Que peut la politique contre l'extension des pratiques de surveillance? Quelle place occupent les usagers, et plus généralement les acteurs publics, dans la contestation de ces dispositifs? Dans un écosystème numérique, structuré par des géants d'Internet – les fameux GAFAM – des résistances citoyennes arrivent pourtant à émerger, que ce soit en signalant l'usage de leurs données personnelles ou en utilisant des outils alternatifs. Ce numéro invite à interroger les conditions de possibilités d'une résistance à l'exploitation de nos données personnelles, que ce soit au niveau individuel ou collectif.

Travaillant la notion de "culture numérique" comme une "formule" porteuse de représentations idéologiques, ce numéro en explore le déploiement au sein de l'éducation nationale, via le compromis entre la conceptualisation des enseignants, des apprenants et l'industrialisation du savoir via des plateformes d'apprentissage. Il analyse aussi les médiations du politique ou du religieux, les groupes partisans en ligne, et la concurrence de leurs imaginaires dans l'espace public.Travaillant la notion de "culture numérique" comme une "formule" porteuse de représentations idéologiques, ce numéro en explore le déploiement au sein de l'éducation nationale, via le compromis entre la conceptualisation des enseignants, des apprenants et l'industrialisation du savoir via des plateformes d'apprentissage. Il analyse aussi les médiations du politique ou du religieux, les groupes partisans en ligne, et la concurrence de leurs imaginaires dans l'espace public.

Ce numéro examine les relations science-technique-industrie en France, au plus haut niveau de l'État. Pour les responsables publics, différents facteurs d'ordres économiques, technologiques, environnementaux (réchauffement climatique, nouveaux enjeux sanitaires) ou politiques (menaces militaires, souveraineté technologique) imposent une réponse : les pouvoirs publics sont ainsi amenés à accroitre leur soutien à l'innovation et à miser sur le développement technologique du tissu productif pour rendre celui-ci compétitif et souverain.

Ce numéro aborde le rapport entre les médias et les controverses sous différents angles méthodologiques et épistémologiques, depuis un rapport au plus proche du terrain, avec les travaux de Jérôme Gaillaguet, jusqu'aux plus récents déploiements d'outils de traitements numériques des questions controversées, avec les travaux de Franck Cormerais et Amar Lakel, en passant par des traitements de corpus réalisés avec le logiciel de socio-informatique, Prospéro, développé dès les années 90, et présentés dans l'article d'Aymeric Luneau.L'article de Jérôme Gaillaguet, chercheur en sociologie, s'intéresse à la manière dont l'information influence les attitudes et opinions à l'égard de la vaccination. À travers les usages concrets des médias, et l'étude de la manière dont des acteurs ordinaires circulent dans la complexité des constellations d'informations que forment les controverses, Jérôme Gaillaguet, dans une approche de sociologie pragmatique, tente de saisir comment des citoyens hésitants ou critiques à l'égard de la vaccination font l'expérience de l'information et des arènes de débat autour de la vaccination, en interrogeant notamment leur activité critique. À partir d'un corpus d'entretiens menés au long cours, avec des citoyens critiques, il analyse la manière dont ces personnes se saisissent de l'information au cours de leur expérience.Dans l'article de Franck Cormerais et Amar Lakel, tous deux chercheurs en Sciences de l'Information et de la Communication, en s'appuyant sur une méthodologie originale de constitution de " grands corpus numériques ", et sur des méthodes digitales mixtes, les auteurs donnent à voir une analyse des stratégies d'influence numérique. Ayant pour objet thématique d'étude l'émergence de la figure de " l'intellectuel numérique ", l'étude de cas présentée brosse le portrait des espaces numériques des controverses. Cette étude révèle une complexification de la structuration du paysage médiatique numérique : des médias personnels (chaine YouTube, blog) en passant par le Web 2.0 (micro-blogging, réseaux sociaux), et des médias traditionnels aux pure players, la porosité des univers numériques semble favoriser une viralité des influences. Si les stratégies d'influence décrites dans l'article ressortent d'une construction réfléchie et volontaire par les acteurs de la controverse, et dépendent d'une technicité liée à une connaissance des supports numériques et de leurs communautés afférentes, elle se basent également sur des techniques rhétoriques (clash, révélations, sensationnalisme) qui font écho à ce que nous avons évoqué plus haut dans cette introduction sur la polémique.L'article de Bastien Fond et du Professeur Dr. Reiner Keller, tous deux chercheurs en sociologie, propose une analyse comparative d'un corpus d'articles de presse couvrant les controverses sur les éoliennes de trois pays : la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Dans le courant de la sociologie de la connaissance appliquée au discours (SCAD), l'analyse de cette controverse se centre sur un élément discursif central dans le corpus, le paysage. Il s'intéresse aux répertoires symboliques sur lesquels les textes s'appuient, pour éclairer la manière dont ils contribuent à construire les représentations sociales. L'approche méthodologique ici mobilisée se situe entre une stratégie analytique bottom-up remontant du niveau de l'énoncé à celui du texte puis du corpus, combinée avec l'utilisation du logiciel de socio-informatique, Prospéro, qui présente l'intérêt de faciliter les mouvements de va-et-vient entre le niveau du corpus, et celui du texte puis de l'énoncé.Dans la même veine, Aymeric Luneau, chercheur en sociologie, présente une analyse d'un corpus de près de 3000 textes de presse francophone Belge. Menée avec le logiciel Prospéro, pour explorer les régimes discursifs qui ont structuré la façon dont la disparition des pollinisateurs a été problématisée au cours de la décennie 2010-2020 en Wallonie. L'analyse permet d'exposer et de questionner la mise en récit de la controverse en fonction du type de média considéré.Enfin, l'article co-écrit par Joseph Gotte et Adrien Desingues, tous deux chercheurs en Sciences de l'Information et de la Communication, présente une analyse qualitative du rapport entre temporalité et mobilisation, en matière d'écologie. Basé sur des entretiens avec des membres de l'association organisatrice du " Débat du siècle ", complété par l'analyse des discours tenus pendant ce débat, qui a eu lieu à l'occasion de la campagne pour l'élection présidentielle de 2022 en France, et par l'analyse des supports de communication de divers parti-prenante, l'article met en exergue la compétition en cours sur le marché médiatique, en regard de l'urgence écologique.Ce numéro permet de contribuer à éclairer les approches méthodologiques et épistémologiques contemporaines de l'analyse des controverses médiatisées et avoir esquissé des pistes d'articulation entre SIC et sociologie pragmatique.

Quand Michel Foucault décrivait nos sociétés de surveillance comme des panoptiques, la problématique était simple en termes de visibilité: qui voit (de haut) et qui est vu (en bas)? Avec l'essor des nouvelles technologies, cette économie s'est fortement complexifiée. À la fois du côté du pouvoir et du côté des pratiques résistantes, alternatives ou contestataires. Plus généralement, à l'époque de la surveillabilité numérique, chacun revendique désormais le droit de " rendre visible " une situation, un comportement, un conflit. Autour de plusieurs enjeux contemporains (la reconnaissance faciale et ses détournements, la cause animale, le renseignement de sources ouvertes, la surveillance des gares, la sousveillance et l'art surveillanciel), ce numéro de Quaderni propose d'explorer les contours de cette nouvelle pragmatique de la visibilité et de la contre-visibilité.

La crise du Covid-19 a affecté de nombreux secteurs de la société, de nombreux comportements, et la manière même de gouverner. A côté des ajustements permanents pour communiquer politiquement sur la maladie, avertir, rassurer, confiner, et pour la médiatiser sans prêter le flanc aux fake news, la période a vu la résurgence de peurs ancestrales, existentielles, et de théories du complot. Cette crise sanitaire change les façons de s'informer et les façons d'enseigner, avec de nouvelles technologies pour le distanciel. Elle relance également des débats sur l'habitat le plus adapté aux pandémies, sur le poids de la parole scientifique, sur le gouvernement des conduites et les politiques de santé en temps de crise biopolitique.

L'Intelligence Artificielle renvoie à la manière dont les machines algorithmiques ordonnent et régulent tout ce qui est susceptible d'être capté et traduit en données. En cours de déploiement massif, elle désigne un système sociotechnique global dont les applications sont innombrables. Mais l'efficacité de ce système ne vaut pas explication: l'observation des faits révèle des zones d'ombre sur la nature de l'interaction humain-machine. Les promesses d'amélioration de l'efficience, de l'existence et même de la vie humaine par l'IA, apparaissent corrélatives d'un impensé social, ce qui ouvre un espace pour des hypothèses originales et l'invention de nouveaux cadres interprétatifs pour comprendre ce phénomène.

Dans ce double numéro anniversaire, la revue Quaderni revisite son approche majeure : l'analyse critique des liens entre technique et politique, technique et idéologies ; en actant leur reconfiguration depuis les années 2000. L'idéologie de la communication a trouvé dans Internet, les réseaux sociaux et les entreprises numériques de nouveaux lieux

L'usage politique et militant des nouvelles technologies est manifeste ces dernières années dans le phénomène de " radicalisation " tout à la fois religieuse, politique et sociale, qui a touché nombre d'individus, en France et à l'étranger, et qui se caractérise par des changements dans les trajectoires biographiques des acteurs concernés. Ce numéro des Quaderni porte attention aux processus de radicalisation, notamment islamiste, opérée via les NTIC, qui conduit des segments de la population à partir " faire le jihad " ou à basculer dans la violence terroriste. Comment les NTIC construisent-elles un entre-soi qui favorise des formes de rupture avec le monde profane, ainsi que la désignation d'un ennemi et bouc-émissaire? Est-il possible de les identifier, de caractériser leur structure narrative et de réfléchir à des programmes de " dé-radicalisation " prenant en compte les particularités des thèses complotistes liées aux formes de radicalisation islamiste? Au-delà, l'objectif du numéro consiste à étudier les dissonances cognitives spécifiques à/aux radicalisation(s) en portant attention aux relations existantes entre les valeurs véhiculées et les procédés techniques mobilisés, ainsi qu'aux moyens mis en œuvre par les pouvoirs publics pour y répondre.