Le concept de financiarisation fait référence au rôle croissant des intermédiaires et des marchés financiers dans la transformation des institutions, des comportements et des objectifs des acteurs économiques (ménages, entreprises, institutions financières, État). Dans cet ouvrage, nous montrons que la financiarisation, en promouvant une norme de rentabilité accrue, a élevé significativement le coût du capital pour les entreprises. L'emprise croissante de la finance sur l'entreprise est appréhendée ici à travers la définition de la notion de " surcoût du capital ", notion à laquelle nous associons une mesure dont nous suivons l'évolution des années soixante à nos jours. C'est au niveau du comportement d'investissement et de marge des firmes que se situe le point d'application directe du renforcement des exigences de rentabilité financière. Les effets sur la croissance et l'emploi sont quant à eux de deux ordres. L'augmentation du poids de la rente financière se traduit d'abord par une augmentation de la part des revenus financiers a priori défavorable à la consommation. Le principal effet dommageable de l'emprise accrue de la finance sur l'entreprise est cependant constitué par le ralentissement de l'accumulation du capital. Ce second " dégât collatéral " est lui-même double : moins d'investissement c'est d'abord moins de compétitivité et de croissance du pouvoir d'achat (effet-production), mais c'est aussi moins d'emploi (effet-demande). La période dite des " Trente piteuses " peut ainsi s'interpréter comme un nouvel épisode de la lutte entre la propriété et l'activité qui a animé toute l'histoire du capitalisme jusqu'à nos jours.
L'œuvre de Marx est construite autour d'un triptyque " travailliste " – anthropologie générale, socio-économie historique et utopie sociale – dont il s'agit de montrer la puissance, la pertinence et l'actualité. Même si la centralité du travail ne s'institue et ne semble valoir que pour le seul monde moderne, il ne saurait y avoir de société qui n'ait fait, d'une manière ou d'une autre, l'expérience du travail comme forme essentielle de la condition humaine. Si la philosophie du travail définit fondamentalement l'être humain, il revient à la socio-économie des modes de production – en particulier le capitalisme où règne la " loi de la valeur" – de montrer que, dans l'histoire, le travail a toujours été l'objet de multiples aliénations qui obèrent la vérité anthropologique dont il est universellement porteur. Seule une société émancipée de toutes les formes de domination pesant sur le travail permettra à chacun de ses membres de s'épanouir pleinement. On peut bien sûr discuter tel ou tel point du " travaillisme " marxien, à commencer par l'utopie communiste. Mais tant que notre horizon social restera dominé par le capitalisme, cette approche constituera une ressource incontournable pour comprendre le présent, le subvertir et dégager une perspective d'émancipation.
Cet ouvrage offre une présentation synthétique des concepts et des théories de l'une des principales écoles de pensée hétérodoxes en économie, l'école autrichienne. Fondée à la fin du XIXe siècle lors de la révolution néo-classique et développée par certains des plus grands théoriciens du XXe siècle, elle connaît aujourd'hui un regain d'intérêt de par son explication monétaire de la crise des subprimes et sa critique des politiques gouvernementales qui sont appliquées pour la combattre.L'école autrichienne constitue un paradigme à part entière, qui aborde avec ses propres concepts et dans un cadre théorique spécifique tous les grands thèmes de l'analyse économique, depuis la notion de valeur jusqu'aux effets des interventions de l'État, en passant par la formation des prix de marché, la nature du processus concurrentiel, les lois de la production, les phénomènes monétaires et les cycles d'affaires. Les théoriciens de l'école autrichienne présentent aussi l'une des défenses les plus cohérentes et les plus solides du libéralisme économique.Le contenu de cet ouvrage intéressera principalement les étudiants en économie, et plus généralement en sciences sociales, qui cherchent une présentation approfondie, rigoureuse et néanmoins non mathématisée des fondements de l'analyse économique.
Pour la première fois sont mis à la disposition des étudiants, enseignants et chercheurs des textes difficilement accessibles du fait de leur éparpillement et, pour beaucoup, faute d'une traduction en français. Ces textes composent trois ensembles.Les commentaires, qui ont été jugés par Keynes suffisamment importants pour qu'il leur réponde, constituent le premier ensemble. Leur importance tient, aussi et ce n'est la moindre, à ce qu'ils sont à l'origine de développements ultérieurs de la pensée keynésienne : on peut indiquer notamment les débats sur la notion de " finance ", sur les rapports entre l'approche des économistes suédois et celle de Keynes.Le second ensemble reprend la recension de Mantoux de 1937. Souvent méconnue, elle est symptomatique de la réaction des économistes français face aux thèses keynésiennes.Le troisième regroupe les modèles parus l'année même de la Théorie générale. Ces modèles ne se réduisent pas au modèle IS/LM. En dépit d'une certaine ressemblance formelle, ils ne sont pas de même nature. Leur comparaison permet de mieux resituer les enjeux des débats.L'introduction générale, qui se veut pédagogique, est plus importante que celle que l'on trouve habituellement. Elle vise à situer les auteurs des commentaires, à donner des aperçus sur leur construction qui, souvent, est issue, d'un long échange épistolaire avec Keynes ainsi qu'à préciser des éléments du contexte, notamment en ce qui concerne l'accueil de la Théorie générale en France.
La " responsabilité sociale, sociétale et environnementale des entreprisesnbsp;" (RSE) est encore très souvent analysée au seul niveau microéconomique et contractuel. Cette approche est aujourd'hui dominante dans les travaux sur la RSE et se traduit par la prépondérance des analyses portant sur les liens entre l'entreprise et ses "nbsp;parties prenantesnbsp;". L'ancrage institutionnel et les rapports de force qui déterminent ces relations sont en général absents de telles analyses. Cet ouvrage adopte une position différente selon laquelle la question de la RSE doit également être analysée en dehors de l'entreprise, de la relation interindividuelle, pour être portée au niveau collectif. Cette posture est en opposition avec une vision exclusivement interindividuelle de la sphère économique et sociale, que porte quelquefois le mouvement de la RSE. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce phénomène ne cache pas un retour à une illusoire régulation uniquement fondée sur le contrat et la volonté individuelle, il porte l'espoir d'une forme de régulation collective, et donc individuellement contraignante, du mode de production capitaliste.
La pauvreté est là. Comme un fait brut qui ronge toute société et toute conscience. Elle n'exige nulle preuve ni démonstration. À travers les âges, elle se manifeste sous différentes figures, tour à tour exaltées ou honnies. Notre modernité ne fait pas exception. La croissance économique, les systèmes de redistribution, la programmation de la société, les réalisations prométhéennes de la science n'ont pas permis de la vaincre. Obstinément, malgré la diffusion constante du progrès matériel et à l'encontre de nos convictions qui nous portent à croire qu'elle serait un objet théorique maîtrisé, elle persiste et résiste – obscure, accusatrice, énigmatique...
Si le marché est omniprésent dans le monde d'aujourd'hui, sa saisie théorique est tronquée par la science économique contemporaine, qui suppose l'équilibre marchand sans s'interroger sur son émergence concurrentielle. Cet ouvrage repose la question générale de la coordination par les prix et envisage la loi de l'offre et de la demande dans deux univers théoriques différents. Un résultat paradoxal est suggéré : l'inertie du prix favorise l'équilibration du marché. Une proposition keynésienne est rappelée : le chômage n'est pas dû à une défaillance accidentelle de la dynamique des prix.
Les théories de l'inflation et du chômage après Keynes
Le projet keynésien était de construire une théorie générale marginalisant le cas classique comme un cas particulier. Il situait clairement le champ de la bataille contre le chômage hors du marché du travail que les néo-libéraux entendent " assouplir ". La courbe de Phillips semblait compléter la théorie keynésienne d'une équation de prix indiquant qu'une politique de soutien à la demande combinée à une politique des revenus était de nature à assurer le plein-emploi tout en contenant les pressions inflationnistes pouvant accompagner la baisse du chômage.Cet ouvrage souligne l'actualité du projet keynésien, à l'heure où la macroéconomie dominante a restauré le point de vue classique sur le chômage et la monnaie. Révisant la relation inflation-chômage, les courbes de Phillips du deuxième et du troisième âge des monétaristes et des nouveaux keynésiens s'épuisent à recommander " réformes structurelles " et politiques macroéconomiques restrictives, inaptes à combattre le chômage de masse. La postface de Marc Lavoie explore la pertinence d'une courbe de Phillips du quatrième âge d'inspiration postkeynésienne, inédite en France, indiquant que la demande crée l'offre et que sa stimulation est susceptible de n'être aucunement inflationniste dans le contexte de sous-emploi des hommes et des machines.
Une crise de surproduction générale et un chômage durable dû à une insuffisance des débouchés sont-ils concevables dans une économie de marché ? La question peut sembler curieuse au profane. Pourtant, au plan théorique, cette question reste très controversée. Jusqu'à Keynes, tous les économistes ont adhéré à la loi des débouchés, qui excluait ces deux dysfonctionnements. La révolution keynésienne a précisément consisté à rendre concevable une économie capitaliste en butte au problème de l'extension de ses débouchés. Keynes a montré que c'est l'organisation de l'économie par la monnaie qui rend possible un chômage causé par l'insuffisance de la demande. Mais depuis 50 ans, les économistes se sont évertués à brouiller le message de Keynes. Le but de cet ouvrage est d'effectuer un retour aux sources, pour restituer le sens profond du message keynésien, et donner à voir le surcroît d'intelligence qu'il nous permet d'acquérir sur le monde dans lequel nous vivons. Ce qui peut intéresser l'honnête homme qui n'a pas renoncé à se cultiver, l'étudiant curieux, l'économiste qui croyait savoir, et l'homme politique ou l'acteur social qui a besoin de savoir.