Sous la diversité, l'affinité. L'éternelle question de la relation oral/écrit se trouve illustrée ici une fois de plus. V. Campion-Vincent traite des variations d'une histoire (récurrente depuis le 17e siècle) prétendue fait divers, devenue légende urbaine et reparaissant sous diverses formes écrites ou orales : la "Méprise tragique" des parents qui assassinent pour le voler leur fils, revenu incognito après une longue absence. F. Morvan, éditrice du corpus considérable recueilli en Bretagne par le folkloriste François-Marie Luzel (1821-1895), met en évidence les problèmes de transcription et de traduction, ainsi que les compromis auxquels les contraintes de l'époque ont soumis ce passage de l'oral populaire à un écrit plus ou moins littéraire. A. Angelopoulou raconte comment les vampires, venus d'Orient et des Balkans, sont apparus dans l'imaginaire occidental au 18e siècle et y sont devenus rapidement des personnages de fiction littéraire, alors qu'ils restaient des objets de croyance et des figures de l'oralité dans les pays chrétiens orthodoxes. G. Valtchinova décrit le renouveau religieux orthodoxe dans les anciens pays communistes et analyse un pèlerinage bulgare dans les Rhodopes. Le discours des pèlerins est alimenté par des "livrets" situés à la frontière de l'oral et de l'écrit, car ils fixent légendes, récits populaires et témoignages oraux. L'initiation africaine, chez les Lega de l'ancien Zaïre et au Niger, est abordée sous deux aspects : D. Biebuyck analyse une technique pédagogique utilisant les proverbes, en association symbolique avec des référents matériels d'origine végétale, animale ou artisanale, pour l'apprentissage des valeurs morales et sociales des jeunes garçons ; et G. Calame-Griaule présente une version nigérienne de la "Fille du diable", dans laquelle l'héroïne aide son amoureux à surmonter les épreuves du voyage initiatique qu'il entreprend, pour la conquérir et à acquérir du même coup sa propre personnalité adulte.