrouvé dans une ruelle, deux agents de police en mal d'action, un poète médiocre qui se prend pour un " Caligula de province" et ses malheureux citoyens : tels sont les protagonistes mis en scène par l'Autrichien Wolfgang Bauer (1941-2005) dans Sigismond Pfnacht. Tout en mêlant l'ironie tragique au grotesque, l'auteur bouscule les codes de la tragédie et livre une intrigue policière qui flirte avec l'absurde. Composé en 1962, cette pièce en trois actes présente une réflexion critique sur un théâtre viennois d'après-guerre et illustre les procédés qui seront constants dans l'œuvre de Bauer, comme la trivialité du langage théâtral, qui semble indiquer qu'il ne s'adresse plus, dès lors, à une élite bourgeoise mais à la société de masse.
Première traduction du roman de l'écrivain galicien, né en 1848, Karl Emil Franzos. Injustement oublié, cet auteur représentatif de l'univers ashkénaze évoque avec bonheur le monde en pleine mutation des juifs de l'Est. Il dépeint de manière réaliste les conditions de vie sociales, personnelles et historiques de cette communauté d'hommes et de femmes sujette à l'antisémitisme. Judith Trachtenberg, paru en 1891, connut d'emblée un vif succès qui assura la renommée de l'auteur. Le roman est centré sur la figure d'un personnage de femme et sur le thème de l'union mixte à travers l'union d'une jeune juive et d'un noble Polonais. Les deux jeunes gens se retrouvent au cœur d'un conflit entre leurs aspirations personnelles et les conventions sociales, conflit autour duquel s'articule l'intrigue même du livre.
Marie von Ebner-Eschenbach (1830-1916) est l'une des grandes écrivaines des lettres autrichiennes de la fin du 19e siècle. Les trois récits, réunis dans le volume, sont centrés sur la destinée d'un (ou de deux) personnage et semblent à première vue ne mettre en scène que des conflits ou des affections intimes et familiales. Mais leur dimension, on le comprend vite, s'élargit aux débats qui agitaient la société de l'Empire austro-hongrois à l'époque de leur écriture : l'identité de l'individu dans son groupe social, l'enfermement de l'être dans son univers, parfois jusqu'à la névrose, étudiée peu après Freud, les conflits entre un monde aristocratique en voie de disparition et un monde bourgeois en émergence. Humour, sûreté de l'écriture, pénétrante analyse de l'âme humaine caractérisent ces récits.
Il s'agit d'un recueil de nouvelles qui se déroulent au sein des communautés juives d'Europe centrale situées aux confins de l'ancien Empire austro-hongrois, avec le mélange ethnique et religieux qui caractérisait ces territoires dans lesquels se heurtaient les fanatismes de tous bords. Des récits qui, comme ceux de Joseph Roth ou de I.B. Singer, font revivre un monde disparu, mettent en scène des personnages pris dans des conflits où la voix du cœur et de la raison est écrasée par le poids des traditions et des luttes ancestrales. Des histoires qui plaident pour un humanisme éclairé face à tous les obscurantismes et à toutes les intolérances ethniques et religieuses. Une présentation de K.E. Franzos et de son œuvre les introduit.
Cette bibliographie est un répertoire de toutes les traductions françaises d'écrivains autrichiens publiées en France sous forme de volumes. Sont répertoriées aussi bien les éditions les plus récentes que les plus anciennes et les diverses rééditions. Conçu dans la perspective d'un usage pratique, cet ouvrage offre un panorama de la réception de la littérature autrichienne en France. Instrument d'orientation et de consultation destiné à tous ceux qu'intéressent les écrivains de l'Autriche actuelle et de l'ancienne Autriche-Hongrie.
Roman autobiographique de l'écrivain autrichien Alfons Petzold, La vie âpre est le récit d'une jeunesse passée dans l'"autre Vienne fin de siècle", non celle des ors klimtiens, des fastes du Ring et de l'Opéra, mais celle de la vie des faubourgs. Témoignage précieux sur cette Vienne 1900 vue d'en bas, c'est l'histoire vécue d'une lutte pour la survie matérielle, physique et intellectuelle d'un jeune ouvrier poète viennois au tournant du siècle.