Les Mutations de l'enseignement supérieur et de la recherche en Bretagne (1945-2015)
Déploiement territorial, diversification et essais de structuration
Dans le mouvement qui soulève la Bretagne dans la seconde moitié du xxe siècle pour transformer une province excentrée, maritime et agricole en une des régions françaises les plus dynamiques, l'enseignement supérieur et la recherche ont joué un rôle de premier plan, avec un dispositif régional diversifié et largement réparti sur le territoire. Cet ouvrage pluridisciplinaire se propose d'en analyser la construction, jusqu'ici peu étudiée, en dégageant ses caractères majeurs. Quels sont les facteurs et rythmes de la croissance particulièrement vive des effectifs de l'enseignement supérieur en Bretagne ? Quelles réponses ont été apportées, souvent dans l'urgence, pour accueillir ces flux d'étudiants et élargir la palette des formations ? Quelles ont été les impulsions nationales déterminantes pour la Bretagne, de la " décentralisation universitaire " lancée par Gaston Berger jusqu'au plan Université 2000 ? Quels ont été en région leurs relais académiques, tel le recteur Le Moal dans les années 1960?? Comment les élus locaux ou les acteurs économiques se sont-ils emparés de l'enjeu universitaire au profit des territoires, notamment avec des formations technologiques – des lycées et IUT aux écoles – et certaines formes de recherche de proximité ? Toutes ces initiatives, rarement en cohérence spontanée, ont façonné le dispositif universitaire réparti qui caractérise la Bretagne : après la disparition du quasi-monopole rennais, deux pôles majeurs – Rennes et Brest – ont construit des modes variés d'articulation avec une dizaine de villes moyennes où se sont disséminés antennes, départements d'IUT et structures ciblées de recherche. Simultanément, la recherche en Bretagne a pris un essor significatif, à partir de grandes thématiques liées à ses ressources naturelles – l'agronomie, les sciences de la mer – ou à des choix volontaristes comme la " vocation électronique ", prolongée vers les télécommunications et le numérique, qui ont donné sa coloration et sa visibilité internationale à la recherche bretonne, sans combler totalement ses retards initiaux. En définitive, l'émiettement structurel induit par le déploiement territorial de l'enseignement supérieur et de la recherche en Bretagne a suscité des formes variées, parfois précoces ou fragiles, de mises en réseau et de recomposition globale. Cette structuration régionale du supérieur reste cependant inachevée?: est-ce une faiblesse ou, en laissant les jeux ouverts, une chance dans un monde académique concurrentiel et soumis à des injonctions persistantes au regroupement ?
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