Marie-Luce Gélard est maître de conférences en anthropologie à l'université Paris 5. Elle a obtenu sa thèse de doctorat à l’École des hautes études en 2000, sur le sens de l’honneur, aujourd’hui publiée aux éditions de la Maison des sciences de l’homme. Après une première recherche effectuée en Algérie (Kabylie) dans les années 90, ses études se sont poursuivies au Maroc en milieu rural (Haut Atlas) et saharien (Tafilalt, Sud-Est). Ses recherches proposent, par la mise en perspective des théories locales consubstantielles, une analyse des perceptions du rapport de parenté orienté autour de la colactation collective (parenté de lait) et de la dimension pactuelle (protection, sacrifice). Celle-ci est une alternative à la fois à la parenté consanguine et à l’alliance, en témoignant de l’existence d’autres modèles possibles où la solidarité organique entre groupes alliés (par le lait, le sacrifice sanglant ou la fraternité de sang) instaure un réseau de relations, complexe et spécifique, qui emprunte parfois la forme du clientélisme politique et contribue aux marques hiérarchiques persistantes entre protecteurs et protégés. Aujourd’hui, toujours dans le Sud marocain, ses recherches s’orientent autour des modalités de la perception sensorielle et de leurs codifications corporelles par la mise en place d’une anthropologie des sens (domaine auditif et olfactif).