Neuchâtel joue un rôle capital dans le processus de réformation religieuse des pays de langue française avant de céder le pas à Genève, réformée en 1536. On peut dire qu'en 1530, elle est la première ville réformée francophone. Son rayonnement est sans proportion avec son importance: elle compte à peine 2 000 habitants au XVIe siècle. Néanmoins on verra avec quelles difficultés la Réforme parvient à s'imposer dans l'ensemble du comté et la seigneurie de Valangin.Nous verrons les raisons de ce succès et les personnalités ou les puissances politiques à qui on peut l'attribuer: Berne d'abord, l'allié traditionnel, Guillaume Farel, son émissaire, les bourgeois de la ville, désireux de s'affranchir de leur souveraine française Jeanne de Hochberg. Durant presque deux siècles, Neuchâtel constitue une exception: une terre réformée dont le souverain est catholique. Cette relative autonomie permet à l'Église neuchâteloise de se doter de structures, originales elles aussi, qui doivent autant à Genève qu'à Berne, deux modèles antinomiques dans leur rapport au pouvoir politique, notamment dans le domaine de la discipline qui encadre la vie des fidèles.
Le 9 mars 1522, une petite assemblée réunie autour du réformateur Ulrich Zwingli mange ostensiblement des saucisses en pleine période de carême, en totale opposition avec les prescriptions alimentaires qui régissent ce temps de renoncement aux plaisirs du monde. La Réforme suisse est lancée. Emmenée par des figures comme Zwingli, Vadian ou Bullinger et, en Suisse romande, par des personnalités telles que Farel, Viret et Calvin, la Réforme va profondément transformer le paysage religieux et politique de la Suisse moderne. Fondée jusque-là sur sa culture du mercenariat, la réputation de la Confédération sera désormais portée par son statut de centre intellectuel et religieux du protestantisme européen. Mais, à ses marges, la Réforme suissene fait pas l'unanimité: en témoignent l'opposition du catholicisme qui lui résiste dans certains cantons et le développement, à Zurich même, du mouvement anabaptiste qui finira par essaimer dans le vaste monde.Guerres de religion, bûchers, noyades et bannissements marquent ainsi ses premières années. Confrontée à la nécessité de l'apaisement politique et religieux, la Réforme contribue pourtant aussi,mais à son corps défendant, au développement de la culture du compromis helvétique et à l'émergence du pluralisme religieux. Elle participe ainsi à l'entrée de plain-pied de la Confédérationdans les temps modernes.
Depuis une vingtaine d'années, l'organisation hospitalière est un enjeu politique majeur. Alors que les coûts de la santé explosent et que la Suisse est l'un des pays du monde avec la plus grande densité d'hôpitaux, toute réforme en profondeur des systèmes hospitaliers semble vouée à l'échec. D'où viennent ces difficultés? Pourquoi existe-t-il autant d'hôpitaux dans notre pays? Sur quelles bases se sont-ils développés? Pour répondre à ces questions, cet essai propose une analyse historique de l'évolution des politiques hospitalières en Suisse romande du milieu du XIXe siècle à nos jours. Une contribution essentielle aux débats contemporains.
L'enseignement des langues dans les écoles suisses est devenu une question brûlante au cours de ces dernières années. Il en va à la fois de la cohésion nationale, de la formation équilibrée des élèves, de la préservation de la diversité culturelle, de l'adéquation des contenus scolaires et de la situation socio-économique du moment. Un détour par l'histoire permet une mise en perspective des débats actuels.Comment enseigner la diversité et préserver la cohérence des plans d'études? Comment s'ouvrir à la scène internationale sans négliger la langue maternelle et les langues nationales? Cette Histoire de l'enseignement des langues en Suisse romande montre comment les générations successives se sont confrontées à ces questions et y ont apporté des réponses différentes selon le contexte social, politique et culturel du moment, entre le premier quart du xviiie et le milieu du xxe siècles. Le livre retrace également les grandes lignes de l'évolution des méthodes et des contenus de l'enseignement des langues.
En juillet 2015, Tidjane Thiam devenait directeur général du Credit Suisse. La nomination du dirigeant franco-ivoirien a eu un immense écho, un journal parlant même " d'effet Obama ". Une telle nomination aurait été impensable il y a trente ans.Ce livre offre, pour la première fois, une synthèse portant sur l'évolution du profil sociologique des dirigeants économiques et leur organisation collective en Suisse au XXe siècle. Le goût prononcé de ces derniers pour la discrétion et l'opacité des entreprises ont longtemps entravé toute étude systématique.Deux périodes distinctes se dégagent. Jusqu'aux années 1980, malgré l'expansion internationale des grandes entreprises suisses, leur contrôle restait fermement entre les mains d'élites nationales, dont l'archétype était un homme de nationalité suisse, souvent lié à la famille fondatrice, officier, formé en droit ou en sciences de l'ingénieur, siégeant dans de nombreux conseils d'administration, membre d'organisations patronales et entretenant des liens étroits avec le monde politique.Depuis les années 1990, la composition et le fonctionnement de ces élites se sont profondément modifiés. L'arrivée de nouveaux dirigeants au parcours cosmopolite, en termes de formation ou de carrière, a diversifié le profil des élites suisses. Cette évolution se répercute sur l'organisation du patronat et ses rapports aux autorités politiques.
De la cité de Calvin à la ville française (1530-1813)
Au XVIIIe siècle, les peintres représentent volontiers Genève et ses environs comme une scène de théâtre. Au bout du lac, la ville entourée de ses remparts se détache d'une campagne ordonnée et prospère, organisée entre domaines bourgeois et villages paysans. À l'heure de la découverte de la nature, et bientôt des montagnes enneigées, tout semble ici n'être que calme et volupté. Pourtant, au-delà de cette image, la cité est déchirée par des conflits qui opposent une bourgeoisie luttant pour ses droits et une oligarchie qui s'est peu à peu arrogé tous les pouvoirs.La révolution calviniste du XVIe siècle a fait de la cité un centre de la Réforme européenne en même temps qu'une république indépendante qui a pu préserver sa liberté jusqu'à sa réunion à la France en 1798. En évoquant les événements, les réussites et les crises économiques, l'évolution des usages et des goûts, ce livre propose de parcourir trois siècles au cours desquels Genève se forge une identité entre particularisme et ouverture, entre repli sur soi et esprit cosmopolite.
La création du canton à la Restauration initie une période lors de laquelle Genève change totalement de visage tout en conservant une très forte ambivalence, hésitant constamment entre ouverture et repli. D'abord politiquement apaisée, la cité de Calvin connaît en 1846 une révolution radicale précoce, qui accélère sa mue au milieu de luttes politiques et confessionnelles très vives.Ville industrielle dominée d'abord par la production horlogère, melting-pot densément peuplé et disposant d'un rayonnement international, Genève présente plusieurs aspects. La création d'une Genève internationale, qui devient autant une composante essentielle de son économie qu'une carte de visite, construit une cité où le secteur tertiaire devient roi.Des cités-satellites à la nouvelle Constitution, en passant par l'établissement d'un secteur bancaire privé tout à fait unique, cet ouvrage offre un regard nouveau sur la construction d'une agglomération, qui ne cesse d'hésiter entre tradition et modernité.
Les trois tomes de l'Histoire de Genève retracent comment la cité épiscopale appartenant à l'Empire est devenue une capitale régionale et un pôle économique dès le Moyen Âge, comment la révolution calviniste du XVIe siècle en a fait un centre de la Réforme européenne en même temps qu'une république indépendante, enfin comment la révolution radicale de 1846, la production horlogère et l'essor de la Genève internationale ont contribué à façonner l'agglomération actuelle.
Neuchâtel est le seul canton suisse issu d'une seigneurie médiévale et les limites de son territoire sont héritières d'une très longue évolution. Des villae antiques aux domaines carolingiens, de la résidence palatiale de Colombier au Novum Castellum de 1011, des tours seigneuriales aux châteaux des comtes de Neuchâtel, des habitats ruraux du haut Moyen Âge aux villes créées de toutes pièces aux xiiie et xive siècles, de la très ancienne et dense occupation du Littoral, du Val-de-Ruz et du Val-de-Travers au tardif mais dynamique développement des Montagnes, une continuité apparaît de plus en plus clairement grâce aux recherches récentes des historiens et des archéologues.Ce premier tome retrace la constitution du territoire neuchâtelois et les étapes de son peuplement, de la fin de l'époque romaine à la Réforme. Il s'intéresse aussi auxaspects les plus marquants de la vie de ses habitants et gouvernants au Moyen Âge.
Les trois tomes de l'Histoire du canton de Neuchâtel retracent la constitution du territoire neuchâtelois et les étapes de son peuplement, de la fin de l'époque romaine à la Réforme, puis expliquent comment l'identité neuchâteloise s'est définie entre le XVIe et le XVIIIe siècle, enfin ils rappellent les faits marquants de la Révolution de 1848 qui a transformé la principauté, possession prussienne, en une république unissant son destin à la Suisse.
Dans le célèbre Liber chronicarum, oeuvre de l'humaniste allemand Hartmann Schedel, Genève est présentée comme une ville compacte et retranchée derrière ses fortifications. Une de ses portes est surmontée d'un écusson avec un aigle bicéphale, signe de l'appartenance de Genève à l'Empire. L'image nous rappelle que l'histoire de la cité épiscopale a été largement déterminée par les puissances qui l'ont entourée au fil des siècles.Sa position au coeur de l'Europe et le développement de routes empruntant les cols des Alpes occidentales ont contribué à faire de la ville du bout du lac une capitale régionale et un pôle économique important dès le Moyen Âge. Au début du XVe siècle, Genève est en pleine croissance et ses foires attirent des marchands et des banquiers de toute l'Europe. Sa prospérité et son rôle politique ont ainsi suscité la convoitise des puissants, faisant de Genève une cité constamment disputée.Alternant récit événementiel et approfondissements thématiques, ce premier volume retrace l'histoire d'un long Moyen Âge genevois, brossant " l'état d'âme " de la ville, la manière d'y vivre et les modalités d'appropriation de l'espace urbain.