Situé sur un éperon, à proximité d'Épernay, le château de Montfélix (Chavot-Courcourt) a bénéficié de 1983 à 1995 d'une fouille programmée, assortie d'une enquête approfondie et élargie dans les sources écrites. Faits rares et propices à la mise en œuvre d'un programme de recherche, on possède son acte de naissance et son occupation a été relativement brève. Linéairement composé, à son apogée, de deux mottes que séparent un rempart de barrage et une basse-cour, il est érigé en 952 par l'un des ancêtres des comtes de Champagne, Herbert, comte d'Omois, alors associé à son frère, le comte Robert, et il est abandonné dès le début du XIIIe siècle. Peu de monographies de châteaux comtaux du Moyen Âge central ont été publiées à ce jour, surtout lorsque, comme c'est le cas ici, elles donnent une part majeure aux structures des Xe, XIe et du début du XIIe siècle, de telle sorte que nos connaissances en la matière demeurent fortement lacunaires. Deux thématiques majeures structurent l'exposé. La première traite du bâti et de ses caractéristiques morphologiques et fonctionnelles, au sein des espaces qui lui sont dédiés. Les huit phases de construction et d'occupation rendent compte de la mise en œuvre progressive des fortifications et des diverses maisons nobles et annexes, qui jonchent le site. Complétées par un examen du mobilier, elles éclairent le sens de l'évolution et aident à en décrypter les ressorts. Intrinsèquement liée à la précédente, la seconde thématique élargit la focale. Elle est centrée sur l'étude des liens entre château et pouvoirs à grande et à petite échelles. Au niveau hexagonal, c'est de la genèse de la principauté " champenoise " dont il est question, et du rôle qu'y joue, à sa modeste échelle, Montfélix du Xe au XIIe siècle. Au niveau microrégional et local, la publication traite de l'impact du château et de sa châtellenie dans la structuration des hommes et de l'espace puis, à partir du XIIIe et plus essentiellement des XIVe et XVe siècles, est abordée la question de ces pôles d'habitat que l'on qualifiait jadis de " villages désertés " ; une appellation qui ne convient plus guère.