L'histoire des ports peut être renouvelée à travers l'usage du concept de résilience. Il désigne la capacité d'un système social à s'adapter de manière proactive et à se remettre de perturbations majeures.Face à la nécessité vitale de maîtriser des flux ou des ressources, de se faire une place dans les échanges, le port s'insère dans un environnement juridique et technique dicté par des facteurs exogènes, des enjeux géostratégiques, des politiques étatiques et la pression des usagers. Mais quelles sont exactement les modalités du "rebond résiliant" qui doit assurer un retour à la normale après une crise et quel est le temps nécessaire à cela? Plusieurs exemples sont étudiés du XVIe siècle à aujourd'hui, de Gênes à Bilbao, du Havre aux ports de l'Andalousie: leurs temporalités, les conditions de leur élaboration, les modes d'action qu'elles exigent, mais aussi l'ensemble des représentations relevant du rapport au changement et les imaginaires dont elles se nourrissent.
Ce travail collectif porte sur les transformations intervenues depuis une trentaine d'années autour de la notion de "patrimoine". Il porte une contribution neuve et très informée sur les "nouveaux patrimoines" à partir d'exemples très diversifiés repris à divers pays européens. Il se place donc dans une double démarche. La première cherche à porter une dynamique analytique sur le sens des nouveaux patrimoines et leur pénétration dans les sociétés d'aujourd'hui. La seconde approche se glisse dans une dynamique plus comparatiste, de par la diversité des exemples traités: région des Pays de la Loire, l'Espagne du nord, du Portugal etc. Au-delà de ces réflexions sur les patrimoines en eux-mêmes, l'ouvrage s'interroge aussi sur la gouvernance patrimoniale, autrement dit sur les politiques culturelles. Les auteurs introduisent la notion très pertinente de " gouvernance partagée " entre acteurs publics (collectivités territoriales, Etat, établissements publics...), milieux associatifs, acteurs privés etc. Là encore, la réflexion, à partir d'exemples précis, mais aussi à l'appui de témoignages d'acteurs remarquables, enrichira la réflexion de ceux qui s'intéressent à l'objet.
Cet ouvrage se veut une contribution innovante à l'histoire du monde atlantique dans une large modernité allant du XVe au XIXe siècle, en se centrant sur les transformations internes des anciens mondes africain et européen suite à leur insertion dans un système d'échanges de première importance. En privilégiant l'impact de l'effet-retour, la démarche prétend montrer comment l'entrée atlantique permet de renouveler deux historiographies encore trop séparées. Au cœur du bilan demeure la question de la nature du système d'échanges établi entre l'Europe et l'Afrique. L'époque moderne précoloniale est-elle déjà celle d'un cercle vicieux, fruit d'un déséquilibre engendré par un rapport de domination européenne, ou l'Afrique garde-t-elle le contrôle de sa réponse aux sollicitations européennes commandées par la construction du monde atlantique? L'ouvrage défend la thèse d'un maintien long de l'équilibre dans les relations entre l'Afrique et l'Europe avec une dégradation qui ne devient pas significative avant le basculement dans la colonisation intégrale de la fin du XIXe siècle. Cela se vérifie dans un essor mutuel non contraint des échanges, avec une interaction positive des commerces extérieurs et intérieurs, où l'initiative de la demande européenne reste modulée par la réponse africaine, dans le partage des tensions politiques et militaires où les causes internes demeurent prépondérantes et les manipulations partagées et dans la même déstabilisation de l'économie politique dans les tensions entre monopoles et initiatives privées, commerce légal et illégal, économie dirigée et liberté d'action. L'essor du monde atlantique a réuni les anciens mondes africain et européen dans une même logique esclavagiste, sans que les perceptions et les conséquences ne soient les mêmes dans ces deux espaces. Construire une société esclavagiste au loin pour la satisfaction des besoins de son marché de consommation en expansion est autre chose que de renforcer une institution traditionnelle au cœur même de son oekoumène. La construction de l'idéologie libérale en Europe s'est réalisée en articulation profonde avec la justification de l'esclavage dans les mondes extérieurs
En entrant dans les temps modernes, pendant presque deux siècles, les Ibériques tiennent le premier rôle dans le désenclavement du monde à échelle planétaire. C'est un tournant majeur de l'histoire mondiale car cela conduit à une redéfinition profonde tous les enjeux stratégiques. Les dynamiques ibériques, appuyées sur d'autres apports européens au sein de modalités impérialistes divergentes avant d'opérer un rapprochement partiel, entrent en interaction avec des aires politiques et culturelles très diversifiées. Un élan nourri de soif d'enrichissement, de providentialisme religieux, de curiosité intellectuelle et d'esprit d'aventure établit de nombreux réseaux relationnels entre les quatre parties du monde de manière inédite ou très renouvelée. L'apport majeur en est la création d'un Nouveau Monde en Amérique, fruit d'un impérialisme de l'exploitation de la main d'œuvre amérindienne et africaine au sein d'un encadrement politique, religieux et culturel prégnant, aboutissant à la création d'une société entièrement nouvelle dans sa hiérarchie, ses blocages et ses mobilités. Cette connexion entre les Anciens Mondes et ce Nouveau Monde engendre une première forme historique de mondialisation concrétisée par des circulations planétaires concernant aussi bien les hommes et les produits que les idées et les goûts artistiques, portées par des réseaux de nature variée. Il en résulte des phénomènes de brassage et de métissage d'intensité variable selon les lieux, toujours inscrits dans un rapport de force plus ou moins favorables aux Ibériques. La mise en relation varie donc de la domination brutale et de la subjugation à l'opportunisme et au rejet. Les décalages et les limites observables dans ces procès de raccordement orientent plus vers une histoire connectée que vers le concept de globalisation. L'initiative ibérique s'inscrivant comme avant-garde d'une occidentalisation, reste à comprendre pourquoi ce sont les Européens qui se projettent hors de leur aire culturelle dans cette proto-mondialisation et non pas leurs possibles compétiteurs.
Le mouvement de préservation du patrimoine, commencé au XIXe siècle, a pris un essor considérable à la fin du XXe siècle. Depuis quatre décennies, le champ patrimonial s'enrichit d'éléments du passé jusqu'ici ignorés ou peu considérés : patrimoines matériels naturels, paysager ou végétal; patrimoine rural, artisanal, industriel, maritime, militaire et hospitalier. Et l'on observe désormais une percée très signficative vers les patrimoines culturels immatériels. L'approche de tous ces nouveaux patrimoines est regroupée ici en plusieurs grands thèmes: l'eau, le relief, le rural et l'industrie comme patrimoines; on y étudie aussi les nouvelles frontières du patrimoine, ainsi que les mutations méthodologiques introduites par la révolution du numérique. Richement illustré et doté de nombreuses cartes inédites, le présent ouvrage s'interroge sur la signi?cation de cette montée des nouveaux patrimoines. Ce processus de patrimonialisation répond à une demande du public, il accompagne une volonté du citoyen, il contribue à la construction identitaire dans un contexte de mondialisation où chacun éprouve le besoin de racines culturelles. Est-ce un repli sur le passé ou bien une garantie pour la construction de notre avenir? Sans vouloir trancher, on pourra constater que ces nouveaux patrimoines contribuent à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la promotion de la créativité humaine. Cette montée des nouveaux patrimoines a aussi généré une ré?exion sur l'économie du patrimoine. Qui doit financer? Les associations, les régions ou l'État, les instances européennes et l'UNESCO? Tous interviennent pour la valorisation du patrimoine car ils y voient un élément de développement durable des régions. Les Pays de la Loire, riches d'un patrimoine classique autant que de nouveaux patrimoines, se sont engagés dans cette voie d'une façon active et novatrice.
Études réunies en l'honneur du professeur Jean-Pierre Bois
Depuis son arrivée à l'université de Nantes en 1988, le professeur Jean-Pierre Bois s'est imposé comme l'un des grands spécialistes français de l'histoire militaire et des relations internationales à l'époque moderne. La fécondité de son travail provient de la diversité des approches qu'il a choisies et des pistes qu'il a ouvertes. Les contributions réunies dans ce volume cherchent à en rendre compte. Si l'affrontement militaire est avant tout une épreuve humaine, il est aussi un défi intellectuel, la guerre se gagne par les hommes qui la font, mais aussi par ceux qui pensent les conditions de l'efficacité de l'outil militaire. Si elle est moyen de s'imposer dans un conflit, elle est aussi un facteur de paix par son poids dans les négociations internationales, pour interrompre ou éviter la guerre, et par l'action des officiers qui s'impliquent dans la diplomatie. Par l'intensité des moyens qu'elle nécessite, la guerre mobilise les sociétés bien au-delà du rétablissement de la paix. La figure du soldat interpelle les sociétés dans lesquelles ils continuent à vivre après l'expérience du combat qui fait d'eux des modèles à honorer autant que des individus traumatisés qui doivent se réinsérer parmi leurs contemporains. La réalité de la guerre ne ressort pas seulement de la récurrence des combats : artistes et intellectuels se l'approprient pour l'intégrer à leurs productions et à leurs réflexions. Faire et éviter la guerre, vivre et penser la guerre, quatre des domaines de recherche explorés au cours des trois dernières décennies par le professeur Jean-Pierre Bois, autant de perspectives autour desquelles ses amis et ses collègues se sont réunis pour lui rendre hommage en empruntant ses voies favorites.
Cet ouvrage interroge les interactions entre développement urbain et effets de mondialisation, deux phénomènes historiques saisis dans une longue durée englobant les époques moderne et contemporaine. La réflexion s'organise autour de deux exigences : la prise en compte de la diversité par l'effort de contextualisation des situations (différenciation des espaces et des moments historiques) et la priorité d'attention accordée à l'analyse des allers et retours entre villes européennes et villes du reste du monde.
Les villes de l'Ouest atlantique français à l'époque moderne (XVIe-XVIIIe siècle)
En prenant les municipalités comme objet historique d'observation, il s'agit de comprendre comment les identités et les relations sociales influent sur les choix institutionnels et leurs modalités de fonctionnement. Appliquée aux villes de l'Ouest atlantique français à l'époque moderne (XVIe-XVIIIe siècle), cette histoire sociale présente le double avantage d'une mise au point historiographique après deux décennies très riches en apports dans l'histoire du pouvoir municipal et d'une diversité de situations liée à la taille des villes, à leur profil fonctionnel, à leur appartenance à diverses provinces, dans un espace fortement influencé par son intégration dans le monde atlantique.
Les études réunies ici améliorent considérablement notre connaissance des circuits économiques reliant les villes portuaires et les places commerciales françaises et espagnoles, en privilégiant l'analyse des démarches des acteurs sociaux dans la création des réseaux d'affaires. Elle soulignent l'importance de trois faits historiques majeurs : l'importance de la fourniture en métaux précieux avec un différentiel de valeur agissant comme un soutien durable du commerce, la multipolarisation croissante de ces échanges et l'interdépendance entre les performances économiques et les conflits politiques et militaires.