Réforme de l'audiovisuel public, conflits sociaux au musée Picasso ou encore à Beaubourg, avenir du régime de l'intermittence: chaque question, défi, problème rencontré par la culture fait l'objet d'études, d'expertises, d'audits ou de contrôles pris en charge par des inspecteurs et inspectrices. Leurs rapports sont des instruments courants et discrets, chargés d'éclairer la décision publique en toute neutralité. Présentées comme des caractéristiques atemporelles, la neutralité et l'indépendance de ces fonctionnaires n'ont pourtant rien d'évident. Elles résultent d'un processus historique que l'ouvrage entend éclairer en entrant dans la fabrique de cette littérature administrative, en s'intéressant à celles et ceux qui les écrivent, qui les commandent et les reçoivent, autant qu'aux pratiques d'écriture elles-mêmes.Fondée sur des entretiens et de nombreuses archives, l'enquête contribue ainsi à une sociologie de l'administration centrée sur les pratiques de travail et la socialisation des inspecteurs et inspectrices, sur leur manière d'habiter l'institution et d'en faire évoluer la culture au cours de la Ve République. Elle met en évidence la façon dont cette écriture administrative contribue à construire l'unité des politiques culturelles et à garantir la continuité de l'État.
Cet ouvrage propose une analyse inédite de la place et de la fonction de l'histoire, de la politique et de la culture françaises dans la formation et la réflexion d'Antonio Gramsci. Gramsci pense la France, son histoire, sa politique et sa culture, mais son intention vise bien au-delà. La France lui sert à penser l'Italie et sa place dans un " monde grand et terrible ", bouleversé par la Grande Guerre, la révolution russe, l'émergence des fascismes, les débuts de l'hégémonie des États-Unis. Constitué d'allers et retours permanents entre la France, point de comparaison plus que modèle, l'Italie et le monde, ce volume examine à partir des textes – au premier rang desquels les Cahiers de prison – certains de ses concepts les plus importants, à l'instar du jacobinisme ou du national-populaire et plusieurs de ses thématiques historiques, des Lumières à la Révolution française. Le livre explore aussi le volet politique et culturel de la pensée de Gramsci, lorsqu'il s'intéresse à l'Action française et à la pensée de Charles Maurras, au coup d'État manqué du général Boulanger ou aux épisodes de l'affaire Dreyfus. Mais en définitive, c'est bien toujours une double perspective, indissociablement européenne et internationaliste, qui est sous-jacente à cette " France de Gramsci ".
Les sociétés contemporaines sont marquées par la généralisation de conflits d'aménagement. Dans le domaine de la gestion des déchets, les oppositions à l'implantation d'équipements (décharges, incinérateurs ou plateformes de compostage) se multiplient malgré le renforcement des normes environnementales et la mise en place de procédures d'information, de concertation et de participation. Cet ouvrage se propose d'étudier cet apparent paradoxe à partir de l'analyse de situations de conflit / participation dans trois contextes nationaux (en France, en Italie et au Mexique) caractérisés par le blocage des décisions publiques malgré une grande diversité de modalités d'intervention.Quels sont les impacts des procédures et des documents de planification ? Quels sont les référents spatiaux et territoriaux mobilisés par les opposants ? Quels sont les usages du droit ? Sur la base d'une analyse des dimensions temporelles, territoriales et juridiques des situations étudiées, les travaux réunis ici interrogent les relations entre conflit et concertation.
L'agenda et l'emploi du temps d'une femme politique
Que font exactement les femmes et les hommes politiques ? Comment s'organisent leurs activités quotidiennes ? En quoi consiste le travail des dirigeants politiques ? Que savons-nous de l'emploi du temps réel de nos représentants ? Cet ouvrage propose de répondre à ces questions relatives à la vie des démocraties représentatives à partir d'une enquête de sociologie politique inédite menée entre 2010 et 2013. Cette recherche invite à une plongée scientifique au cœur du quotidien de la politique, un univers paradoxalement méconnu. L'exploration porte ici sur l'agenda personnel d'une élue française d'aujourd'hui, une vice-présidente de conseil régional. Le livre décrit ainsi de l'intérieur l'activité politique pour en saisir les mutations contemporaines : la rationalisation et la collectivisation du travail politique, l'importance de l'agenda comme instrument d'organisation et outil de communication, l'emprise croissante des technologies de l'information dans le travail politique, la saturation du temps de travail des élus, mais aussi la construction d'une plus grande disponibilité sur le territoire et d'une certaine transparence. L'enquête révèle enfin comment, en démocratie, les contraintes temporelles des trajectoires politiques personnelles affectent l'action publique, quand l'agenda finit parfois par être utilisé davantage pour préparer les conquêtes électorales futures que pour mettre en œuvre la politique dont l'élu a la charge.Laurent Godmer est maître de conférences en science politique à l'université Paris-Est.Guillaume Marrel est maître de conférences en science politique à l'université d'Avignon.
Surveiller et Punir est le premier ouvrage que Michel Foucault réalise en parallèle à son enseignement au Collège de France. Hors de l'amphithéâtre, la présence du philosophe est, au début des années 1970, moins sur les tables de librairies que dans l'actualité, en particulier avec le GIP (Groupe information prison). De fait, l'intellectuel participe à de nombreux combats. Son grand " livre des peines " a un succès immédiat, réson- nant avec une actualité politique et sociale encore fortement marquée par les événements de 1968. Un succès qui réside dans la capacité de Michel Foucault à tenir ensemble, et pour la première fois, un travail de la pensée et une attention au contemporain relevant d'une " histoire du présent ". Plus de trente ans après la publication de Surveiller et Punir, on peut mesurer la manière dont les principaux concepts forgés par Michel Foucault, comme ceux de discipline, de panoptisme ou d'illégalisme, ont fini par s'imposer dans les sciences humaines. Cela montre aussi la formidable actualité de Michel Foucault pour penser notre présent.
C'est en pleine effervescence structuraliste qu'intervient en avril 1966 la publication de l'ouvrage de Michel Foucault, Les Mots et les Choses. Un livre événement, devenu un classique traduit dans plusieurs langues et maintes fois réédité par les éditions Gallimard. Avec cet opus, Foucault cherchait à ouvrir un champ nouveau de la philosophie. Personne, d'ailleurs, ne resta indifférent à ses principales conclusions et, pour quelques mois, il focalisa l'attention de nombreux experts " de la philosophie et des sciences humaines comme Georges Canguilhem, Michel de Certeau, Jean-Paul Sartre, Gilles Deleuze... Quel fut le contexte exact de l'émergence de cet étrange objet ? Qui le salua ? Qui s'opposa à la fameuse thèse de la mort de l'homme ? Comment le philosophe lui-même fit-il retour sur ce livre qui avait pour objectif de produire une archéologie des sciences humaines ? Voici quelques-unes des nombreuses questions que ce dossier de presse aborde à la veille du tournant de la fin des années 1970.Textes choisis et présentés par Philippe Artières, Jean-François Bert, Philippe Chevallier, Pascal Michon, Mathieu Potte-Bonneville, Judith Revel, Jean-Claude Zancarini.Avec une lettre inédite de Michel Foucault en réponse à l'article de Michel Amiot paru dans Les Temps modernes en janvier 1967.
Savonarole, Guicciardini et le républicanisme florentin
Ce livre est fondé sur l'analyse d'une conjoncture – la condizione de' tempi – marquée par la création, à Florence, de la République du Grand Conseil et, surtout, par l'existence de " l'état de guerre " qui s'installa dans la péninsule italienne en 1494, à partir du début des horrende guerre de Italia. À Florence, au moment de la chute des Médicis, est entrée dans l'âge adulte une génération d'auteurs et d'hommes politiques dont la réflexion commune présente trois caractéristiques principales : elle est dictée par l'état d'urgence, se veut le plus souvent radicalement nouvelle et, enfin, est constamment liée à un débat. C'est l'étude des espoirs et des attentes, des réussites et des échecs qui permet de donner sens à ce moment historique, à partir des textes et des paroles de ceux qui en furent les acteurs.