Dans cet ouvrage, il sera surtout question des modalités de la représentation, quel que soit le statut dupersonnage au centre de la représentation, que celui-ci soit réel ou imaginaire, inconnu ou célèbre.Les études rassemblées vont de l'analyse de cas à des contributions plus générales et balaient plusieurs siècles, de la Renaissance à nos jours. Elles présentent autant de dialogues entre germanistes, romanistes et spécialistes des arts, entre médiateurs de la culture et universitaires. Œuvres littéraireset artistiques, échanges épistolaires, ouvrages théoriques et documents historiographiques y sont mis en regard.Des témoignages ou oeuvres de médiation entre passé et présent, cultures allemande et française permettent d'entrer dans le jeu des correspondances entre le récit et la vie, l'art et son public. Les rapports entre la réalité et la fiction, qui sont consubstantiels aux œuvres mettant en scène des viessous un angle (auto)biographique, sont ensuite analysés. Enfin, les différentes formes que le lien entre le récit et la vie est susceptible de prendre sont observées aux périodes charnières où la rationalité et les valeurs qui lui sont traditionnellement rattachées sont mises en question.
Ce volume de Lumières se propose d'examiner l'évolution complexe du modèle républicain dans la période où il est souvent présenté comme le plus porteur d'avenir, et où il est exposé en même temps à de nombreuses remises en question: le siècle des Lumières. Les Lumières, trop souvent considérées dans une perspective très franco-centrée, comme une période où le modèle républicain bénéficierait d'une sorte d'unicité conceptuelle, se révèlent bien plutôt comme un moment de profondes mutations, voire de crise de l'idée et des pratiques républicaines. Les Républiques urbaines traversent des crises internes alors que s'engage un débat sur leurs forces et faiblesses comparées aux monarchies éclairées et stables. Les philosophes conçoivent des modèles nouveaux, à l'échelle d'un Etat, s'opposant à la monarchie absolue. La logique traditionnelle du devoir commence à voir sa primauté discutée par la logique nouvelle du droit. Les voies de l'émancipation privilégient un paradigme de plus en plus pacifique et laissent émerger l'idée républicaine éducatrice et démocratique du citoyen éclairé. C'est donc le modèle républicain toujours en train de se réformer au plan conceptuel comme au plan empirique que nous proposons d'examiner, pour voir en quoi il ouvre sur la modernité. L'espace européen dans son ensemble est examiné, de même que les Lumières dans leur durée et leur force d'influence.
" Les voyages font la joie du meunier ", chante-t-on sur une musique de Schubert, mais ils passionnent aussi les chercheurs. Car les voyages, loin d'être de simples déplacements touristiques, étaient/sont généralement entrepris par des hommes et des femmes qui aspiraient et aspirent à se documenter, à échanger des informations, à témoigner de leurs convictions idéologiques et à les mettre au service de la collectivité. Voyages parfois aussi effectués dans des conditions dramatiques, sous la contrainte de l'exil, des persécutions, de la guerre. Les médiations qui en ont résulté, particulièrement entre la France, l'Allemagne et l'Autriche pendant les trois derniers siècles, ont été beaucoup étudiées par Alain Ruiz auquel cet ouvrage est dédié.Il a consacré en particulier plusieurs études pionnières aux voyages des " pèlerins de la liberté ", ces Allemands accourus vers le Paris " révolutionnaire " soit pour assister aux événements soit, comme Heine, pour en humer sur place, plus d'un demi-siècle après, le souvenir. Il en sera question ici aussi comme de beaucoup d'autres qui sont maintenant l'objet de la recherche " apodémique " qu'Alain Ruiz a si brillamment illustrée.Alain Ruiz, professeur émérite de l'Université Michel de Montaigne‑Bordeaux 3, a enseigné auparavant à l'Université de Provence (Aix-Marseille). Il a été boursier de la fondation Alexander von Humboldt.
Lumières radicales : sur ce sujet, il fallait interroger les deux auteurs qui ont le plus contribué à l'émergence et à la fortune de ce syntagme. C'est ce qui a été fait. Margaret C. Jacob et Jonathan J. Israel ont non seulement répondu aux mêmes questions qui leur ont été posées, mais ils ont en outre commenté leurs réponses. Ainsi s'est développée une véritable " disputatio " électronique et transatlantique, vivante et approfondie sur le sujet si controversé des Lumières radicales. Jusque-là on avait considéré qu'il y avait des Lumières avec des séquences chronologiques plus ou moins bien définies situées entre " la crise de la conscience européenne " diagnostiquée par Paul Hazard et un aboutissement radical la Révolution française. La notion de Lumières radicales renverse les perspectives, situe les Lumières radicales à l'origine des Lumières et distingue ensuite des Lumières modérées voire conservatrices. Mais peut-on délimiter aussi aisément des blocs radicaux ou modérés et la réalité n'est-elle pas plus complexe et le nuancier des colorations politiques et philosophiques plus progressif ? Et que faire d'auteurs tels que Hobbes, Montesquieu, Locke ou Voltaire ? Autant de questions auxquelles ce numéro de Lumières tente d'apporter quelques réponses.On trouvera donc dans ce numéro, outre les interviews croisées de M. Jacob et J. Israel, des prises de position qui contredisent ou retouchent la thèse des Lumières radicales, permettent d'en mieux voir l'intérêt et peut-être aussi les limites.
Consacré au fait provincial, ce recueil cherche à appréhender le rapport Paris-province non pas dans la relation satellitaire d'une capitale à des " dépendances " territoriales, mais dans la tension entre des individualités culturelles et politiques, tension qui a marqué et façonné l'ensemble national. Plusieurs exemples étrangers montrent que cela se produisait également dans d'autres pays. Ces problèmes sont envisagés selon la " longue durée " braudélienne.Pour suivre l'évolution de la notion de province, les chapitres analysent des moments historiques déterminés à partir de réalités politiques, sociales et confessionnelles diverses.Si la province en France a longtemps évoqué le passé voire le dépassé, elle a connu avec les émergences institutionnelles régionales récentes un regain d'actualité et d'intérêt. L'histoire ici étudiée conduit à notre présent en même temps qu'elle l'éclaire. Elle correspond en tout cas bien au double engagement de celle à qui ce volume rend hommage. L'ancrage aquitain d'Anne-Marie Cocula, de ses recherches et de ses engagements incitait à structurer ce volume d'hommage autour de l'analyse du fait provincial.
Le célèbre article de Kant, Qu'est-ce que les lumières ? (Was ist Aufklärung ?), paru en décembre 1784 dans la Berlinische Monatsschrift, constitue le centre de ce recueil. Mais il a paru intéressant de donner au lecteur français la possibilité de prendre connaissance d'autres réflexions sur le même thème. On trouvera donc aussi la réponse de Mendelssohn, les articles de Biester et de Zöllner à l'origine du débat, et d'autres textes - dont quelques-uns réédités ici et traduits pour la première fois - ayant pour auteurs des grands et des moins grands noms des lettres allemandes (Herder, Wieland, mais aussi Bahrdt, Klein, Knoblauch, Riem, Wekhrlin, Weishaupt). Tous devraient contribuer à une meilleure perception de l'intertextualité des années 80 et donc à une meilleure compréhension de cette période, dite de la Spätaufklärung.
L'hypothèse jusnaturaliste de l'universalité de la nature humaine qui sous-tend la réflexion anthropologique du XVIIIe siècle prédisposait peu à percevoir de façon claire et positive l'originalité, la singularité des autres cultures. En même temps, ce siècle fut aussi celui des voyages et lentement le réflexe européocentrique, qui avait tendance à voir dans les autres nations et cultures des variations sur la culture princeps, la culture de l'Europe de l'ouest, dut prendre en compte des altérités radicales, des singularités non escamotables.Mais il fallut du temps pour s'approprier ces nouvelles cultures soit en gommant parfois trop les différences soit au contraire en les accusant ou en les grossissant de façon démesurée. Ce sont ces variations dans l'observation et l'appréciation des autres, des étrangers, qui sont étudiées ici.
Dix ans après la chute du mur et l'unification de l'Allemagne, les douze contributions, écrites en français et en allemand, regroupées dans le livre, esquissent un bilan et analysent les évolutions à long et à court terme, le contexte allemand, européen et mondial de l'unification. Elles étudient la position française, en proposant une relecture des relations franco-allemandes à la lumière de 1989-1990. Historiens, témoins et acteurs évoquent ensuite le déroulement très concret des événements en RDA, le rôle des Églises et des mouvements de résistance, et livrent aussi leurs observations et leurs réflexions sur l'évolution dans les nouveaux Länder depuis 1990.