Grands voyageurs, aristocrates éclairés, hommes de science, les témoins souvent malheureux des changements géopolitiques de ce qui fut la République des Deux Nations n'ont pas démérité des Belles-Lettres, même si leurs écrits dorment encore le plus souvent dans les archives. Les correspondances d'érudits entre la Pologne, la Lituanie et la France à l'heure des partages de la fin du XVIIIe siècle, et jusqu'à la brève indépendance du début du XXe, apportent de précieux témoignages sur les découvertes scientifiques, les échanges culturels, ou encore le milieu académique des grandes universités telle celle de Vilnius. Encore fallait-il retrouver et dépouiller ces lettres et ces journaux intimes inédits. Des chercheurs biélorusses, français, lituaniens, polonais et russes se sont attelés à cette tâche, et ce recueil témoigne des orientations fécondes de leurs travaux. Les champs sont divers au sein de ces correspondances publiques et privées ; il y est question de voyages (peregrinatio academica oblige), de considérations politiques et juridiques, de l'émigration polonaise à Paris, de découvertes de naturalistes. On y explore le monde universitaire, mais aussi celui des lettres et des arts, de Mickiewicz à Ciurlionis en passant par Chojecki. La richesse de ces échanges épistolaires soulève également la question de la langue présidant à cette circulation du savoir : ces écritures, à mi-chemin entre écrits intimes et exposés académiques, supposent-elles une koinè ? un bi- voire tri-linguisme ? Juristes, historiens, économistes, naturalistes, littéraires, historiens de l'art, linguistes soulèvent ces questions et bien d'autres, conférant ainsi à la pluridisciplinarité ses lettres de noblesse…