Parmi les principes théologiques protestants fondateurs, l'affirmation que la foi seule assure le salut du croyant, s'exprime souvent. N'étant plus méritoires, les œuvres n'en sont pas pour autant interdites: l'action envers les plus démunis, au profit des corps souffrants, s'observe là où la Réformation s'implante. Et l'encouragement à diverses entreprises d'entraide communautaire demeure réel. Les œuvres ne sont certes plus garantes du salut, comme dans le catholicisme, mais prolongement de la foi, application de l'amour du prochain et reconnaissance envers Dieu. Les œuvres protestantes en Europe examine cette notion d'œuvres du XVIe au début du XXe siècle: les institutions qui les encadrent, les organisent; les figures et les structures qui se singularisent dans le domaine de l'assistance. Cette réflexion s'appuie d'abord sur les écrits qui appellent à prendre soin de son prochain: textes théologiques, cours de formation pastorale, sermons stimulent, chacun à sa manière, l'action charitable. Passer du texte aux actes s'impose alors pour comprendre l'importance, dans la vie quotidienne des fidèles, d'une pratique devenue impératif chrétien et facteur de cohésion communautaire. Dès lors, l'approche du secours matériel et spirituel nécessite de détailler les structures qui, sur quatre siècles, traduisent l'influence d'une conscience accrue de la dimension sociale de l'Évangile.