Les travailleurs sociaux sont souvent confrontés à des situations vécues comme des échecs. Ils ont alors pour mission d'aider à l'émergence de nouveautés qui puissent débloquer et faire évoluer les personnes, les groupes et les structures. Lorsque les symptômes persistent, les processus stagnent et les pathologies résistent, les travailleurs sociaux se sentent alors, eux aussi, en échec. C'est à ce type de sentiments que les 5èmes Journées francophones "Travail social et approche systémique " de septembre 2001 ont voulu s'intéresser. L'échec non pas des usagers en difficulté, mais celui qu'éprouve l'intervenant social confronté à l'inefficacité ou à la paralysie de et dans son travail. Les conférences et comptes rendus d'ateliers - témoignages qui constituent les divers textes de cet ouvrage - démontrent que loin d'être découragés par ces expériences et par le sentiment d'échec qu'inévitablement ils rencontrent dans leur quotidien, les travailleurs sociaux peuvent accepter ces échecs comme des occasions d'apprendre, des occasions aussi de créer de l'inédit. Transformer des échecs en sources de créativité et en imagination renouvelée, telle pourrait être l'ambition de l'intervenant social d'aujourd'hui. Textes réunis à la suite des Cinquièmes Journées francophones "Travail social et approche systémique" tenues à Genève les 13 et 14 septembre 2001.

L'auteur expose et analyse son expérience "d'éducateur-chercheur" dans le cadre de la mise en place d'un atelier de photographie auprès des femmes incarcérées étrangères en voie d'expulsion. Il évoque clairement le contexte particulièrement difficile dans lequel il a réalisé son expérience au sein de la prison de La Tuilière dans le canton de Vaud en Suisse, tout en montrant au lecteur comment des espaces de liberté propres au travail socio-éducatif peuvent être construits.

La condition des chômeurs ne se réduit pas au malheur personnel. Elle dépend de pratiques officielles, celles des diverses instances en charge de leur sort. Leurs rapports avec ces instances sont cruciaux pour les chômeurs : ils façonnent et révèlent à la fois leur image sociale. L'auteur met en évidence, à partir d'un patient travail de terrain, la logique perverse dont sont victimes en Suisse, les chômeurs. Il explicite les présupposés négatifs (symbolisés par la hantise des abus) qui ont marqué de manière décisive la politique du chômage et ses improvisations dans les années 90. La culpabilisation inscrite au cœur des pratiques des instances fait des chômeurs des citoyens de seconde zone, soumis à une discipline contraignante qui s'écarte des normes communes. Manière fort traditionnelle de réaffirmer que, pour les plus démunis du moins, le non-travail est une violation de l'ordre social. Imputer la faute à ceux qui sont privés d'emploi, plutôt que s'interroger sur le fonctionnement de l'économie, c'est nier les fondements socio-historiques de l'assurance-chômage. Ne serait-ce pas également l'obscur désir de rappeler aux travailleurs en place qu'il convient de rester soumis ? Avec son parti pris de lisibilité, qui n'exclut pas la rigueur d'analyse, ce livre intéressera tous ceux qui, directement ou indirectement, sont concernés par la question du chômage.

Insultés par des collègues au travail, soumis aux chicanes de commerçants voisins, humiliés, voir discriminés par un organisme public ou privé, écartés d'un logement, licenciés d'un emploi ou accusés par des voisins de l'immeuble… lorsqu'ils osent enfin prendre le téléphone, les victimes ou témoins d'actes racistes sont souvent exténués par des mois d'humiliation ou de souffrances en silence, ou encore par un sentiment de révolte ou d'impuissance. En s'adressant à la ligne verte gratuite SOS Racisme de l'Association romande contre le racisme, ils trouvent un lieu d'écoute et de parole, ouvert à toute personne victime ou témoin d'actes racistes. En appelant, ils espèrent obtenir reconnaissance du tort subi, justice et réparation, ou souhaitent dénoncer un fait qui les choque. Ainsi, une analyse des appels reçus durant plus de deux ans a permis de dresser un constat des violences racistes et de mettre en évidence les relations de pouvoir subtiles entre auteurs et victimes. L'expérience des victimes constitue le point de départ de cette recherche-action menée conjointement par l'Institut d'études sociales (IES) et l'Association romande contre le racisme (ACOR). Elle ne s'arrête pourtant pas là. Prendre en compte la perception des incidents par les victimes, et les souffrances que ces dernières expriment, constitue la base de l'intervention, qui sera sociale, juridique, pédagogique ou de médiation, voire politique. En réponse aux appels, des interventions ont été expérimentées et un modèle d'intervention développé et documenté par des monographies. Il comprend le soutien personnel, la médiation pénale et communautaire, et des actions socio-pédagogiques. Ces interventions reposent toujours sur une même philosophie : écoute, dialogue, réparation et empowerment.

La démocratie est bien, à sa racine, une rencontre. De laquelle naissent des projets qui rassemblent, autour d'intérêts communs, des individus égaux en droits mais différents en potentiel de création. Aucun d'eux ne sait ce que va donner la rencontre, mais déjà elle transforme les êtres et les conduits au- delà d'eux-mêmes, vers de nouvelles formes de sociabilité. Voici un itinéraire qui débute par une histoire d'amour. L'amour d'un voyageur pour une ville qui lui révéla une autre façon de voir les choses, les gens, et leur capacité à prendre en main leur destinée. Il se poursuit par une autre histoire d'amour, celle d'un photographe qui s'éprend de la beauté des arbres dont il tente de capter la loi d'harmonie. Il pressent, en effet, que la réponse à la question que posait Alain Touraine en 1997 : " Pourrons-nous vivre ensemble ? " se trouve dans la confiance que l'homme ose se donner dans sa capacité d'agir et d'entreprendre par lui-même, en direction des autres. Car c'est bien l'altérité, cette tierce présence entre le connu et l'inconnu de soi, qui guide le développement, même si la peur de l'autre et le détournement de l'action pour le profit de quelques-uns, vient constamment en interrompre le mouvement. L'ouvrage d'Alain Simonin, volontairement allusif, reste " ouvert " face aux diverses écoles de pensée. Récits, impressions, développements conceptuels et méthodologiques, références de lectures s'y entrecroisent et invitent le lecteur à poursuivre sa propre réflexion. Il intéressera celles et ceux qui se posent la question de l'avenir du projet démocratique dans une société mondialisée par les nouveaux mandarins de la finance, de l'industrie et de la technologie. Il encouragera les acteurs sociaux, militants ou professionnels, à élaborer les outils de demain qui serviront à redonner à la société civile (réseaux, associations d'habitants, d'artisans, d'artistes, d'entrepreneurs) son pouvoir de confrontation, d'innovation, et sa capacité à créer des liens de solidarité. Il passionnera enfin les formateurs en travail social qui s'intéressent aux démarches de co-construction des référentiels d'intervention et de leurs fondements théoriques.

Discours magistraux et comptes rendus d'expériences se complètent et s'interpellent, pour faire apparaître comment des pratiques de travail social qui se réclament du modèle systémique traitent de manière originale et spécifique cette préoccupation de "créer des liens". Se préoccuper des liens peut aider les personnes à mobiliser leurs ressources dans le but de rétablir une alliance significative avec leur environnement et retrouver ainsi dignité personnelle et citoyenneté, tant dans des démarches individuelles, familiales, que de groupe ou de collectivité. C'est ce postulat que les auteurs, praticiens et chercheurs soumettent à la discussion.

Depuis la nuit des temps, les hommes ont joué avec les ombres. Théâtre religieux en Asie, théâtre populaire en Grèce et en Turquie, théâtre du fantastique en Europe, où fut inventé la lanterne magique, aussi. Jeu de société pour petits et grands, dans la rue, dans les salons, le théâtre d'ombres suscita recherche et création, la recherche du merveilleux. La recherche du merveilleux, c'est ce que les enfants hospitalisés ont trouvé lorsque, à la nuit tombée, le théâtre d'ombres frappait à leur porte. L'auteur nous raconte, avec beaucoup de sensibilité, ses rencontres, le soir, avec les enfants hospitalisés dans l'Unité d'onco-hématologie de la Clinique de pédiatrie de Genève. Une expérience vécue sur plusieurs années, et qui se poursuit... Le lecteur est invité à assister, discrètement, à de magiques et émouvants intermèdes dans le monde oppressant de la maladie. Le professionnel trouvera, lui, des pistes d'inspiration ludique ou thérapeutique intéressantes. Le théâtre d'ombres – n'ayez crainte, il lui faut si peu de choses pour exister: une source lumineuse, un drap pour écran et des silhouettes qui sortiront tout droit de votre imagination et prendront vie dans vos mains. Cet ouvrage plein de poésie est rehaussé d'aquarelles croquées par l'auteur, ainsi que de délicates illustrations et photos en couleurs et en noir et blanc.

L'assurance invalidité (AI) est une branche relativement mal connue et peu étudiée du système suisse d'assurances sociales. Les auteurs, en focalisant leur attention sur un groupe bien spécifique - les jeunes malades psychiques -, ont voulu explorer une tendance qui se confirme: celle de l'augmentation remarquable du nombre de rentiers pour cause de troubles psychiques. L'AI, prévue à l'origine pour compenser la perte de revenu due à l'invalidité physique, est-elle appelée à fonctionner comme mécanisme d'attribution de revenus de substitution? L'étude attentive des données peut nous révéler des tendances qui doivent faire réfléchir tous ceux qui, comme les auteurs, défendent le principe d'un droit au revenu pour ceux qui ne pourront pas trouver leur place sur un marché du travail de plus en plus compétitif. Comment, à vingt ans, peut-on "vivre à la rente"? Cet ouvrage présente les résultats d'une étude réalisée dans le cadre du Programme National de Recherche 29 du Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique intitulé "Changements de mode de vie et avenir de la Sécurité Sociale" (Subside 4029-028228).

La pratique de la formation continue est bien établie parmi les travailleurs sociaux. On connaît mal, cependant, ce qui les motive à se former et comment ils font leurs choix parmi les nombreuses et diverses possibilités qui leur sont offertes. Cette recherche auprès d'une cinquantaine d'entre eux montre que dynamique professionnelle et évolution personnelle vont de pair. Elles s'articulent dans un "projet existentiel" qui engage aussi bien les choix successifs concernant le travail social et la formation que les orientations de la vie privée.

Face à la toxicodépendance le travail social semble chercher sa voie, à côté de la médecine et des sciences humaines. Nino Rizzo relève le défi et essaie de montrer le bien-fondé d'une quête d'identité du travailleur social en toxicomanie. D'abord par la présentation et l'analyse de quelques pratiques genevoises à caractère social, notamment celles présentées à une table ronde organisée en octobre 1987 à l'Institut d'Etudes Sociales. Dans une deuxième étape, l'auteur reparcourt la notion de toxicodépendance pour la rendre plus opérationnelle dans la pratique du travail social. Il présente le toxicodépendant comme un être qui aurait égaré son sens aussi bien sur les plans social et familial que sur celui de la relation mère-enfant. Enfin il propose quelques éléments pour un modèle possible du travail social en toxicomanie, repères professionnels autour desquels chaque travailleur social peut construire une identité et une pratique propres.

Les effets de la crise économique et le vieillissement de la population ont considérablement modifié le contexte économique et social depuis une dizaine d'années, et donc les conditions du travail social en Suisse, particulièrement dans les secteurs de la santé, de la vieillesse et du travail.Dès lors, d'autres problèmes sociaux surgissent et, pour tenter d'y remédier, de nouvelles actions sociales para-étatiques ou privées s'ajoutent aux institutions sociales classiques de Suisse romande

Le mot théorie a pour origine un terme grec qui signifie observation, contemplation. Devant nos yeux et dans nos esprits se sont succédé, durant ces cinq jours, plusieurs intervenants et plusieurs façons d'aborder le changement; il s'agissait bien de concepts abstraits plus ou moins appliqués et applicables dans le domaine du travail social.